Le wikileaks algérien arrêté par les cyber-gendarmes

Le wikileaks algérien arrêté par les cyber-gendarmes

Les gendarmes de la section de recherches en criminologie de Guelma ont traité, pour la première fois en Algérie, une affaire de crime électronique, pour laquelle un professeur à l’université du 8-Mai 1945 de Guelma, le docteur H. M. en l’occurrence, âgé de 45 ans, a été arrêté.

Ce dernier est considéré comme étant un véritable wilkileaks, du fait d’avoir pu pirater plusieurs mails de chercheurs algériens et étrangers faisant partie du Laboratoire des sciences et technologies de l’information et de la communication de Guelma, recueillant des données qualifiées d’extrêmement confidentielles (télésurveillance et cryptographie) et dont l’accès est strictement réservé à de hauts responsables civils et militaires de l’Etat algérien.

Dans une conférence de presse animée ce vendredi au siège du groupement de la gendarmerie nationale de Guelma, son commandant, le colonel Guena Benaouda, a expliqué comment les cybers-gendarmes ont réussi identifier et arrêter le professeur H. M., auteur de plusieurs piratages des adresses électroniques de ses collègues et qui a pu, aussi, détourné des recherches confidentielles sur la télésurveillance et la cryptographie faites par ces derniers. Notre wikileaks a été interpellé et présenté jeudi dernier devant la justice pour piratage d’adresses électroniques de plusieurs chercheurs algériens (une quarantaine) et étrangers et d’étudiants de cette université, ainsi que de droits de propriété.

Il a pu, en quelques mois seulement, chambouler les cartes des chercheurs algériens du Laboratoire des sciences et technologies de l’information et de la communication de l’université de Guelma, en parvenant à craquer des données classées confidentielles et très utilisées exclusivement par l’Etat algérien, dont les services du ministère de la Défense. Plusieurs rapports et recherches faites par les chercheurs algériens ainsi que par un chercheur marocain ont été détournés par le docteur H.M, et ce par acte de vengeance, comme cela a été révélé par lui-même.

Ce dernier, lors de son interrogatoire, a fini par avouer aux enquêteurs de la cybergendarmerie que ses agissements étaient une vengeance contre ses collègues à qui ils reprochent de l’avoir maltraité durant son séjour professionnel qu’il a passé avec eux. Cette affaire a été traitée par les gendarmes spécialisés dans la cybercriminalité, suite à une plainte déposée le 9 novembre 2012 par le professeur S. H., l’une des victimes, qui préside ledit laboratoire.

Un laboratoire qui regroupe quelque 44 chercheurs algériens de renom. Le professeur S. H. a été victime d’un piratage de son adresse électronique, sur la quelle l’auteur des faits, le professeur H. M. en l’occurrence, a diffusé des messages mensongers, sous le nom même du professeur S. H., tout en utilisant des données secrètes stockées dans sa boîte électronique. Suite à cette plainte, l’enquête a été confiée aux cyber-gendarmes de la section de recherches, formés dans ce genre d’investigations entrant dans le cadre de la cybercrimlinalité. C’est à partir de là que le fil de l’histoire a été remonté, et ce après trois mois d’enquête.

Tout a commencé le 29 juillet 2012 vers 17h40, lorsque le professeur «hacker», H. M, pirate la boîte électronique de sa première victime, le professeur S. H. Ce jour-là, le professeur H. M avait envoyé plusieurs messages électroniques à plus de 250 amis du professeur S. H. (chercheurs algériens, étrangers et étudiants), dans lesquels ils les informaient qu’un nouveau laboratoire des technologies de l’information et de la communication avait ouvert ses portes à l’université de Guelma, alors que le labo en question existait bel et bien avant, ayant été créé en 2010. C’était là le premier d’intimidation du professeur H. M envers son collègue. Le même jour, le même professeur H. M avait créé une autre boîte électronique, et ce en utilisant un nouveau nom, dans laquelle il informait ses collègues chercheurs qu’il venait de recevoir un message électronique de la part du professeur S. H lui indiquant qu’un nouveau laboratoire avait été créé à l’université de Guelma.

