L’édition d’Alger pourrait constituer le premier acte d’une nouvelle vision qui regrouperait consommateurs et producteurs autour d’intérêts communs.
Le top départ de la XVe édition du Forum international de l’énergie (IFE) sera donné demain dans le tout nouveau Centre international des conférences d’Alger. La rencontre capte l’intérêt de tous les acteurs du secteur des hydrocarbures. Producteurs comme consommateurs se sentent concernés par cette réunion qui intervient deux ans après celle organisée à Moscou. Il faut savoir que durant ce laps de temps, les prix du pétrole ne cessent de baisser, faisant courir au marché le risque d’un désinvestissement massif, donc une raréfaction du produit.
L’équation est on ne peut plus claire, mais sa solution reste encore énigmatique, même si l’approche algérienne qui consiste à trouver le juste milieu entre les intérêts des producteurs et ceux des consommateurs, semble gagner en popularité. L’on comprend donc l’engouement de l’ensemble des participants à cette IFE. Il faut dire qu’à aucun moment du fameux dialogue producteurs-consommateurs, la situation n’est aussi propice qu’à l’occasion du Forum d’Alger. Engagé en 1991, dans la foulée de première guerre du Golfe, le dialogue qui s’est amorcé à Paris. A cette époque, l’inquiétude était exprimée par les consommateurs. Celle-ci a laissé place à une sorte d’euphorie avec la plongée des cours durant les années 1990.
Une hausse des prix constatée avec l’entame du troisième millénaire a «réveillé» l’IFE qui a connu sa première structuration en 2002 à Kyoto. Huit années plus tard, le Forum s’est doté d’une charte et d’un organe décisionnel, qui est la réunion ministérielle, en sus d’un Conseil exécutif et d’un secrétariat.
Cette organisation a donc connu des phases de maturation, mais a été un observateur quelque peu passif du marché pétrolier international. La progression des cours durant toute la première décennie 2000, le choc et le contre-choc de 2008 et l’entrée massive du pétrole et gaz de schiste sur le marché ont considérablement impacté l’économie mondiale sans que l’IFE n’y trouve sa place dans l’échiquier énergétique, bien que regroupant l’ensemble des acteurs.
L’édition d’Alger et surtout le volontarisme affiché par l’Algérie de faire jouer un rôle actif au Forum pourrait constituer le premier acte d’une nouvelle vision qui regrouperait consommateurs et producteurs autour d’intérêts communs.
Si le Forum international de l’énergie a une mission cardinale, ce serait justement celle d’imposer un nouveau cadre qui transcende l’Opep et réduit l’individualisme de certaines grosses compagnies pétrolières, pour qui le profit est la seule religion. Il est totalement exclu de voir une réelle volonté internationale émerger à la rencontre d’Alger, mais il est très envisageable, par contre, d’espérer une prise de conscience au niveau ministériel sur la nécessité de considérer les hydrocarbures pour ce qu’ils sont, à savoir un produit stratégique qui peut participer au développement de l’humanité, loin de l’antagonisme entre producteurs et consommateurs.
Cette approche qui anime la diplomatie algérienne sera peut-être plantée lors de cette XVe édition de l’IFE qui intervient dans un contexte de crise, obligeant beaucoup de pays producteurs de pétrole à surseoir à des opérations de prospections. Mais cette attitude n’est pas celle de l’Algérie qui a décidé d’augmenter ses investissements dans les segments de l’exploration et de l’exploitation des gisements, du raffinage, de la liquéfaction et du transport par canalisation. La marge de progression du secteur pétrolier national est assez importante et le besoin d’un prix d’équilibre supérieur à 50 DA le baril est une donne nécessaire pour garantir une progression harmonieuse des capacités de production. Ce niveau de prix-plancher arrange les pays producteurs, sans gêner les consommateurs. C’est en fait, cela le compromis que l’IFE peut éventuellement parrainer, à condition que l’Opep mette de l’ordre dans sa maison.
Aussi, la réunion informelle de l’Opep à l’issue du Forum d’Alger trouve toute sa justification. Le «Deux en un» que l’Algérie semble vouloir réussir est-il à sa portée? «L’Algérie est un pays conciliateur reconnu pour ses qualités de dialogue et qui a l’avantage d’être en très bonne relation avec l’ensemble des membres de l’Opep», répond le ministre de l’Energie, Nourredine Bouterfa.
2000 policiers pour sécuriser la réunion
Le Forum mondial de l’énergie se tiendra les 27 et 28 septembre à Alger sous haute surveillance policière. Plus de 2 000 policiers seront déployés à Alger pour sécuriser cette rencontre, a annoncé hier, la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) dans un communiqué.«Plus de 2 000 policiers de différents grades veilleront à assurer la sécurité et le calme ainsi que la fluidité de la circulation automobile, jour et nuit, pour garantir le succès de cet important rendez-vous mondial», explique la Dgsn dans un communiqué. Les policiers seront déployés à partir du mardi 26 septembre à l’aéroport d’Alger pour accueillir les participants, autour du Palais international des congrès à Club des Pins et dans les principales artères de la capitale, selon la même source. Outre les policiers, la Dgsn affirme avoir mobilisé des moyens techniques modernes pour sécuriser les travaux de ce Forum en marge duquel une réunion informelle de l’Opep aura lieu. Selon la Dgsn, 72 pays prendront part au Forum mondial de l’énergie.