Profitant de la cérémonie d’installation du nouveau chef de daïra de Constantine, le wali, Hocine Ouaddah, n’a pas manqué de tirer à boulets rouges sur les élus de la cité des ponts.
Crise financière se profilant oblige le premier responsable de la wilaya rappelle à l’ordre les élus du peuple, garants en principe des biens de la collectivité.
Dotée de mannes financières conséquentes de près de 7 milliards de dinars, l’APC n’arrive toujours pas à mettre à profit ces avantages, cela en sus des dividendes tirés des loyers des biens municipaux également destinés à alimenter les caisses communales.
Accusés de laxisme, les élus, et à leur tête le président de l’APC, ont été sommés par le chef de l’exécutif de mettre de l’ordre dans la maison.
Près de 3 200 biens recensés appartenant à la commune et dont le montant des bénéfices devant être tirés des loyers est estimé à 15 milliards.
Un chiffre loin d’être atteint puisque, selon le wali, seuls 2.8 milliards sont recouvrés annuellement par les services concernés, soit un manque à gagner de près de 14 milliards sur une période de dix ans. « Une somme qui pourrait faire de Constantine une des plus belles villes du monde », a dit solennellement le wali.
Au moment où beaucoup reste à faire : des routes à retaper, un éclairage à parfaire ou encore une gestion des déchets ménagers à revoir. Une situation que le wali impute au laisser-aller des membres de l’assemblée, dont la majorité sont en vadrouille s’ils ne sont pas carrément absents.
Il citera à titre d’exemple, au cours de sa déclaration devant les représentants de la presse locale et nationale, le cas de dizaines de fonctionnaires absents à longueur d’année et qui se permettent de percevoir leurs salaires. « Sur les 4 000 travailleurs répertoriés, beaucoup désertent leur poste », s’est-il offusqué.
Sur ce point précis, il sommera les élus de mettre de l’ordre avant la fin de l’année.
« Vous avez jusqu’à la fin de l’année pour assainir la situation et que celui qui ne veut pas travailler reste chez lui », dira-t-il, avant d’ajouter que « ceux dont le fait sera prouvé seront appelés à rembourser tout l’argent qu’ils ont illégalement perçu.
Laissant entendre que des mesures disciplinaires et même judiciaires seront engagées contre les fauteurs.
Relations wali-P/APC, la quadrature du cercle
Depuis quelque temps déjà, la complexité des rapports entre le chef de l’exécutif de la capitale de l’Est et l’édile de la troisième commune du pays ne semble point trouver de salut. Le wali de Constantine, furieux déjà contre les pratiques du président de l’APC accusé à maintes reprises de mauvaise gestion ou encore de passe-droit, est donc encore une fois monté au créneau pour vilipender le maire et ses co-élus.
A noter que malgré de multiples rappels à l’ordre sous peine de passer à l’acte, les directives du wali de Constantine en sont, à ce jour, restées au stade verbal. Le feuilleton entre les deux responsables est né à la suite de la révélation d’une affaire liée à l’octroi par le maire, contre l’avis des services techniques, d’une autorisation de construction sur une parcelle de terrain située sur une zone placée en zone rouge, inconstructible en raison de son terrain glissant.
Le chef de l’exécutif et même tout Constantine ayant eu vent que l’entreprise devant réaliser le projet sur ce terrain qui consiste en la construction de 32 villas était la propriété de celui qui fut « l’architecte » de la désignation de l’actuel maire à la tête d’une des plus compliquées villes du pays, celui qui en l’occurrence était naguère le premier et seul responsable du parti FLN à Constantine au moment du scrutin des municipales en novembre 2012, le mouhafedh de Constantine Driss Maghraoui.
Le second couac entre les deux hommes naîtra à la suite d’une accusation émanant d’un groupe d’élus et dont certains sont de même obédience que le maire.
Les contestataires accuseront, dans un rapport envoyé au wali, le président de l’assemblée de complicité et de laisser-aller dans la prolifération de constructions illicites au moment où l’Etat n’avait cessé d’afficher sa détermination à éradiquer l’habitat précaire.
Un rapport auquel le wali n’a pas tardé à réagir, accusant directement le P/APC Seifeddine Raihani d’avoir failli à ses missions. La troisième conflit entre les deux responsables fut étalé au mois d’avril à quelques jours de l’ouverture cérémonial de l’année culturelle arabe abritée par la cité du Rocher.
Aux accusations du wali le désignant comme principal responsable du retard pris dans la réalisation et la livraison de certains projets inhérents à l’événement, le maire n’hésita guère à répondre au commis de l’Etat via les colonnes d’un journal local. Raihani se défendit alors et alla jusqu’à défier le chef de l’exécutif de porter ses accusations devant les juridictions compétentes. Avant que ne vienne envenimer davantage les rapports entre les deux hommes, au mois d’août dernier, une affaire de subvention qui fit aussi tache d’huile et défraya la chronique.
Ouaddah avait qualifié d’illégal l’octroi par la commune d’une subvention de 20 milliards à des associations sportives et culturelles. Cette affaire n’a toujours pas connu son épilogue. Une multitude de griefs retenus contre le jeune édile de la vieille cité. Un édile qui, malgré un laxisme apparent et des critiques fusant de partout, continue de faire de la résistance.
Toujours est-il que, et ce n’est désormais un secret pour personne, de l’avis de Constantinois, jamais la troisième municipalité du pays n’a été aussi « mal gérée ».