La décision d’interdire l’octroi de crédits à la consommation, à l’exception du crédit immobilier, traduit une réaction épidermique face à une menace dont le gouvernement n’avait pas pris la juste mesure avant ce jour.
Résultat des courses : ce sont encore une fois les ménages qui doivent payer les conséquences d’un manque de réactivité et de prospective du gouvernement.
Mais cette mesure suffira-t-elle à immuniser le corps économique du pays ?
Ce n’est pas sûr car elle prive les consommateurs d’accéder à des biens mobiliers, les entreprises d’écouler facilement leurs produits, les banques de faire des profits et donc elle freiner une dynamique économique sans offrir d’alternative.
Si le crédit à la consommation a été l’issue de secours empruntée par les pays développés pour booster leurs machines économiques en encourageant l’achat des produits des entreprises et échapper aux lourdes conséquences de la crise financière, l’Algérie opte pour l’arrêt des crédits à la consommation car la production nationale est pratiquement inexistante.
C’est là un aveu d’échec patent de la part du gouvernement qui n’a pas réussi à monter une machine économique productive.
Pis, depuis l’apparition des prémices de la crise financière mondiale, durant l’été 2008, au lieu de jouer la prudence, l’Algérie a préféré faire miroiter son matelas financier et ses réserves en hydrocarbures comme seules garanties de pérenniser sa santé économique.
Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, jurait par tous les saints que l’Algérie était « à l’abri aujourd’hui, dans 5 ans et dans 10 ans, de la crise financière mondiale ».
Il déchantera vite lors de la présentation de son plan d’action, en reconnaissant « la fragilité de l’économie algérienne » et, aujourd’hui, il multiplie les mesures impopulaires pour tenter de rattraper une réalité qui semble lui avoir échappé.
Au lieu d’agir, le gouvernement se trouve à réagir sans donner de réelles garanties pour une refonte du système économique, sclérosé par sa dépendance de la rente pétrolière qui représente près de 50% du PIB et 98% des recettes d’exportation.
Même le matelas financier de 144 milliards de dollars, sur lequel s’est bâtie la théorie de la bonne santé financière du pays, n’est qu’un fonds de secours qui n’échappe pas à l’épuisement puisqu’il ne participe pas à la création de richesses.
A quoi peut bien servir un fonds financier dont tout le monde loue les mérites mais dont personne ne voit ses réelles vertus sur un terrain où le mot production nationale est carrément banni du lexique ?
Il n’existe aujourd’hui aucune garantie, hormis les recettes vacillantes des hydrocarbures, pour injecter du fuel à l’économie nationale.
Cette dernière ressemble à un long tube digestif qui consomme et ne produit rien.
Un comptoir au service des produits importés dont la facture a atteint la somme astronomique de 37,5 milliards de dollars et dont une large majorité relève du seul secteur privé.
Une armée d’importateurs, composée de 26 000 entreprises, injecte quotidiennement des produits étrangers sur le marché national et n’exporte qu’un insignifiant milliard de dollars de produits hors hydrocarbures.
La facture des importations risque cette année de dépasser les recettes pétrolières qui n’ont enregistré durant le premier semestre 2009 que 19,9 milliards de dollars contre plus de 32 milliards de dollars en 2008 durant la même période.
Un triste constat qui dénude une légèreté dans le diagnostic des retombées de la crise financière mondiale, mais aussi un échec dans le choix des orientations économiques.
Interdire le crédit à la consommation, qui ne représente qu’un marché d’un milliard de dollars, est loin d’être le remède à un système économique sclérosé.
Ce dont le pays a besoin, c’est d’une vraie relance basée sur une économie diversifiée, créatrice de richesses, et une gestion transparente des deniers publics.
A quoi sert de fermer les fenêtres lorsque le virus est dans la demeure ?