Le virtuel déborde la réalité !

Le virtuel déborde la réalité !

Avec les derniers événements populaires dans certains pays arabes, Internet n’aura jamais aussi bien porté son qualificatif de «révolution». Ainsi, après plus d’un demi-siècle de la généralisation des trois W, se sont «les parents pauvres» de la Toile qui en subissent les plus spectaculaires effets. «Ceux qui en parlent le moins, en font le plus», dit l’adage.

Ces pays ne représentent que 5% des utilisateurs d’Internet, contre 41% pour les Asiatiques, 28% pour les Européens et 18% aux Etats-Unis. Comme tout outil, la fréquence de son utilisation n’a d’importance qu’à l’égard du résultat de sa manipulation et de la finalité de sa fonction. A chacun sa raison de manier le clavier. Si, dans d’autres contrées, les internautes s’évertuent à chiner les bonnes affaires et de meilleures situations socioprofessionnelles, les «arabnautes» préfèrent de loin les réseaux sociaux de rencontres et d’échanges. Ils trouvent ainsi leur bonheur dans les inventions de Mark Zuckerber, co-créateur de Facebook (2004) et de Jack Dorsey, créateur de Twitter (2006).

La fermeture des canaux traditionnels de communication par les régimes arabes, muselant ainsi la libre expression et les échanges d’opinions, a créé une soif de partage qui a trouvé son épanchement dans ces réseaux difficilement maîtrisables. Les vents de révolte qui ont secoué la Tunisie d’abord, l’Egypte et le Yémen ensuite, et d’autres pays du même «monde» et du même mode de gouvernance très probablement, sont imputés par beaucoup d’observateurs, au-delà de l’aspect politique, à la généralisation de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Sur le Net, un univers virtuel, on est anonyme, juste une adresse IP. A partir de là, plus de peur et plus d’inhibitions. Tous les profils sont finalement des opinions. D’ailleurs, ce qui est remarquable dans les événements précédemment cités, c’est que les observateurs ont du mal à situer les leaders de ces mouvements de foule. Des mots d’ordre peuvent ainsi être donnés et suivis sans que quiconque arrive à déceler l’origine exacte de l’appel.

Des collectifs, des pages, des blogs et des sites se font et se défont sans qu’on en comprenne parfois les contours. Pour enrevenir aux «arabnautes», les sites de classement des habitudes de connexion, comme alexa.com, font ressortir que les réseaux sociaux occupent toujours le premier plan en termes de visites. Quel que soit le pays arabe, des sites, tels Facebook (FB), Twitter, blogger, MSN, Netlog ou YouTube occupent les premiers rangs. Selon une étude réalisée par Spot On, agence de relations publiques basée à Dubai, il y aurait plus de 15 millions d’abonnés à Facebook dans la région du Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Il y aurait ainsi plus d’abonnés à FB que de lecteurs de journaux (tirage quotidien de 14 millions, tous pays confondus).

Mais y a-t-il réellement une corrélation directe entre l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux et les révoltes populaires qui secouent actuellement le monde arabe ? Une telle affirmation serait trop réductrice. Mais dans le cas où l’hypothèse se tiendrait, par les statistiques rendues publiques par le site Internetworldstat sur les utilisateurs d’Internet dans le monde, il conviendrait de conclure qu’après la Tunisie (34%) et l’Egypte (21%), la vague de protestation toucherait donc et par un raisonnement simpliste le Maroc (33%), puis l’Algérie (13,6%) loin devant la Libye (5,5%). Sauf s’il y a autre chose que le Net.