L’Otan pouvait depuis longtemps faire cesser la guerre en Libye, mais ne l’a pas fait. Kadhafi avait donné le feu vert à l’Union africaine pour trouver une solution qui conviendrait à toutes les parties. Le diplomate algérien Ramtane Laâmamra, responsable du département paix et sécurité au sein de l’UA, avait mis au point une « feuille de route » inclusive aux belligérants, qui a été d’abord, acceptés, mais tout à coup refusée, sur instigation de Paris.
Ne se décourageant pas pour autant, Ramtane Laâmamra est parti pour Washington défendre la proposition algérienne et la solution africaine à la crise en Libye, laquelle doit « provenir des Libyens eux-mêmes » et « il n’appartient à personne de fixer des conditions préalables », a déclaré le Commissaire pour la Paix et la Sécurité auprès de l’Union africaine (UA), Ramtane Laâmamra lors d’un périple à Washington. Laâmamra prit aussi part à la Réunion de haut niveau États-Unis- Union africaine qui s’est tenue à Washington.
La délégation africaine à cette rencontre était conduite par le président de la Commission de l’UA luimême, Jean Ping. Cette réunion avait permis de présenter la feuille de route africaine sur la crise en Libye à la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton. Le plan africain appelait notamment à la cessation immédiate des hostilités, à l’acheminement de l’assistance humanitaire et à un dialogue entre les parties libyennes.
Puis, les jours suivants, l’Otan narguait carrément l’UA. À chaque fois que celle-ci diffusait un communiqué pour appeler au calme et re-inviter les belligérants à la table des négociations, l’Otan redoublait de férocité. En fait, les conciliabules entre Paris, Londres et Washington ont fait avorter de manière délibérée la solution proposée par l’Afrique, seule entité en qui Kadhafi faisait confiance.
Il y a quelques jours, un haut responsable américain, qui prend part aux frappes de l’Otan sur Tripoli, à déclaré à CNN que « la résolution 1970 donnait droit à l’Alliance atlantique de détruire la force de frappe de Kadhafi, et qu’étant donné que celuici est le centre de la décision militaire et politique en Libye, l’Otan était aussi en droit de le neutraliser et d’en faire une cible principale ».
Suite à quoi, le journaliste de CNN lui pose cette question crûment : « Avez-vous pour mission d’assassiner Kadhafi ? ». L’officier supérieur américain ne répond pas à la question mais fait un large sourire qui en disait long sur les dispositions non pas uniquement belliqueuses de l’Otan, mais aussi et surtout carrément criminelles.
La suite des événements confirma à quoi pensait le militaire au large sourire… Des sources militaires affirment que l’Otan a tenté une vingtaine de fois de tuer Kadhafi par des missiles, mais en vain. Mais, le plus jeune des fils de Kadhafi a été tué avec sa famille dans un bombardement sur Tripoli.
L’Alliance atlantique déclarait avoir visé un centre de commandement militaire et non des individus. Kadhafi et son épouse, qui se trouvaient également sur les lieux du bombardement, s’en sont sortis sains et saufs. Evidemment, la nouvelle a été célébrée par un concert de klaxon et des tirs de joie à Benghazi, le fief des rebelles libyens. Officiellement investie des missions de porter secours aux populations civiles, l’Otan a enfin affiché sa véritable fonction, de bras armé de Washington.
L’Otan a délibérément tué des milliers de civils –dont une famille algérienne, une maman et ses deux fils, originaires de Djelfa-, détruit des infrastructures non-militaires, destinées aux populations, ciblé des responsables, ravagé des centres de transmissions audiovisuelles –TV et radios locales-, fait une extrapolation des résolutions de l’Onu et interprété la 1970 à sa manière, ou à celle de Paris et Washington. Dur, très dur d’être dans le camp opposé à la coalition occidentale…
O.M.