Les vents forts qui ont affecté la wilaya, depuis jeudi, ont été à l’origine de spectacles regrettables provoquant un sentiment de lassitude et dégoût chez les Oranais qui ont eu droit à un décor indigne d’un milieu urbain, en général, et d’une ville comme Oran, en particulier. En effet, des tempêtes de poussières ont plongé les quartiers dans un décor apocalyptique, charriant les détritus amassés dans les chantiers de la ville.
Ces vents ont soufflé, toute la journée de jeudi et d’hier, sur les zones côtières avec une force atteignant les 80 km/h.
Ils étaient assez forts pour créer des tempêtes de poussières sur tout le tracé du tramway, et incommoder les piétons qui ont ressortis et lunettes de soleil et chapeaux, pour certains, afin de pouvoir se déplacer. «On dirait qu’Oran est la seule ville au monde sur laquelle le vent souffle et où il y a des chantiers. Pourquoi n’a-t-on pas installé des protections pour le sable et le tuf?», s’est interrogé un citoyen avec une expression de dégoût affichée le visage. Bien qu’il s’agisse d’intempéries, les citoyens sont convaincus qu’il y a toujours des techniques pour gérer les chantiers et éviter les désagréments à la population.
A haï Daya, où des travaux de rénovation du réseau d’alimentation en eau potable ont lieu, les habitants ont été «piégés» chez eux, la rue étant impraticable à cause de la poussière. «Les enfants ne peuvent pas jouer dehors et l’air est devenu irrespirable, en pleine saison de fraîcheur», commentera Djamel que nous avons surpris en train de prendre un taxi pour accompagner son père asthmatique à l’hôpital suite à une crise qu’il a faite. «Mon père a inhalé trop de poussière. Je n’arrête pas d’arroser devant la maison afin d’éviter que le tuf et la terre lèvent, mais en vain. Le chantier est trop important», ajoute-t-il. Le spectacle est le même à St Eugène, où le trafic des piétons est quasi inexistant ce week-end, pour la même raison: ces menues tempêtes de poussière qui fardent le décor, tout comme à El Barki. La partie la plus délaissée de la ville, Oran Ouest, est plongée dans un décor irréel.
Les habitants de Aïn El Beïda ou Es Sénia qui craignent d’habitude la pluie, en raison des inondations, prient pour qu’il pleuve. Les gouttes de pluie les «débarrasseraient du vent». En outre, si ce n’est pas la poussière, ce sont les déchets ménagers qui animent le spectacle, avec des perturbations dans la collecte des ordures et le manque de balayage. A Es Seddikia, les bacs à ordures ont tous été allongés par terre pour ne pas être renversés par le vent, et éviter que les ordures s’éparpillent. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé dans certains endroits de la ville, où il suffisait de lever la tête pour assister à un ballet aérien de sacs en plastiques.
Cet état de fait ne relève pas de la fatalité. C’est une occasion, de plus, pour constater –à regret- que le laisser-aller pénalise encore les initiatives liées à l’urbanisation de la ville, les chantiers durant encore plus longtemps que prévu.
R. Benchikh