De toute évidence, les tensions religieuses, dont les effets ont été parfois dramatiques, ont des sources idéologiques ou sectaires. C’est le constat du ministère des Affaires, qui estime que « les sectes se démultiplient en Algérie », mettant en même temps la « sécurité nationale » et la cohésion sociale en péril. Selon les propres termes de Mohamed Aissa, inspecteur général au ministère des affaires religieuses, sur les ondes de la radio Chaine 3, le ministère des affaires religieuses a déjà tiré la sonnette d’alarme sur la prolifération de sectes religieuses.
«Ces sectes se démultiplient, elles se réorganisent. Le ministère des affaires religieuses doit prendre ses précautions, parce que toutes ces tendances ont leurs sources à l’étranger, dans des pays qui ne sont pas obligatoirement amis de l’Algérie». La manifestation de ces sectes est «une invasion étrangère», visant à «déstabiliser le pouvoir en place, au Maghreb et dans le monde arabe».
Pour Mohammed Aissa, «la secte musulmane ahmadiste, qui a une interférence et une complicité avec des forces étrangères notamment avec le sionisme international ». La quasi-totalité de ces courants « se construisent dans la clandestinité, en dehors des mosquées, dans les campus universitaires, dans les moussalayate des entreprises, dans les sous-sols des quartiers et dans les garages érigés pour l’apprentissage de langues et pour les cours de rattrapages ».
Pour faire pièce à ce type de menace, qui est certes muette dans ses commencements, mais qui, au final, est très pernicieuse, le ministère des Affaires religieuses préconise de revenir aux repères traditionnels, en renforçant le référent religieux national ».
Pendant de longs siècles, l’école malékite avait été la référence doctrinale en Algérie. Tolérante, modérée, ouverte, de par ses ouvertures civilisationnelles au Maghreb central et en Andalousie, cette école a permi de souder la cohésion nationale jusqu’au début des années quatre-vingt. Le souffle de la Révolution des Mollah, dès 1980, puis la poussée du salafisme ont mis à genoux le rite malékite, faisant entrer l’Algérie dans des turbulences doctrinales et politico-théologiques graves, avec tout ce que cela induit comme effets au niveau de la pratique. Le Groupe islamique armé, au début des années 1992, avait largement puisé dans les sources salafistes et takfiristes. D’où la nécessité de revenir-comment ?-aux sources premières d’un islam apaisé et civilisateur…
Fayçal Oukaci