Qu’il pleuve ou qu’il fasse chaud, qu’elle recule ou fasse un bond devant le dollar, la monnaie européenne fait exception en Algérie, refusant de descendre au-dessous de la barre de 1 euro pour 150 DA. C’est le change parallèle qui fixe ce taux en fonction de plusieurs paramètres, en particulier celui de l’offre et la demande.
La période des vacances booste, efficacement, le marché, permettant au taux de maintenir son élan. A la veille du départ en vacances, le taux, au marché parallèle de la devise est donc de 1 euro pour 150 DA. A la veille des grandes vacances, c’est aussi la multiplication du nombre de marchés parallèles instaurés près des frontières avec la Tunisie, notamment, destinés aux voyageurs en direction de ce pays. «Concurrence» avec les marchés informels de la devise de renommée nationale, comme celui du square Port Saïd, ou prolongement de ces «bourses» parallèles ?
Difficile de trouver une réponse tant le «cercle» reste hermétiquement fermé. «Bons connaisseurs de la loi, ceux que nous interpellons pour transaction illicite de la devise s’arrangent, à chaque fois, à ce qu’on ne trouve pas en leur possession des sommes pouvant les faire tomber sous le coup de la loi», diront des enquêteurs des forces de sécurité.
Autrement dit, et selon la source, «une personne faisant dans cette transaction illicite ne trimbale jamais une somme importante sur elle, mais fournit ses «clients» sur la base de commandes faites auparavant. A Alger, Sétif (rue des Arcades), Annaba (wilaya frontalière avec la Tunisie), et dans de nombreuses autres wilayas, les «cambistes» ne chôment pas, malgré les différentes saisies opérées par la police et la Gendarmerie nationale.
A Alger, c’est même un taxiphone et un restaurant qui étaient utilisés pour des transactions illicites de devises, rappelle-t-on. Les enquêtes menées par la Gendarmerie nationale avaient découvert des sommes importantes et différentes monnaies étrangères, dont l’euro et le dollar.
C’est le cas, par exemple, de ce local de Hydra, spécialisé dans la vente de téléphones mobiles et autres accessoires et à l’intérieur duquel les éléments de la section de recherches du groupement de la wilaya d’Alger de la Gendarmerie nationale ont découvert, après investigations, l’existence d’un réseau de transfert illicite de devises vers l’étranger, qui avait des ramifications en Algérie,
en Europe et en Amérique. L’enquête, lancée en 2009 a permis, dans un premier temps, la découverte de dizaines de swift prouvant le transfert de 320 milliards de dinars, soit l’équivalent de 26 millions d’euros, vers l’étranger, est-il utile de rappeler. La perquisition du magasin «spécialisé» dans la vente de téléphones portables, mais qui faisait, clandestinement, office de bureau de change, a permis aux gendarmes, rappelle-t-on, la récupération de 50 000 euros, de 70 000 dollars américains et de 25 millions de dinars algériens.
Les gendarmes ont, également, récupéré trois machines, des compteuses de billets de banque, 2 coffres-forts pleins de dinars et de devises, un autre coffre-fort plein de swift. Les affaires similaires traitées par la justice ne sont pas très rares, souvent liées à des transferts illicites de devises vers l’étranger.
«Comme le mobilier reste très cher à cause, notamment, du blanchiment d’argent, dans ce domaine, l’alimentation des marchés parallèles de la devise reste importante pour diverses raisons, dont le transfert illicite de devises vers l’étranger, et l’absence de bureaux de change officiels», selon une source au fait du dossier, expliquant le maintien de l’euro à un taux élevé.
Mounir Abi