L’économie souterraine, un « gisement d’or »

L’économie souterraine, un « gisement d’or »

En Algérie le marché de la drogue rapporte chaque année près de 3 000 milliards de centimes aux trafiquants. Cette économie souterraine fait vivre des milliers de familles et des quartiers entiers. Des fuites d’argent que les services de sécurité arrivent mal à contrôler. Où va l’argent des dealers ?

Au niveau mondial, le marché de la drogue génère entre 300 et 500 milliards de dollars de bénéfice, soit le deuxième marché planétaire après les armes et bien avant le pétrole. Le problème pour les trafiquants c’est d’écouler cette gigantesque manne d’argent, le plus souvent en liquide, et de ne pas se faire repérer. Plusieurs techniques sont donc utilisées pour écouler leur argent.

Pour cela, ils ont inventé toute sorte de stratagèmes astucieux, qu’on appelle le blanchiment d’argent. Ecouler l’argent dans l’immobilier, dans l’achat de voitures de luxe, l’achat ou la location de boutiques, de restaurants et souvent dans les boîtes de nuit et dans les lieux touristiques.

En Algérie, les trafiquants de drogue arrivent très facilement à blanchir leur argent dans l’immobilier, l’achat de véhicules, la location de restaurants et dans les soirées.

Plusieurs cas sont à signaler, comme celui du tristement célèbre baron de la drogue de Saïd Hamdine, appelé « La Mama », dont l’empire financier est blanchi dans l’immobilier, notamment dans l’achat de somptueuses villas à Hydra, quartier chic de l’Algérois.

De luxueux appartements, des véhicules et des villas somptueuses

Blanchir des sommes importantes ne pose guère de soucis pour les trafiquants qui arrivent, souvent, à ouvrir facilement des commerces avec les revenus des ventes de drogues. Des centaines d’enquêtes ont été menées par les services de sécurité, la police et la gendarmerie, concernant ce genre d’affaires.

La guerre déclarée aux barons de la drogue a porté ses fruits durant la période 2012-2015. Une période marquée par l’arrestation de 20 barons notoires dont certains étaient recherchés par les services de sécurité depuis les années 1970.

Parmi ces barons de la drogue figure celui connu sous le sobriquet « La Mama », aujourd’hui âgé de 56 ans, arrêté en novembre 2013 par la brigade de la police judiciaire (PJ) lors d’une opération ayant ciblé une villa à Saïd Hamdine.

Il s’agit du plus grand dealer recherché depuis plus de cinq ans dans le cadre de plusieurs affaires liées, notamment, au trafic de cannabis. Un récidiviste, trafiquant de cannabis, qui a déjà fait de la prison durant les années 1970 et 1980. L’homme a bâti un véritable empire financier durant son triste parcours, arrivant à blanchir son argent sale dans l’immobilier.

Originaire d’Alger, il était très connu des services de police et avait séjourné durant les années 1990 en Europe (où il a également blanchi son argent), avant de décider de retourner au pays pour reprendre du « service ». A Alger, ce grand dealer recrutera des jeunes filles ainsi que son bras droit connu sous le nom de « Baby ».

« La Mama », comme on le surnomme dans le milieu de la drogue, avait recruté des jeunes filles, dont certaines âgées à peine de 18 ans. Il a aussi épousé l’une d’elles. Il a acheté une superbe villa dans un quartier huppé de Saïd-Hamdine, sur les hauteurs d’Alger, afin d’éviter d’être repéré par les policiers, d’autant plus qu’il était recherché dans le cadre de trois mandats d’arrêt.

A ses acolytes, il donnait des instructions pour chaque opération de vente de cannabis. Son épouse, appelée « Soussou », a à maintes reprises participé à la livraison d’importantes quantités de drogue à ses « clients ». L’arrestation des deux narcotrafiquants, qui remonte à 2013, a été exécutée par une centaine d’éléments de police, et ce à Saïd-Hamdine.

Ce jour-là, la « Mama » avait fixé un rendez-vous à son bras droit, Baby, pour lui remettre 30 millions de centimes, une somme qui représente les revenus de la vente de cannabis. C’est à ce moment-là que les éléments de la brigade des stupéfiants sont intervenus, en interpellant les deux dangereux trafiquants de drogue. La perquisition du domicile du baron d’Alger a également permis la récupération de 3,5 kg de cannabis.

Lors de la même perquisition, son épouse Soussou a tenté de jeter la drogue par une fenêtre de la villa, mais c’était compter sans la vigilance des policiers, qui l’interpelleront sur les lieux en flagrant délit.

