Un arrêt de travail est observé depuis vendredi 24 janvier 2014 à l’École internationale Algérienne à Paris. Des problèmes socioprofessionnels, pédagogiques et de gestion sont à l’origine de cette action de protestation selon les enseignants contactés par Algérie1.
Ces derniers imputent toute la responsabilité de cette situation concomitamment à l’ancienne direction et à la nouvelle et dénoncent également la désorganisation née de la gestion de la direction actuelle.
En effet, les enseignants protestataires, une soixantaine, dénoncent “la situation lamentable de l’école, les conditions de travail déjà dégradées qui empirent et le mépris affiché envers les enseignants et les élèves”.
Absence de contrats de travail depuis 13 ans
Les grévistes dénoncent également l’absence de contrats de travail depuis 13 ans, date de la création de l’École, une législation du travail inexistante, le non respect des conditions de travail, des bulletins de paie à minima, des retraites misérables, alors que les promesses d’amélioration de cette situation intolérable ne sont jamais tenues selon nos interlocuteurs.
Ces derniers se disent “guidés par la colère et l’indignation face aux agissements de la nouvelle direction qui va à l’encontre de l’intérêt de l’École Algérienne tels que l’octroi de gros salaires injustifiés à certains agents de l’administration, des recrutements intempestifs, des emplois fictifs, des emplois de complaisance…”
Ils dénoncent aussi les affirmations de la direction qui “prétend que le budget qui lui est alloué ne permet pas d’organiser une sortie pédagogique ou même d’accéder à la photocopieuse pour éviter, soi disant, le gaspillage de papier” et s’indignent que cette même direction ait érigé “un mur sur le site de Boileau en plein milieu du hall pour permettre une gestion à l’abri de tout regard, isolant l’administration des enseignants et des élèves”.
La cour transformée en parking
“Ces derniers sont ainsi contraints par cette administration de passer par le local à poubelles et les issues de secours, contrairement à la réglementation de sécurité, pour accéder aux classes alors que les enseignants sont également priés d’emprunter une autre entrée, quant à la cour destinée aux élèves elle est tout simplement transformée en parking pour le personnel administratif affirment les enseignants.
La colère des grévistes se s’arrête pas aux revendications sociaux professionnelles, puisqu’ils dénoncent “l’absence de cantine pour le lycée, et de toutes commodités dignes d’une école, ce qui oblige les lycéens à errer dans le froid en dehors de l’établissement pour pouvoir manger alors que la cantine du primaire fonctionne dans des conditions lamentables”.
Cet état de fait oblige souvent, par temps très froid, les collégiens à manger en classe, et à la fin du repas ce sont les élèves et les enseignants qui sont contraints de remettre la classe en état, selon les mêmes sources qui indiquent que les élèves de classes terminales sont livrés à eux mêmes pour les inscriptions et les orientations universitaires, car aucune journée d’information n’est organisée pour accompagner les élèves dans leurs démarches, aucune documentation n’est même fournie, ces élèves se retrouvent dans le désarroi total.
L’Administration séquestre le matériel pédagogique
“En amont, les cours de soutien pour tous les niveaux et les tests hebdomadaires pour optimiser la préparation à l’examen du baccalauréat ont été supprimés, révélant une nouvelle fois l’indifférence et le mépris de l’administration quant à la réussite et à l’avenir des élèves” ajoutent t-on. “Pour les matières scientifiques, l’État algérien a mis à la disposition de l’école un budget colossal pour l’équipement pédagogique, or à ce jour les travaux pratiques essentiels à l’enseignement de ces matières ne peuvent pas être mis en place par les enseignants malgré leurs demandes répétées”.
En effet, soutiennent les enseignants grévistes, “les laboratoires servent de simples salles de cours mises à la disposition de toutes les matières, alors que contre toute attente, l’équipement est détenu par l’administration qui ne donne toujours pas son approbation pour la mise en place des séances de travaux pratiques. Les laboratoires de langue et d’informatique, quant à eux, sont également détournés de leurs fonctions initiales”.
Menaces et brimades
Les protestataires affirment mener cette action, après de multiples tentatives de négociation avec l’Administration, guidés par l’indignation et la colère car ils disent subir brimades et menaces de cette Administration qui leur fait rappeler qu’ils ne sont que de simples vacataires, malléables et corvéables depuis 13 ans et que qu’ils peuvent être remerciés à tout moment.
“Nous constatons que des personnes influentes, ministres en exercice ou pas, généraux, hautes personnalités… font placer leurs protégés avec des salaires et avantages conséquents, que nous, noyau de l’école, ne verrons jamais. Nous avons l’impression que cette école est un alibi mis en place pour servir des intérêts personnels, détournant ainsi le rôle de l’école celui de dispenser le savoir et garantir la réussite de nos enfants”.