Le wali d’alger instruit les municipalités sur les concessions du littoral de la capitale, Mettre fin au squat des plages

Le wali d’alger instruit les municipalités sur les concessions du littoral de la capitale, Mettre fin au squat des plages

139500.jpgLes concessions des plages et toutes formes d’appropriation des espaces sont interdites. La location du matériel de plage (parasols, chaises, transats, etc.) est autorisée dans la limite du respect des règles retenues dans ce cadre.

Les citoyens ne doivent pas céder devant l’intimidation de ceux qui usent parfois de moyens forts pour s’imposer. Il y a lieu de faire appel aux forces de l’ordre. Les P/APC, pour leur part, sont tenus de faire respecter ces règles par tous les moyens légaux.

Ces quelques instructions contenues dans l’arrêté du wali d’Alger sur l’ouverture de la saison estivale 2009 sont toujours de rigueur. Reconduites, ces dernières sont même plus drastiques dans le sens où les élus locaux sont directement impliqués dans leur application. Il faut dire que le phénomène du squat et de l’accaparement des plages durant la saison estivale ne date pas d’hier.

Et si la wilaya a pris à bras-le-corps la mission d’en finir avec une telle situation anarchique, c’est que les choses ont pris une proportion alarmante où le citoyen se voit imposer un diktat par des pseudos concessionnaires, dont il faut dire qu’en plus de racketter ce dernier, ils enlaidissent les plages avec leurs matériels encombrants. De lieux de détente, ces espaces soigneusement nettoyés et préparés pour recevoir dans des conditions convenables les centaines de milliers d’estivants, prennent, à peine quelques jours après l’ouverture de la saison, un aspect hideux.

Il est désolant, en effet, de constater que des estivants harcelés par des squatters n’ont d’autre solution que de recourir à la location forcée de tables et de chaises dont ils se dispenseraient en d’autres circonstances. Pourtant la préparation de la saison estivale, contrairement à ce que pensent certains, ne se limite pas à quelques semaines de nettoiement des plages et de badigeonnage des petites infrastructures servant à la surveillance des baigneurs. La réalité est tout autre.

La mission de l’Agence pour la promotion et la protection du littoral (APPL) s’étale sur toute l’année. S’étendant sur une distance de 97,5 km de l’oued Mazafran à l’Ouest à l’oued Réghaïa à l’Est, le littoral algérois est composé de grandes plages situées à Zéralda, Staouéli, Bordj El-Kiffan, Aïn Taya, Harraoua, Réghaïa et de moyennes et petites plages ainsi que de criques. Il compte environ 83 plages dont 57 sont autorisées cette année à la baignade, soit trois de plus qu’en 2009.

Il faut savoir, dans ce sens, qu’avant d’arrêter la liste des plages à mettre à la disposition du public et celles à interdire, la wilaya fait procéder d’une manière contradictoire à des analyses des eaux de baignade à l’Institut Pasteur pour les prélèvements effectués par l’APPL et l’établissement chargé de l’hygiène urbaine (Hurbal) pour ceux acheminés par les bureaux communaux d’hygiène.

À ce titre, plus de 550 échantillons répartis en quatre campagnes ont subi des analyses bactériologiques à ce jour par l’Institut Pasteur pour le compte de l’APPL. De plus, cette dernière prend en charge pour le compte de la wilaya, le contrôle régulier de la qualité des eaux de 15 piscines ouvertes au public par le biais d’analyses bactériologiques hebdomadaires auprès de l’Institut Pasteur. L’APPL possède une banque de données relatives à la qualité bactériologique et physico-chimique des eaux de baignade de toutes les plages de la wilaya sur la période de 1999 à 2010.

Cet établissement a en charge d’autres missions axées autour de l’identification et le suivi des sources de pollution ainsi que la surveillance de la qualité du milieu marin côtier. Pour cela, il y a mise en place et actualisation périodique d’une banque de données relatives au rejet des unités industrielles de la wilaya, appuyées par des visites sur sites. À ce jour, près de 900 unités ont été visitées ayant conduit à plus de 1 000 questionnaires dont les données sont enregistrées dans la banque en question. De même que des analyses sont effectuées tous les quatre ans concernant la pollution par les métaux lourds, les hydrocarbures et les organochlorés avec la collaboration de l’Ismal.

