Un échange, daté de février 2010, entre l’ancien ambassadeur, David Pearce, et Akli Brihi, représentant de British Petroleum en Algérie, jette une lumière très crue sur le système de corruption qui a finalement valu au ministre Chakib Khelil son limogeage.« M. Khelil avait fait un excellent travail en tant que ministre jusqu’à l’amendement de la loi sur les hydrocarbures de 2006.»
Selon Akli Brihi, Chakib Khelil, frustré de ne pas pouvoir libéraliser le secteur, aurait alors décidé de «rejoindre le système» et a commencé «à remplacer des experts compétents et de haut niveau par les oui-oui».
L’ancien ambassadeur américain à Alger rapporte que les pratiques de corruption étaient surtout liées aux sociétés de services et non pas aux compagnies pétrolières : « La société de services soumettrait une facture gonflée et payait directement des membres de Sonatrach. » Et de citer comme exemples « un contrat d’un milliard de dollars conclu avec la société italienne Saipem, relatif au projet d’Arzew GNL, ainsi que le contrat de construction de la nouvelle ville de Hassi Messaoud passé avec la société canadienne Lavalin ».
Pour Akli Brihi, le président Bouteflika a trop fait confiance à son ministre : «L’énergie n’étant pas son domaine de compétence, il a abandonné ces questions à Khelil, qui a été l’unique conducteur de la politique énergétique de l’Algérie.»
Chakib Khelil, qui serait à la tête d’une imposante fortune, n’a jamais été inquiété par la justice.
Ces informations révélées par WikiLeaks ne semblent pas susciter d’émotion, ni de surprise particulière en Algérie. Très peu de journaux rendent compte de ces télégrammes diplomatiques.