A qui profite la profanation de tombes juives?
Les médias européens et principalement français ont totalement zappé ou passé sous silence l’information sur l’exécution par le groupe Etat islamique (EI) d’Egyptiens de confession chrétienne copte récemment kidnappés en Libye.
Sur la vidéo, d’une qualité numérique irréprochable, diffusée sur Internet, des hommes portant des combinaisons oranges, semblables à celles d’autres otages exécutés ces derniers mois en Syrie par le groupe djihadiste, sont alignés sur une plage les mains menottées dans le dos avec du plastique, avant que leurs bourreaux ne les décapitent au couteau. En janvier, la branche libyenne de l’EI avait affirmé avoir kidnappé 21 Coptes égyptiens et Le Caire avait confirmé que 20 de ses ressortissants avaient été enlevés en Libye voisine, lors de deux attaques distinctes. Sur la vidéo, on ne voit avec certitude que l’exécution de 10 hommes, sans pouvoir dire s’il y a d’autres suppliciés ou non. Cette nouvelle image de la cruauté sans limites des méthodes de Daesh est passée inaperçue sur les médias occidentaux et principalement français qui ont focalisé leur «Une» sur la profanation des tombes juives ou les attentats anti-juifs au Danemark. Les médias français et plus particulièrement les chaînes d’infos BFM TV, I-télé, ou LCI, ont minimisé l’importance de cette information alors qu’au Caire, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a convoqué d’urgence le Conseil national de la Défense, alors qu’Al-Azhar, l’institution théologique de l’islam sunnite, a qualifié de «barbare» l’acte revendiqué par l’EI, un groupe extrémiste se réclamant de cette branche de l’islam. Seule France 24 arabic a accordé une place importante au sujet avec des débats et des analyses. Mais contrairement au sort réservé aux otages occidentaux ou japonais, les médias français accordent peu d’importance à l’exécution des otages d’origine arabe et de confession musulmane. Seule l’exécution du pilote jordanien a été fortement médiatisée par les télés occidentales, en raison, notamment de la méthode cruelle dont a été victime l’otage jordanien. Hier, la majorité des analystes politiques des télés françaises était plus plongée pour commenter l’arrestation de cinq mineurs placés en garde à vue dans le cadre de l’enquête sur la profanation de 300 tombes dans ce cimetière juif qui en compte environ 400, que d’évoquer le sort de ces Egyptiens de confession chrétienne exécutés froidement par les éléments masqués de Daesh. Ce qui a fait dire à certains que les tombes juives sont plus importantes que les corps inertes des Egyptiens coptes.
Les médias français ont simplement diffusé la dépêche de leur exécution sur le fil des informations en continu. Ils ont finalement évoqué directement le sujet quand il fallait parler du contrat de vente à l’exportation de l’avion de combat français, le Rafale à l’Egypte. Cette vente marque pourtant le soutien de Paris au président égyptien Abdel Fattah al-Sissi dans un contexte géopolitique tendu et en pleine répression de toute opposition en Egypte. L’Egypte a bombardé hier, des positions du groupe Etat islamique (EI) en Libye, quelques heures après la revendication par cette organisation djihadiste de la décapitation des 21 chrétiens coptes égyptiens.
Le contrat avec l’Egypte, d’un montant de 5,2 milliards d’euros, porte sur la vente de 24 avions Rafale fabriqués par Dassault Aviation, d’une frégate multimission Fremm du groupe naval Dcns ainsi que des missiles conçus par Mbda. Depuis quelque temps, la France évite de parler des démarches terroristes du groupe Daesh et cela pour ne pas donner des idées à des éventuels sympathisants au sein de la communauté musulmane en France. Un grand débat s’est installé en France sur le rôle de ses télévisions dans la société et leur influence pour créer une division et discrimination au sein des différentes communautés confessionnelles.
