Précédent unique et inique dans les annales de la justice algérienne. Le tribunal d’Azazga, faisant fi de la loi qui confère l’immunité aux parlementaires, convoque et entend le sénateur RCD Mohand Ikharbane. Dans un communiqué rendu public hier mardi, le RCD a dénoncé l’instrumentalisation de la justice contre le parti.
L’antécédent est d’une gravité telle qu’il aurait dû déjà faire réagir le ministère de la Justice, le bâtonnat national et l’ensemble des militants des droits de l’Homme. Or, tout se déroule comme s’il s’agit d’une banale affaire, d’un fait anodin. Cette dérive de l’institution judiciaire est dénoncée des plus virulentes des manières qui soient. «Aux ordres, soumise et arbitraire, la justice algérienne, instrument de tous les abus, n’en finit pas de s’enfoncer dans la dégradation. En violation de toutes les lois, Mohand Ikharbane, membre du Conseil de la nation, a été convoqué et appelé à comparaître dans une affaire à rebondissements opposant un groupuscule salafiste au village d’Aghribs (Tizi-Ouzou)», a dénoncé le RCD, précisant que «pour avoir été, comme les nombreux élus du RCD, aux côtés de la population de la commune d’Aghribs, qui a courageusement fait face aux nervis salafistes qui cherchaient à imposer leur diktat à la communauté de villages, le parlementaire RCD, fidèle aux engagements pris avec ses électeurs, vient d’être convoqué et entendu par le tribunal d’Azazga sans que le tribunal ait procédé à la levée de son immunité parlementaire. Une première judiciaire en Algérie». Deux autres situations, vécues par des élus du parti, amènent le RCD à conclure qu’il est cible d’une cabale judiciaire. «Cet abus, par ailleurs inédit, n’est pas le seul cas de l’instrumentalisation de l’institution judiciaire contre notre Rassemblement», a noté le RCD. Le RCD informe que «s’ajoutant à la comparution devant le tribunal d’Azazga du sénateur RCD, l’agression de notre élue de Batna, Mme N.-K. Fatima, et la relaxe en deuxième instance de Moh Cherif Hannachi, l’éternel allié du régime, pour une affaire l’opposant à un ex-responsable du parti, viennent rappeler à quel point le régime est prêt à s’abaisser pour faire taire toute voix dissonante au moment où il annonce en boucle l’avènement de réformes démocratiques» et que «en s’abîmant dans des provocations qui conjuguent la manipulation de marginaux salafistes et l’asservissement de la justice contre un parlementaire de l’opposition, bafouant et violant ses propres lois, le pouvoir tente de faire passer la menace d’une mise au pas que rien ne saurait arrêter. Il peut compter sur une égale radicalité du RCD à dénoncer et combattre ces misérables manœuvres». Le RCD croit fermement que ce sont ses positions qui lui valent cet acharnement de la justice. Lors de son dernier conseil national, le parti a formulé l’exigence de la dissolution de la police politique, la destitution du chef de l’Etat, qualifié d’impotent, ainsi que la restitution du sigle FLN à la mémoire collective. Pour le RCD, ces provocations sont un motif supplémentaire pour «l’éradication du système qui discrédite l’Etat, déstructure la société et humilie la nation».
S. A. I.