Entrés en grève depuis mardi dernier, les personnels du ministère des Affaires étrangères (MAE), corps communs et corps diplomatique confondus, sont désormais sommés par la justice “d’évacuer les lieux de travail”.
En effet, le tribunal administratif d’Alger a ordonné, hier, l’évacuation des locaux du département de Mourad Medelci, des protestataires ayant répondu à l’appel du Syndicat autonome des personnels du ministère des Affaires étrangères (Sapae). Le même tribunal ayant jugé “nul” le préavis de grève déposé auprès de l’administration du MAE, quelques jours auparavant. Un jugement que seule la section sociale du tribunal pouvait légalement décider, puisque l’article 500 du code de procédure civile et administrative confère à cette instance “l’exclusivité” de traiter des grève des travailleurs des secteurs tous azimuts.
De ce fait, Me Debouz, avocat du syndicat, juge que les ordonnances du tribunal administratif sont clairement en “violation de cette loi”. Contacté par téléphone hier, Me Debouz, qui a eu à plaider la cause du Sapae auprès du même tribunal, juge que seule la section sociale du tribunal est habilitée à se prononcer sur la grève des travailleurs. Mieux, il ajoute que cette décision de justice n’a pas été notifiée au syndicat. Chose que nous avons confirmée dans la même journée d’hier, auprès des représentants du Sapae. “Jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune notification”, a confirmé M. Tobal, membre du Sapae.
Visiblement paniqué, le même syndicaliste estime néanmoins que les travailleurs ne peuvent que se conformer à la décision de justice dans le cas où cette dernière les sommerait de reprendre leur poste de travail. “Il est clair que si demain matin (premier jour ouvrable de la semaine, ndlr), une notification nous serait destinée, nous n’aurons qu’à nous conformer à la décision de la justice pour éviter de retomber dans les expériences du passé (…)”, nous a-t-il confié.
Même son de cloche chez son camarade, M. Zeghdani, membre représentant les corps communs au sein du Sapae, qui met en avant l’attachement du syndicat au principe du dialogue pour mettre fin au conflit opposant les travailleurs à l’administration depuis plusieurs années. Pour décortiquer cette situation, les responsables du Sapae, un syndicat qui échappe au contrôle de l’UGTA, une tendance très répandue ces derniers temps dans le secteur public et l’administration, tiendront aujourd’hui une conférence de presse au siège du ministère.
Il faut rappeler que les syndicalistes avaient brandi la menace de recourir à la grève il y a déjà plusieurs mois, avant de passer à l’acte cette semaine, résultat de la non-prise en charge des doléances des travailleurs. Ces derniers réclament bien entendu l’amélioration de leur situation socioprofessionnelle, la titularisation des contractuels, la transparence dans les nominations des cadres à la centrale et à l’étranger, mais aussi une réglementation commune pour l’âge de départ à la retraite, sont autant de points contenus dans la plate-forme de revendications du Sapae.
F A