Le débrayage, spontanément initié par les conducteurs de train, a engendré d’importantes perturbations dans le transport de voyageurs et de marchandises sur le territoire national.
Le transport ferroviaire était paralysé hier, en raison d’une grève illimitée déclenchée par les cheminots. Le débrayage, spontanément initié par les conducteurs de train, a engendré d’importantes perturbations dans le transport de voyageurs et de marchandises sur le territoire national. Dans la capitale, aucun train n’a quitté le quai. Toutes les gares d’Alger étaient fantomatiques. Même le service minimum n’a pas été assuré. Conséquence, des milliers de voyageurs désirant rejoindre Alger, sa banlieue ou les autres wilayas du pays, ont été pénalisés.
Visiblement surpris par cet arrêt de travail, les voyageurs ont été contraints de chercher un autre de moyen de locomotion. A la gare d’Agha, les grévistes qui réclament l’octroi d’une prime de technicité ont déserté les lieux. Deux agents de sécurité ont été postés à l’entrée de la gare pour signifier aux usagers que les mécaniciens sont en grève. Nombre de voyageurs n’ont pas manqué d’exprimer leur colère : «Nous sommes des victimes», lance timidement un fonctionnaire à un préposé au guichet. Les citoyens ont été doublement pénalisés par l’absence de communication. Aucune information n’a été donnée aux voyageurs. Selon un cheminot-syndicaliste, aucun préavis de grève n’a été déposé auprès des autorités concernées. «C’est une grève spontanée. Je n’en savais rien, sinon j’aurais pris mes précautions», déplore une étudiante. «J’ai un examen ce matin (hier ndlr) et je devais être à l’université avant 11h. Mais à ma grande surprise, les cheminots sont en grève et j’ai failli rater mes examens. Les travailleurs n’ont pas le droit de prendre en otages les citoyens», enchaîne avec amertume cette étudiante. Contactée,
Mme Bounab, syndicaliste à la Société nationale du transport ferroviaire (SNTF), a indiqué que «la grève des conducteurs de train a été entamée sans aucun préavis».
Les grévistes revendiquent, selon elle, l’octroi d’une prime de technicité accordée fin février dernier lors de la signature d’un protocole d’accord entre les travailleurs et la direction de la SNTF. «Plusieurs cheminots ne perçoivent pas cette indemnité pour des raisons qui demeurent inconnues. Pourtant, la tutelle s’est engagée à verser cette prime chaque mois», précise-t-elle. Notre interlocutrice déplore le fait qu’aucun appel au dialogue n’a été lancé aux grévistes, en dépit des répercussions de la grève sur les citoyens. «C’est le statu quo. La SNTF fait jusque-là la sourde oreille», fulmine-t-elle.
Dans ce sens, la grève des cheminots risque de se poursuivre aujourd’hui encore si la direction n’intervient pas pour trouver un terrain d’entente. A signaler que nos multiples tentatives de joindre par téléphone le directeur du département des ressources humaines de la SNTF sont restées vaines. Pour rappel, la tension est montée au niveau des gares ferroviaires au début du mois de mars dernier et une grève partielle avait provoqué la paralysie des trains de banlieue. L’ouverture des négociations entre la DG de la SNTF, la Fédération des cheminots en présence de responsables de l’UGTA, a abouti à la signature d’un accord en faveur d’une nouvelle grille de salaires. Le protocole d’accord prévoit la mise en application du déroulement de carrière sur la base de deux années par échelon à partir de l’an 2000, de même que l’avancement à partir du dernier grade acquis avant l’an 2000 et la revalorisation du régime indemnitaire. Il prévoit également la revue à la hausse, et de nouvelles primes revendiquées ont été accordées telles que les primes de risque d’électrification et de technicité.
Par Hocine Larabi