Le nom de « La Mama » est cité dans l’affaire des 100 kg de drogue acheminés vers Alger en 2008. Il est également derrière l’affaire des 25 kg de cannabis découverts à Belouizdad en 2010, et celle remontant à 2011, lorsque les éléments de la PJ avaient traité une affaire de trafic de 5 kg de résine de cannabis, saisis à Belouizdad.

Les Peugeot 407, les 400 millions et le bel appartement d’Alger-Centre

En juin 2011, les éléments de la Police judiciaire de la division centre de la Sûreté d’Alger ont mené une enquête sur un réseau international de trafic de cannabis et le blanchiment de l’argent des ventes de cette drogue dans l’achat d’immobilier en plein cœur de la capitale.

Au cours de leurs investigations, les policiers avaient suivi, pendant trois mois, les activités de ce réseau international. Le but des enquêteurs était aussi d’arriver à l’identification du principal fournisseur, car c’est à ce niveau-là qu’il faut frapper.

Au bout de trois mois, les enquêteurs de la Division centre de la SWA avaient réussi à mettre la main sur une grosse quantité de cannabis estimée à 140 kg en plein Alger-Centre.

L’opération a été menée vers les coups de 20 h le 7 juin 2011, lorsque les policiers avaient localisé trois véhicules de luxe (achetés avec les revenus des ventes de drogue), conduits par quatre trafiquants.

Suivant l’itinéraire emprunté par les convoyeurs de kif traité, les policiers étaient en contact permanent avec leurs collègues qui se trouvaient, eux, à la salle des opérations au siège de la Sûreté d’Alger. Au bout d’une heure de filature, les trois véhicules se sont arrêtés dans une ruelle à Alger-Centre.

Les occupants se sont ensuite dirigés vers un appartement tout en tenant entre leurs mains des sacs noirs bourrés de cannabis. Après que les quatre trafiquants eurent rejoint l’appartement, les éléments de la police judiciaire avaient donné l’assaut. La récolte était qualifiée de très importante par un commissaire de la Sûreté d’Alger.

En effet, les policiers avaient réussi à saisir 140 kg de drogue, 400 millions de centimes, trois véhicules Peugeot 407 et à arrêter l’ensemble des membres de ce réseau international de trafic de stupéfiants.

Le réseau de Gué de Constantine, la cocaïne, les centaines de millions de centimes et les véhicules touristiques

Cette fois, c’est un réseau de trafic de drogue dure (cocaïne), que la police d’Alger a réussi à localiser dans le cadre d’une enquête menée sur le blanchiment d’argent. Le réseau est composé de trois trafiquants, vendeurs de cocaïne dans l’Algérois. C’est avec les revenus des ventes de drogue que les trafiquants ont acheté quatre véhicules touristiques neufs, des appartements et à réaliser un chiffre d’affaires époustouflant.

Lors de deux opérations distinctes menées il y a trois jours seulement, les forces de police relevant de la Sûreté de wilaya d’Alger ont saisi 491,9 grammes de cocaïne, 200 grammes de cannabis traité et récupéré une importante somme d’argent en monnaie nationale et en devises.

La somme saisie est estimée à 1 203 000 DA, 2 230 euros et 50 dollars américains, représentant les revenus du trafic illicite de ces toxines, en plus de quatre téléphones portables, trois véhicules touristiques et un véhicule utilitaire utilisés dans le transport desdits produits.

La première opération a été rendue possible suite l’interception d’un véhicule touristique suspect par les éléments de la police dans la commune de Gué de Constantine, à bord duquel ils ont saisi 491,1 grammes de drogue dure (cocaïne) et arrêté le conducteur en possession de 140 000 DA, et en vertu d’un mandat délivré par le procureur de la République compétent, les mêmes éléments ont procédé à une perquisition au domicile du mis en cause, qui s’est soldée par la saisie de 200 g de cannabis traité et d’une somme d’argent estimée à 500 000 DA, ainsi que la récupération de deux téléphones portables et deux véhicules dont l’un touristique et l’autre utilitaire.

Durant la deuxième opération, et grâce à leur vigilance, les éléments de la police ont interpellé un individu suspect à bord de son véhicule touristique lors d’une patrouille nocturne effectuée aux environs de la ville de Staoueli, à l’issue de laquelle ils ont saisi 0,8 gramme de cocaïne et des sommes d’argent estimées à 250 000 DA, 2 230 euros et 50 dollars américains.

Poursuivant l’enquête, ces mêmes éléments ont procédé à l’interpellation de son complice à bord d’un autre véhicule touristique, et ont saisi une autre somme d’argent estimée à 313 000 DA ainsi que deux téléphones portables, suite à la perquisition de son domicile. Les personnes arrêtées sont soumises à une enquête ordonnée par le parquet.