Le trafic de l’euro s’amplifie à Blida,55 000 euros découverts dans une Citroën

Le trafic de l’euro s’amplifie à Blida,55 000 euros découverts dans une Citroën

Après avoir reçu tous les détails de ce réseau, les gendarmes ont tendu une souricière à l’une des personnes appartenant à cette bande et une jeune personne a été arrêté

La Brigade territoriale de la Gendarmerie nationale d’El Affroun, wilaya de Blida, a procédé jeudi passé à l’arrestation d’un trafiquant d’euros.

Ce dernier a été arrêté en possession de 55 000 euros cachés dans sa veste, et à l’intérieur de son véhicule de marque Citroën. En effet, après avoir reçu tous les détails sur ce réseau, les gendarmes ont tendu une souricière à l’une des personnes appartenant à cette bande et une jeune personne a été arrêtée par les éléments de la GN, à bord de son véhicule de marque Citroën. Après une fouille minutieuse du véhicule et de son propriétaire, les gendarmes ont découvert 54 900 euros, cachés dans sa veste.

40 billets de coupures de 500 euros, 39 billets de 200 euros, 159 billets de 100 euros, 213 billets de 50 euros, 13 billets de 20 euros, et enfin, 29 billets de 10 euros, ont été saisis lors de cette opération. Suite à ce coup de filet, les gendarmes ont ouvert une enquête qui a permis en outre d’arrêter la personne qui avait des liens avec des commerçants résidant dans la wilaya de Blida.

Ces derniers achètent de grosses sommes en monnaie européenne auprès de ce réseau de trafic d’euros pour l’achat des vêtements haut de gamme en Europe. Ainsi, près de 700 millions de centimes ont été saisis par les gendarmes chez ces commerçants illicites.

D’autre part, l’enquête a permis également de dévoiler que les sommes en euros en possession de ce réseau appartiennent à des émigrés qui sont natifs de la région de Chlef. Ces derniers vendent leurs euros à cette bande, qui à son tour, la revendait aux commerçants de Blida, et ce, contrairement à la loi qui interdit ce genre de commerce de devises. D’autre part, le trafic de l’euro est en train d’amplifier dans certaines wilayas du pays, qui jusqu’ici étaient épargnées par ce phénomène.

D’habitude, c’est dans l’est du pays, et particulièrement à Alger que beaucoup de réseaux spécialisés dans le trafic d’euros qui sont démantelés par les services de sécurité, mais désormais le phénomène a pris de l’ampleur, aujourd’hui, ce sont d’autres wilayas qui sont touchées par ce fléau social. On parle ici des wilayas de Chlef et de Blida qui, durant ces deux dernières années, ont été considérées comme des lieux privilégiés pour les trafiquants d’euros.

Autrement dit, sur deux ans, plusieurs réseaux ont été démantelés grâce à un travail très marquant des gendarmes des deux groupements. En matière de chiffre, plusieurs dizaines de milliers d’euros ont été récupérés, tandis que des dizaines de trafiquants ont été arrêtés.

La traque de l’euro est de plus en plus menée par les gendarmes, partout dans les villes du pays. Par ailleurs, le trafic de l’euro a touché presque l’ensemble des marchés parallèles de devises du pays.

A Alger, à titre d’exemple, les deux marchés noirs de devises, Square Port-Saïd et Hydra, sont les cibles de certains réseaux de trafic de la monnaie européenne. Les innombrables «courtiers», rôdent dans les endroits où règne le trafic de devises, dès les premières lueurs du jour, selon quelques témoignages d’habitants du quartier limitrophe.

Quoi que l’on dise de ce trafic «banalisé avant d’être normalisé, des millions d’euros transitent par ces places», selon les observateurs. Il y a juste trois mois, une descente surprise de la police judiciaire avait ciblé ce marché de l’informel de devises. Ce jour- là, des dizaines de personnes ont été interpellées dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent, selon une source policière.

D’ailleurs, ce n’est pas uniquement le marché informel du Square qui est la cible de cette descente, même celui d’Hydra a subi le même sort. Désormais, ces deux marchés informels de devises sont traqués par la police.

C’est dans le cadre d’une vaste enquête ciblant une affaire de blanchiment d’argent que ces descentes ont été actionnées par les policiers. La mystérieuse affaire de «Hydra», où plusieurs millions d’euros ont été envoyés illégalement vers plusieurs pays étrangers et ce, à travers une petite boutique située à Hydra.

Cet argent en devises avait tran-sité par le marché informel d’Hydra, c’est la raison pour laquelle les policiers ont déclenché ces deux descentes. Plusieurs personnes ont été arrêtées, certaines ont été provisoirement libérées, d’autres sont sous mandat de dépôt, et une personne, le propriétaire de la boutique est en fuite, croit-on savoir selon la même source.

Les enquêteurs de la DGSN veulent mettre la main sur le reste de ce réseau de trafic de devises, la tâche n’est pas facile, mais l’enquête finira par résoudre l’énigme. Retour au marché informel du Square Port Saïd, dans une ruelle près du tribunal Abane-Ramdane. Hamid, la trentaine, a la tâche de s’occuper des automobilistes menant vers cette direction. Il propose des billets en euros et en dollars.

A ses côtés, ses deux «collègues» issus de la wilaya de Jijel jouent un peu au «comité d’accueil» des passants empruntant le trottoir. Ainsi, le ciblage ou l’infiltration n’est que bien arrangé. Si quelques monnayeurs scrutent le moindre regard intéressé, en revanche, d’autres membres agissent à la limite du harcèlement. Les ruelles proches ne sont pas épargnées, et chaque mètre est soigneusement exploité.

«Il n’y a pas où mettre les pieds ! Allez-y et constater par vous-même» déplore Samir, commerçant de son état, tenant une boutique longeant la rue de la Liberté. «Qu’est-ce que c’est cet Etat où l’on vend tranquillement de l’argent dans la rue?» s’emporte un autre jeune commerçant. «Toutes les pétitions initiées par les commerçants licites et les habitants des lieux contre les squatters de la place sont restées sans écho jusqu’à ce jour», dit, indigné, Samir.

«En plus des insultes et des obscénités, de nombreux passants, notamment la gent féminine, évitent cet endroit, au grand dam des commerçants des lieux», dira Samir ayant hérité de la boutique de son père, présent au niveau de la place depuis 1963.

Sofiane Abi