Ces analyses portent sur les 17 stations réparties sur tout le littoral, avec 2 à 3 points de prélèvement par station. En plus du suivi de la qualité bactériologique des eaux de baignade, l’APPL a mis en place depuis 2006 quatre réseaux de surveillance environnementaux et un Système d’information géographique (SIG). L’érosion côtière : le réseau couvre l’ensemble des plages sableuses de la wilaya d’Alger et permet de donner le niveau précis du recul des plages depuis 1956, le suivi du phénomène de phytoplancton toxique ou eaux colorées au niveau des stations représentatives de la wilaya. Il faut savoir à ce sujet que ce phénomène est cycliquement observé ces dernières années sur le littoral algérois, particulièrement dans la partie est de la wilaya. Cette surveillance est très importante pour la consommation des produits de la mer.

Le troisième réseau concerne l’évaluation de la pollution marine et son suivi par l’utilisation d’indicateurs de pollution appelés biomarqueurs, et enfin le quatrième réseau de suivi des herbiers de posidonie indispensables à l’activité biologique et au maintien des stocks de poissons de la wilaya. Pour ce qui est du SIG, ce système mis en place depuis trois ans permet de disposer de l’information cartographique concernant les occupations et les usages qui sont faits de la zone côtière. Cet instrument permet le suivi, l’évolution et la planification de cette zone sensible et fragile.

Les pollueurs : la sonnette d’alarme

Pour la saison 2010, la wilaya met à la disposition du public 57 plages, soit trois de plus par rapport à l’année dernière. Elles sont situées à Aïn Benian et Raïs Hamidou. Cependant, comme le font remarquer nos interlocuteurs, les efforts entrepris par les différents services de la wilaya risquent de s’avérer vains devant l’obstination de ceux qui sont souvent à l’origine de pollution de ces lieux de détente pour les Algérois et Dieu sait combien il en manque dans la capitale.

Nous avons pu constater au cours de notre visite que certaines plages bien qu’ayant bénéficié d’une soigneuse toilette seront boudées par les amateurs de la grande bleue. La cause trouve malheureusement son origine du fait d’une pollution manifeste tel le cas de la plage La Fayette à Hammamet dans laquelle sont déversés les rejets de l’hôpital Baïnem. Une catastrophe écologique est en train de se produire à cet endroit habité par plusieurs familles. Des associations n’ont pas manqué de tirer la sonnette d’alarme sur cette situation impliquant un établissement hospitalier de surcroît.

La section environnement de la Gendarmerie nationale avait, de son côté, alerté les autorités locales sur la question appuyant leur préoccupation par des analyses avérées plus qu’inquiétantes. Et la question qui reste posée est de savoir si les responsables du secteur concerné ont-ils pris réelle conscience de la gravité du sujet ? En attendant une réaction, les résidents eux n’ont qu’à subir les conséquences. Et il peut arriver aussi que la source de pollution provienne des citoyens comme c’est le cas des plages Deux-Chameaux, Coco-Plage ou encore à la plage Belvédère où les habitants des lieux ont carrément fermé l’accès de cette petite baie par toutes sortes d’obstacles y compris par des montagnes de détritus et immondices abritant une espèce de rats devant laquelle chiens et chats ont fini par leur céder le terrain.

Il y a lieu de savoir enfin que cette année, 26 plages sont interdites à la baignade et dont les causes sont dues à la pollution (Champ de tir de Zéralda, El-Bahdja et l’Ilot à Aïn Benian, La Fayette et Campino à Hammamet, Club nautique et Rascasse à Raïs Hamidou, Deux-Chameaux et L’Olivier à Bologhine, Kaâ Sour à La Casbah, Sablettes à Belouizdad, Piquet-Blanc à Hussein-Dey, Lido à Mohammadia, Stamboul à Bordj El-Kiffan et Coco-Plage à Bordj El-Bahri), à la dangerosité, avec des rochers à fleur d’eau (Sidi Fredj-Ouest, La Fontaine, Petit Bassin, Les Ondines, Sidi El-Hadj, El-Marsa-Centre), à des travaux (Les Dunes à Chéraga, Tamaris et Kef Aïn Taya), absence d’accès (La Crique à Raïs Hamidou, Zarzouria et Suffren, Mazela et Pins-Maritimes à Mohammadia).

