Le wali d’Alger à propos des travaux de réfection des trottoirs “Les citoyens doivent être un peu plus patients”

Le wali d’Alger à propos des travaux de réfection des trottoirs “Les citoyens doivent être un peu plus patients”

Depuis l’indépendance, le centre de la capitale n’a jamais connu un remue-ménage comme celui qu’il vit ces derniers mois. Aménagements, réhabilitation et surtout réfection générale des trottoirs, ce qui se faisait auparavant par tronçons.

Certains ont lié cette opération à l’échéance électorale, mettant en doute les efforts des services de la wilaya qui expliquent que les travaux en question entrent dans le cadre du plan de développement à moyen et long termes de la métropole, initié par le gouvernement. Quoi qu’il en soit, les Algérois, résidants, commerçants ou simples visiteurs, ne cachent pas leur déception de voir la Blanche se transformer d’un coup en chantier s’étirant à longueur de vue. Les artères principales comme Didouche-Mourad, Larbi-Ben-M’hidi, Colonel-Amirouche, Hassiba-Ben-Bouali, pour ne citer que celles-ci, étaient épargnées par des travaux de cette dimension. Bref, les faits sont là et les travaux aussi.

S’agissant tout particulièrement des trottoirs, la ville d’Alger a toujours été mal servie, donnant l’éternelle occasion aux municipalités de justifier des dépenses pour de piètres résultats. Et c’est pour faire la part des choses que le wali d’Alger est revenu sur ce volet, alors qu’il effectuait jeudi sa dernière visite dans les quatre communes d’El-Harrach, dernière d’une série à travers les 13 circonscriptions que compte la wilaya. Et si comme le fait le premier ministre Sellal (annonçant à coups de milliards les enveloppes allouées aux wilayas), Abdelkader Zoukh annonce aux communes les aides financières et logistiques pour leur développement, il n’en demeure pas moins qu’il se montre plutôt regardant en matière de qualité de réalisation.

“Nous sommes conscients, dira-t-il, des désagréments causés par les travaux de réfection, que les citoyens à qui nous présentons toutes nos excuses fassent preuve de compréhension à cet égard. L’objectif de cette opération, comme pour beaucoup d’autres menées à travers le territoire de la wilaya, vise essentiellement l’amélioration des conditions de vie du citoyen. De même qu’on ne peut rester insensible devant la situation loin d’être satisfaisante que connaît la capitale en matière d’hygiène et d’environnement. Il apparaît donc nécessaire de prendre à cœur ces opérations de nettoyer, d’aménager, de restaurer ce qui doit l’être et d’embellir Alger si l’on veut qu’elle ait une place indiscutable parmi les grandes villes méditerranéennes. Cependant, rien ne saurait se concrétiser s’il y a défection des collectivités locales à qui incombe la responsabilité de veiller à la bonne exécution des directives et recommandations, notamment relatives à l’hygiène et à l’environnement.” Abdelkader Zoukh, qui défend jalousement son titre de “Monsieur Propre”, veut également prouver que la capitale a été livrée jusqu’ici à la saleté de ses rues et ses quartiers, et ne feint pas de montrer d’un doigt discret que même les trottoirs de la métropole ont besoin d’être totalement refaits. En termes clairs, “le travail était tout simplement mal fait”, confie-t-il lors du point de presse improvisé en marge de la visite. Il est vrai que les matériaux dont on peut voir un échantillon au niveau de la Grande Poste plaident pour une qualité bien meilleure que toutes celles utilisées jusqu’à maintenant. Pour ne pas trop écorcher certaines sensibilités, mettons cela sur le compte de l’embellie financière.

LG Algérie

Quant au retard que l’opération a pris, le wali la justifie par les contraintes liées à l’existence des réseaux sous-terrains d’électricité, gaz, eau, téléphone nécessitant un travail de fourmi pour éviter de les endommager. Sur un autre registre, le wali, qui a entendu les doléances des quatre maires de la CA d’El-Harrach, a saisi cette occasion pour rebondir sur la question du relogement, encore une fois annoncé pour bientôt, sans toutefois donner une date précise. “Ce qu’il faut savoir à ce sujet, c’est que toutes les familles recensées dans le cadre du RHP ou demandeuses de logement social seront relogées”, fera savoir le commis de l’Etat, non sans évoquer l’incontournable problématique de la rareté du foncier et dont la réalisation des projets de logements reste tributaire. La wilaya est contrainte d’aller chercher désormais ce foncier du côté de Boumerdès ou dans d’autres wilayas limitrophes de la capitale pour pouvoir lancer ses projets.

Du moins c’est ce qu’a déclaré son premier responsable. De même qu’il a rassuré les familles habitant dans les domaines (haouchs), affirmant que “les autorités de la wilaya accordent un grand intérêt à cette catégorie de citoyens en les régularisant”, avertissant en même temps qu’elles “seront intransigeantes envers ceux qui profitent de telle ou telle situation pour ériger une construction anarchique”. Dans ce cas, ajoutera-t-il à l’adresse des maires, “nous sommes là pour mettre à votre disposition la force publique, mais gare aux complices. En revanche, je vous demande à tous d’être à l’écoute des citoyens. Ne faites pas de promesses que vous ne pouvez pas tenir”. Au plan hygiène de la ville, tout en rappelant l’arrivage incessant des moyens matériels, il ordonne aux communes de contrôler régulièrement les agents affectés au nettoiement des rues.

“Des efforts ont été entrepris dans ce sens, mais beaucoup reste à faire, alors soyez à la hauteur de vos responsabilités”, conclut le wali lors de cette rencontre bilan sur sa tournée dans le grand Alger, qui aura duré plus de quatre mois.

A. F