Après plusieurs années de gloire, ce village touristique n’affiche plus complet, en raison de quelques facteurs conjoncturels ainsi que le conflit latent qui oppose le gérant de Capritour, Nordine Lakelak, à l’un de ses associés, Salah Bouzid.
Lorsque ce jeune architecte algérien, qui s’appelle Nordine Lakelak, avait eu l’idée, en 1997, de lancer ce grand projet de réalisation d’un village touristique, premier du genre en Algérie, dans la magnifique station balnéaire de Tichy, nul ne pouvait croire, y compris ce bâtisseur, que Capritour allait devenir un jour le lieu de prédilection d’une grande partie de la nomenklatura du pays.
En effet, la majorité des acquéreurs de résidences secondaires (villas, duplex, cabanons, appartements…) ou encore de locaux commerciaux (hôtels, restaurants, pizzerias, supérettes, boutiques) est constituée de hauts dignitaires de l’État, d’anciens cadres de la nation (civils et militaires), de personnalités politiques, d’hommes d’affaires, d’artistes de renom, de figures emblématiques du monde culturel, sportif et même des patrons de presse. Qu’est-ce qui a fait courir cet aréopage de personnalités ? La sécurité, l’intimité, le confort, la sérénité, la splendeur du paysage, les espaces de loisirs et de divertissement, l’animation nocturne, les sports nautiques… sont autant de conditions d’accueil et d’atouts touristiques qu’offre ce lieu de villégiature à ses résidents et aux visiteurs en quête de détente.
Néanmoins, après plusieurs années de gloire, ce village touristique n’affiche plus complet, en raison de quelques facteurs conjoncturels, tels que le mois sacré de Ramadhan qui s’installe en pleine saison estivale, la cherté de la vie, notamment les prix de vente et de location des résidences secondaires (villas, bungalows, appartements…)… À cela s’ajoute le conflit latent qui oppose le gérant de Capritour, Nordine Lakelak, à l’un de ses associés, Salah Bouzid. Ce dernier, ancien directeur de la SNS (Société nationale de sidérurgie) à Béjaïa, avait, pour rappel, entrepris une action en justice contre le patron de Capritour pour réclamer son dû sous forme de versement de son dividende.
Pour sa part, M. Lakelak affirme lui avoir versé sa quote-part des dividendes réalisés par la société immobilière dénommée Capritour. La bataille judiciaire qui aura duré près d’une décennie vient de prendre une tournure pour le moins surprenante. La chambre commerciale près la cour de Béjaïa a rendu un jugement ordonnant la mise sous séquestre de tous les biens sociaux appartenant à Capritour, tout en désignant un expert judiciaire qui sera chargé de gérer la société jusqu’à l’exécution de la décision de justice.
Il faut préciser que l’expertise ordonnée par le juge a conclu à la majoration des prix de vente contractuels de 60% concernant l’ensemble des biens immobiliers réalisés par Capritour. Cette réévaluation des prix permettra à l’associé en conflit avec M. Lakelak, qui détient 20% des actions de la société, de réclamer 14 milliards de centimes en guise de dividende.
Rejetant une telle décision, le patron de Capritour n’hésitera pas à réagir, en diffusant à travers la presse écrite un communiqué dans lequel il invite l’ensemble des clients de Capritour à “se constituer partie civile à l’encontre de l’expert afin de soumettre à la justice tous les documents et témoignages nécessaires prouvant la sincérité de notre relation commerciale”. Pour M. Lakelak, “cette expertise constitue une grave accusation d’enrichissement sans cause à l’encontre de nous tous, clients et Capritour. Car cet expert a détourné sa mission en accusant notre compagnie d’avoir dissimulé les prix de vente réels des biens immobiliers achetés pas nos soins”.
Afin de clarifier un tant soit peu cette situation confuse, voire inextricable, nous avons pris contact avec de nombreux clients (résidents et commerçants) de Capritour, avant de rencontrer les deux parties antagonistes, Nordine Lakelak et Salah Bouzid. Ainsi, Boualem Ider, ancien cadre à la présidence de la République, ayant acquis en 2000 un duplex aux Jasmins, premier village construit par Capritour, tient à nous informer qu’il avait payé cash et par virement bancaire le montant figurant sur le contrat de vente dûment établi devant le notaire. “En contrepartie du paiement cash, j’ai pu bénéficier d’une remise de 10%”, a-t-il précisé.
Pour sa part, la célèbre chanteuse kabyle Karima affirme, elle aussi, avoir versé la somme portée sur le contrat de vente. “Je me suis payé cette petite villa pour passer mes vacances ici. Car j’aime bien cet endroit paisible, propre et surtout sécurisé. Je n’ai jamais eu de problème ici. D’ailleurs, j’y viens chaque année pour me ressourcer”, ajoute-t-elle. L’ancien ministre de la Santé, le Pr Abdelhamid Aberkane, actuellement maire FFS d’El-Khroub (Constantine), déclare, lui aussi, avoir payé la somme inscrite sur le contrat de vente. “J’ai acquis une résidence de quatre pièces au village appelé les Jasmins pour un prix raisonnable et dûment déclaré. Je vous assure que s’il y avait beaucoup d’endroits comme Capritour en Algérie, il n’y aurait pas autant de gens qui vont passer leurs vacances en Tunisie”, nous a-t-il confié. Même son de cloche chez beaucoup d’autres clients de Capritour, à l’image du professeur universitaire Berrar Abdelali, directeur général de l’Insag (Institut supérieur des assurances et de gestion) ; du Dr Boudekak Abbès, ophtalmologue à Bordj Bou-Arréridj ; de l’industriel sétifien Layachi Meguelati ; du pharmacien Touati Abdelkader et de l’ophtalmologue Mahtout Mohamed, tous deux établis à Sétif ; de Meziane Madi, ex-cadre de la DGSN à la retraite ; de Abdelkader Zidani, ex-maire d’Akfadou.
De son côté, Me Mrabet Ahmed, notaire à El-Biar (Alger), témoigne avoir établi plus d’une centaine d’actes de vente aux clients de Capritour, tout en soulignant que tous les acquéreurs ont attesté de la véracité des informations contenues dans leur contrat de vente.
K O