Noctiluca scintillans : la situation est maitrisée

Dans le cadre de la préparation de la saison estivale 2010, l’APPL a effectué jusqu’au mois de mai dernier huit campagnes de prélèvements bactériologiques au niveau des 83 plages, autorisées et interdites de la wilaya d’Alger. À ce jour, 786 échantillons prélevés ont été analysés et dont les résultats ont été communiqués aux services compétents de la wilaya et des collectivités locales. Selon l’APPL, cette dernière a mobilisé cette année plus de 600 agents de nettoiement des plages et mis en service pour la première fois des cribleuses de sable. Pour ce qui de la nature de la qualité de l’eau de mer, le DG de l’APPL, Saïd Kochaïda rassure que “depuis l’apparition en juillet 2009 des intoxications respiratoires causées par le micro-algue appelé Ostréopsis Sp, l’APPL a intégré dans son programme de contrôle et suivi de la qualité des eaux de baignade, un réseau de surveillance du phytoplancton toxique afin d’acquérir la connaissance de la distribution spatio-temporelle des différentes espèces phytoplanctoniques des eaux côtières, susceptibles d’affecter la faune marine et la santé humaine”.

Pour cela 15 stations ont été choisies. Le phénomène des eaux colorées est cycliquement observé ces dernières années sur le littoral algérois. Ils produisent des effets nocifs tant sur le plan écologique (mortalité des animaux marins, mollusques, poissons) que sur la santé publique, les pêcheries ou le tourisme. Certaines espèces du phytoplancton marin produisent des biotoxines préjudiciables pour la faune et l’homme à travers la chaîne alimentaire et les aérosols marins. D’autres espèces sont capables d’atteindre un nombre élevé de cellules par litre, colorer l’eau et causer de préjudices à la faune locale. Ce phénomène a été observé en janvier 2010 au niveau des plages El-Kettani, Deux-Chameaux et Thalassothérapie et durant le mois de mars au niveau de la plage Tamenfoust-Est. Les résultats montrent que c’est Noctiluca Scintillans, un dinoflagellé prédateur non phytosynthétique qui est à l’origine des eaux colorées en rouge orangé. Cette espèce n’est pas toxique pour l’homme.

Après avoir identifié l’ensemble des contraintes pour garantir un bon déroulement de la saison estivale 2010, un certain nombre d’actions ont été menées par les directions de la wilaya comme la DTP, DHW, environnement, ainsi que les Epic Asrout, Hurbal, Netcom, Erma, Egctu, Edeval, Mcu et les APC. Du curage des fosses, aménagement des parkings, goudronnage de certains accès, éclairage renforcé, dotation de sanisettes et de douches, installation de cabines pour la Protection civile et la gendarmerie, en passant par la plantation d’espèces fixatrices de sable et débroussaillage. Fait marquant cette année, la wilaya tient encore une fois à rappeler que les concessions des plages et toutes formes d’appropriation des espaces sont interdites. Le DG de l’APPL explique, dans ce sens, que la location du matériel de plage (parasols, chaises, transats, etc.) est toutefois autorisée à condition de respecter les règles retenues dans ce cadre à savoir ne pas accaparer les espaces et ne pas provoquer de gênes et désagréments au public. Les citoyens, pour leur part, ne doivent pas céder devant l’intimidation de ceux qui usent parfois de moyens forts pour s’imposer.

La plage est un lieu public et ne peut être en aucun cas approprié par qui que se soit. Devant les récalcitrants, il y a lieu de faire appel aux forces de l’ordre. Il est regrettable de constater que ces récalcitrants jouissent souvent de la complicité des élus jouant du “social” au détriment des vacanciers n’ayant d’autre solution que d’abouler un billet ou deux pour éviter une inévitable dégénérescence. L’arrêté du wali d’Alger est assez explicite en ce qui concerne le ski nautique avec utilisation de moyens motorisés à moins de 100 mètres du bord, de même que les embarcations et le matériel marin ne peuvent être laissés sur le bord de la plage ni sur les lieux réservés aux estivants. Voilà qui est bien clair. En attendant l’entrée en vigueur du Plan Delphine, bonne trempette à tous et à toutes.

Ali Farès