La visite d’Abdelkader Zoukh dans la plus grande circonscription administrative de la capitale, en l’occurrence Dar El-Beïda, a été ponctuée par des contestations populaires mettant à l’index des élus défaillants. C’était notamment le cas dans la commune de Bordj El-Bahri où des dizaines de citoyens réclamaient le départ du maire qui serait poursuivi en justice. Un des contestataires que le wali a invité à s’approcher de lui a “exigé” l’application de la loi à ce sujet.
Ce à quoi le commis de l’État a répondu que si tel était le cas, il n’y a qu’à laisser la justice suivre son cours. La réponse n’étant pas du goût de la foule, un mouvement impétueux à failli faire déborder les choses. Les services chargés de la sécurité du wali et de la délégation qui l’accompagnait ont fini par maîtriser intelligemment la situation.
Le cas s’est répété à Bordj El-Kiffan et à Bab-Ezzouar où les citoyens dénonçaient la mauvaise gestion qui caractérise leurs communes respectives. Le logement en premier lieu, suivi du chômage, du manque d’infrastructures de proximité comme les marchés, les écoles, les centres de soins, les salles de sport sont les revendications de ces centaines de citoyens attendant devant les mairies l’arrivée du wali. Ce dernier ne fait que, à travers ses sorties dans les communes d’Alger, conclure au même constat : pourquoi tant de protestation si les communes étaient mieux gérées ? Il n’est d’ailleurs pas le seul à faire ce constat. La même remarque est exprimée dans chaque commune où il passe : “Prenez vos responsabilités, soyez à la hauteur de la mission qui vous est confiée.” Le rôle de pompier que joue Abdelkader Zoukh n’est pas de tout repos devant cette protesta. “Nous essayons, pour notre part, de trouver des solutions dans le calme. Et même si la situation est difficile, elle n’est pas désespérée. Chaque problème à sa solution, mais il faut travailler dans le calme et la sérénité, sans lesquels on ne pourra pas obtenir les résultats voulus. Dans ce cadre, la violence et l’anarchie ne sont pas faites pour faciliter les choses, et sachez à cet effet que nous ne souhaitons jamais user de la force publique contre nos enfants. Mais attention aux dérapages non contrôlés. La porte ouverte du dialogue ne veut pas dire non-application de la loi. Que chacun assume ses responsabilités”, a lancé le wali lors de la rencontre traditionnelle avec les élus. Excédé par ce qu’il venait de voir à, notamment, Bordj El-Bahri et Bordj El-Kiffan, le premier responsable de la wilaya à tancé les maires : “C’est votre rôle de sensibiliser les citoyens qui tentent de recourir à la violence pour exprimer leurs doléances. Je suis là et je le serai toujours pour écouter les préoccupations de la population, mais, que cela se fasse dans le calme.” Il est vrai que la capitale, vitrine du pays, mérite un meilleur sort que celui qu’elle connaît.
Dar El-Beïda avec ses sept communes, la plus importante circonscription administrative d’Alger, tant en habitants qu’en superficie, se trouve confrontée à des problèmes dont certains lui sont spécifiques. On le verra dans les différents exposés des P/APC lors de la rencontre du wali avec les élus à Dar El-Imam dans la commune de Mohammadia. Un exemple à suivre en matière d’hygiène, mais également commune-pilote au plan modernisation de son administration.
Ironie du sort, le maire explique que si la commune est relativement propre, cela est beaucoup plus dû à la volonté de la municipalité et non à celle de Netcom “qui ne joue pas son rôle”. Toutefois, rien ne va plus au sein de l’Assemblée communale. L’on s’achemine vers un retrait de confiance, et des indiscrétions accusent l’ancien P/APC d’être à la tête de ce mouvement. Le maire de Dar El-Beïda a évoqué l’un des gros problèmes que vit sa commune, à savoir la présence de 1 300 baraques à El-Hamiz et le cas des familles résidant sur le périmètre de sécurité de l’aéroport Houari-Boumediene, et dont certaines d’entre elles ont des actes de propriété alors que d’autres n’ont que des décisions. Le P/APC d’Aïn Taya a soulevé le problème du manque de développement de sa commune à vocation touristique possédant deux ZET. Le même souhait est exprimé par son collègue de la commune d’El-Marsa. Apostrophant le maire de Bordj El-Bahri sur la question relative à la construction d’un lycée qui manque à cette commune et dont le terrain est aujourd’hui occupé par un bidonville, le wali a demandé à l’élu de “raisonner les habitants et de leur expliquer qu’il s’agit d’un projet d’utilité publique pour éviter le recours à la force publique”. Le maire de Bordj El-Kiffan a, lui, évoqué la question d’un éventuel découpage territorial d’une commune comptant la plus grande population de toute la wilaya (près de 160 000 habitants sur 27 km2).
La gestion de cette mégacommune rencontre, en effet, beaucoup de difficultés. Avec une population avoisinant celle d’une daïra, la localité ne dispose même pas d’un hôpital. À Bab-Ezzouar, le premier magistrat a soulevé le problème des marchés de proximité, notamment Dubaï qui est fermé et pour lequel le Premier ministre a ordonné l’indemnisation, en juillet dernier, des vendeurs informels. La commune demande d’accélérer la procédure du choix du terrain pour créer un marché de proximité.
À ces élus, le wali a rappelé de veiller, notamment, à l’hygiène de leurs communes par la création “de régies de propreté”, non sans faire noter “que vous manquez d’organisation”. Et de conclure que “le maire ou le wali délégué qui n’adhère pas à cette politique est considéré comme complice”.
A F