Ces émeutes ont-elles un précédent ?
Le Xinjiang est une véritable colonie. Ce n’est pas pour rien que son nom signifie « la nouvelle frontière ».
Tout au long d’une histoire très complexe, les empereurs chinois ont cherché à maîtriser cette province.
Depuis la naissance de la République populaire de Chine en 1949, les troubles n’ont jamais cessé.
Il existe une véritable détestation entre les Hans et les Ouïghours.
Jusqu’à la fin des années 80, les troupes chinoises n’hésitaient pas à riposter au canon où à arroser des foules entières au jet d’eau par -10°C.
Et depuis les attentats du 11 septembre, le gouvernement y mène une répression sauvage sous le pavillon de la lutte contre le terrorisme.
Peut-on dresser un parallèle avec les troubles qui ont secoué le Tibet en 2008 ?
La situation est similaire dans le sens où il s’agit d’une insurrection au retentissement extérieur.
Là où le Tibet avait une résonance au sein de la communauté internationale, le Xinjiang [province à majorité musulmane, ndlr] trouve son écho dans le monde musulman.
Comme à Lhassa, les émeutes d’Urumqi ont une allure ethnique, et la répression y est sauvage.
Et quelles sont les différences ?
Selon les premières informations dont nous disposons, le mouvement au Xinjiang semble plus spontané qu’organisé.
Ensuite, les Ouïghours sont une ethnie extrêmement vigoureuse, solidement organisée en tribus.
Ce sont des bagarreurs. Mais surtout, contrairement aux Tibétains, dont l’organisation ressemble plus au Nom de la Rose, ils possèdent des élites, notamment économiques.
Cela rend le contexte beaucoup plus dangereux pour le pouvoir central.
Justement, quelle position risque d’adopter le régime ?
Je suis intimement persuadé que les dirigeants du Parti trouvent leur compte dans cette agitation.
Avec un communisme en perte de vitesse, le nationalisme est un argument fédérateur.
Ainsi, ils n’auront aucun mal à justifier la fermeture des frontières, le blackout médiatique et la sauvagerie à bureaux fermés qui attend la communauté ouïghoure.