« A 16 h 25 (20 h 55 GMT) aujourd’hui 5 mars, est mort notre commandant-président Hugo Chavez Frias après avoir combattu avec acharnement une maladie pendant près de deux ans », a annoncé mardi soir, au bord des larmes, le vice-président vénézuélien, Nicolas Maduro. Après quatorze années de présidence Chavez et de « révolution bolivarienne », l’annonce a provoqué une onde de choc dans le pays.
Le décès du président, qui monopolisait les débats par son omniprésence, sa forte personnalité et ses multiples diatribes contre des opposants accusés d’être à la solde des « impérialistes », ouvre une période d’incertitude dans un pays fortement divisé entre pro et anti-Chavez.
- Funérailles et deuil national
Le corps du président vénézuélien, mort à l’hôpital de Caracas, doit être transféré mercredi à l’Académie militaire de Caracas au cours d’une procession qui devrait attirer des centaines de milliers de personnes. Sa dépouille mortelle sera ensuite exposée dans une chapelle ardente pendant deux jours avant des funérailles nationales prévues vendredi matin. Les autorités ont en outre décrété sept jours de deuil et les écoles et administrations étaient fermées mercredi.
- Des élections dans 30 jours
Le ministre des affaires étrangères, Elias Jaua, a annoncé que le vice-président assurerait l’intérim à la tête de l’Etat et qu’une élection présidentielle aurait lieu dans les 30 jours, conformément aux instructions laissées par Hugo Chavez. Réduit au silence au cours des trois mois qu’a duré son agonie, M. Chavez avait préparé sa succession en chargeant le vice-président d’assurer la transition, mais aussi de se présenter en tant que candidat du Parti socialiste au pouvoir en cas d’élection. « Nous allons être les dignes héritiers d’un géant », a assuré Nicolas Maduro.
L’opposition conteste l’interprétation de la Constitution du gouvernement au sujet de la transition, jugeant que l’intérim doit être assuré par le président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello, et non par le vice-président. Mardi soir, Nicolas Maduro a lancé plusieurs appels au calme et souligné que l’armée et lapolice avaient été déployées dans le pays pour « garantir la paix ». Le ministre de la défense, Diego Molero, a quant à lui déclaré que les forces armées restaient« unies pour respecter et faire respecter la Constitution ».
- Un duel Maduro contre Capriles ?
A la prochaine élection présidentielle, le président par intérim, Nicolas Maduro, sera probablement opposé au gouverneur Henrique Capriles, 40 ans, battu par Hugo Chavez en octobre. Ce dernier a déclaré mardi soir devant la presse que le défunt chef de l’Etat avait été pour lui un « adversaire » et non « un ennemi », même si Hugo Chavez avait parfois eu des mots très durs contre lui.
Le vice-président et ministre des relations extérieures, Nicolas Maduro, devrait porter l’héritage politique de Chavez. Aux yeux d’Hugo Chavez, Nicolas Maduro est un « révolutionnaire à part entière », un « homme avec une grande expérience malgré sa jeunesse » – il a 50 ans. En bref, il est le plus à même de poursuivre « le processus chaviste » entamé il y a quatorze ans. Ancien syndicaliste devenu diplomate, Nicolas Maduro connaît les vertus du dialogue et pratique le compromis.
Henrique Capriles, le « flaquito » (le « petit gars »), comme il se surnomme lui-même, a 40 ans et un solide parcours. Député – à l’âge de 26 ans –, maire puis gouverneur, il n’a perdu qu’une élection : la présidentielle qui l’a opposé à Hugo Chavez le 7 octobre. Il avait auparavant su convaincre une large coalition de partis d’opposition, allant de la droite aux déçus du chavisme, en passant par Primero Justicia (le parti de Henrique Capriles) et les traditionnels Copei (démocrate-chrétien) et Action démocratique (AD, social-démocrate), de le choisir pour candidat à cette élection. Ses partisans sont majoritaires dans les classes moyennes et supérieures, moins nombreux dans les classes populaires.