À quelques jours de la rentrée scolaire, le débat enfle sur la réforme de madame Benghabrit. Dans la réalité, cette réforme n’est que de la poudre aux yeux. En effet, bien que le secteur éducatif soit important, c’est toute l’Algérie qui doit être reformée. Du coup, cette histoire d’introduction de la « darja », une panacée selon certains, n’est qu’une nouvelle diversion maladroite.
En fait, s’il y a un constat que l’opinion admet volontiers, c’est immanquablement l’échec de l’école algérienne. D’ailleurs, comment cela peut-être autrement quand on sait qu’aucun secteur ne marche ? À vrai dire, la gestion de l’école algérienne est à l’image de la gestion des affaires du pays.
Cependant, bien que l’école doive être un sujet de préoccupation permanent, une réformette à la hâte -et qui plus est, sans remettre en cause l’idéologisation de l’école -ne peut sauver le système éducatif. Et ce n’est sans doute pas l’introduction de la « darja » qui va changer quoi que ce soit.
De la même manière, ce n’est pas le retour du soutien critique -une période sombre de l’histoire de l’extrême gauche algérienne- de certains communistes qui va rendre crédible le projet de la ministre de l’Éducation, Nouria Benghabrit. Car, dans le fond, le problème de l’école est avant tout politique.
Alors que dans les pays modernes l’enseignement consiste à transmettre le savoir, en Algérie, les concepteurs des programmes ont pour soucis de satisfaire les dirigeants en vendant leurs pseudos exploits. Il y a quelques années, le coup d’État du 19 juin 1965 était encore célébré en grande pompe. Pire encore, il était une journée fériée.
Ainsi, pendant des décennies, l’école algérienne est uniment prise en otage par des idéologues, et ce, au détriment de la formation de qualité. Évidemment, cette « idéologisation » de l’école à des effets néfastes sur la société de façon générale.
Cependant, s’il y a une catégorie qui ne croit pas à l’école algérienne, c’est bien la classe dirigeante.
Pour étayer cet argument, il suffit de réaliser un sondage pour savoir combien sont les hauts responsables qui scolarisent leurs enfants dans l’école publique, et ce, du primaire à l’université. Le résultat va indubitablement étonner les derniers crédules qui accordent encore leur confiance au régime actuel pour qu’il conduise le pays vers des lendemains enchanteurs.
Cela étant dit, bien que la dérive du système éducatif soit imputable au régime, les Algériens ne sont pas pour autant exempts de reproches. En effet, un peuple qui a démissionné depuis des lustres peut-il bâtir des institutions justes et, par ricochet, une école de savoir ? Il va de soi que par son silence irresponsable, on peut dire que le peuple algérien doit en assumer une partie de cet échec.
Pour conclure, il va de soi que la principale réforme de l’école est celle qui consiste à l’extirper de l’influence politique. En d’autres termes, les concepteurs des programmes ne doivent pas être soumis à une tutelle politique. Cela dit, l’acharnement des conservateurs -force est de reconnaître qu’ils ne se battent pas pour les mêmes objectifs- révèle la complexité de la tâche. Pour y arriver, il faudrait que l’intérêt général prime sur l’intérêt individuel ou sur celui du groupe.