Tout est calculé par H. M qui, non seulement avait tenté par son jeu malicieux de faire croire à ses collègues qu’il venait de recevoir un message électronique, tout comme eux, de la part du professeur S. H. Son but était surtout d’éloigner tout soupçon sur lui et, par la même occasion, saboter sa victime. Son plan diabolique avait réussi puisque la réaction des chercheurs algériens envers le professeur S. H. n’allait pas tarder. Cela dit, les chercheurs algériens qui faisaient partie du laboratoire ont demandé des explications à leur président (le professeur S. H), suite aux messages diffusés à partir de son adresse électronique, ce qui a suscité l’incompréhension de ce dernier.

Quelques jours après ce premier acte de piratage, le 6 août 2012 plus exactement, le professeur S. H. ouvre sa boîte électronique et découvre un message envoyé par une chercheuse marocaine, dans lequel elle accuse le professeur d’avoir détourné ses recherches, alors que le vrai saboteur était le professeur H. M. qui avait auparavant craqué le mail de cette chercheuse et détourné ses recherches sous le nom du professeur S. H. Les agissements du professeur H. M. ne se sont pas arrêtés là, puisque au fil des semaines, il rééditera ses coups en ciblant d’autres chercheurs et étudiants algériens, en arrivant surtout à obtenir des données secrètes. Ce qui a poussé le laboratoire de l’université de Guelma à arrêter ses recherches, voilà déjà plus d’un an déjà. Cette situation a même conduit l’université Mohamed IV à déposer une plainte contre le professeur S. H. pour détournement de rapports et recherches effectués par la chercheuse marocaine.

Trois adresses IP ont conduit à l’arrestation du professeur

Au début de leurs investigations, les cyber-gendarmes n’avaient aucune piste pouvant les mener à l’identification de ce hacker. Toutefois, l’intelligence et le grand travail des éléments de la section de recherches ont fini par les conduire à l’auteur des faits. Comment ? Durant leurs investigations, qui ont duré trois mois, les enquêteurs ont réussi à décoder les boîtes électroniques utilisées par le professeur H. M., parvenant alors à localiser quatre lieux d’où le professeur avait l’habitude d’utiliser des PC pour diffuser des messages électroniques après avoir craqué plusieurs adresses électroniques appartenant à ses victimes. Alger, Taher, Constantine et Guelma sont des villes où le professeur se déplaçait pour diffuser autant de messages avec les boîtes électroniques de ses victimes.

Aussi, l’enquête des gendarmes a pu dévoiler trois adresses IP de PC que le hacker utilisait pour passer à ses actes diaboliques. S‘appuyant sur l’aide d’Algérie Télécom, mais aussi des gendarmes de l’Institut de criminalité, sise à Alger et de celle de l’Institut national de criminologie et criminalistique (Alger), les gendarmes ont pu localiser le lieu d’où il intervenait. Il s’agissait d’une villa sise à Guelma et qui n’était que celle du professeur et ses collègues chercheurs de l’université du 8-Mai 1945. C’est ici qu’il sera d’ailleurs arrêté.

Le professeur hacker «craque» à la 8e question des enquêteurs

Après avoir arrêté l’auteur du piratage des boîtes électroniques, les gendarmes l’ont soumis à un interrogatoire. 51 questions au professeur auteur de cette affaire avait été préparées, et c’est dès la huitième d’entre elles que ce dernier finira par craquer et avouer son acte, explique un des enquêteurs chargés de suivre cette affaire. Le professeur H. M est connu dans le milieu universitaire pour son comportement plutôt bizarre et pour ses problèmes avec ses collègues et le recteur de l’université de Guelma.

D’ailleurs, il avait été, un jour, sur le point d’être licencié à cause de son comportement hostile, n’était l’intervention de quelques-uns de ses collègues, à leur tête le professeur S. H. qui avait sauvé la carrière professionnelle de H. M. Et au lieu de lui être reconnaissant, le professeur H. M. s’est malheureusement mal comporté avec lui, avec, comme à son habitude, un état d’esprit empreint de haine.