Malgré le renforcement des mesures de sécurité au cours des trois derniers mois et le rationnement du carburant dans les wilayas frontalières, le trafic de carburant a refait surface ces derniers jours dans la wilaya d’El Tarf, à l’Est du pays, a constaté l’APS lundi.
Même si elles ne sont plus aussi spectaculaires que par le passé, des files d’attente recommencent à se former devant certaines stations service, ce qui ne manque pas de faire craindre aux automobilistes de cette wilaya un retour de la pénurie et de son corollaire, la « pagaille ».
En fait, les trafiquants semblent avoir trouvé un autre stratagème pour s’approvisionner en carburant sans risque d’être piégés : ils ont carrément changé de cap en délaissant les stations services habituelles, à El Kala et à El Tarf où le contrôle des stations-service s’est durci, pour préférer les localités isolées et un peu plus éloignées à l’exemple de Berrihane ou de Reghia.
Des automobilistes, approchés par l’APS, soutiennent que la situation qui avait semblé s’améliorer avec la mise en œuvre des mesures de lutte contre ce phénomène avec à l’instar de l’obligation de tenir un registre mentionnant le passage des véhicules, « commence à se détériorer de jour en jour ». Pourtant, les services de la wilaya affirment que la commission de wilaya chargée de contrôler l’exécution de l’arrêté de wilaya dans les différentes stations-service « effectue son travail comme il se doit » et « les résultats concrets sont là pour attester de l’efficacité de ce dispositif de lutte contre la contrebande ».
Pression dans les villes frontalières marocaines
Du côté des frontières avec le Maroc, la situation semble encore maîtrisée. Le phénomène de la contrebande a été considérablement réduit par une forte mobilisation sécuritaire et la « fermeture » des chemins de la contrebande par les gendarmes garde-frontières, appuyés par les différents corps des services de sécurité. L’assèchement des voies de la contrebande de carburants a été particulièrement mal vécu par les populations et l’économie des villes marocaines frontalières avec l’Algérie.
Les prix de l’essence et du gasoil ont repris une courbe ascendante depuis le renforcement, coté algérien, de la lutte contre le trafic.Et la situation risque de s’aggraver davantage suite à la décision, prise cette semaine, par gouvernement marocain de Abdelillah Benkirane de revoir à la hausse le prix du carburant, la deuxième en l’espace de quelques mois, en faisant jouer le système d’indexation partielle des prix des produits pétroliers. Le gouvernement marocain est en proie à une succession de déficits des finances publiques qu’il tente d’endiguer en s’attaquant à la caisse des compensations qui subventionne de nombreux produits considérés comme stratégiques.
Selon des estimations officielles en Algérie, près d’un quart de la production nationale de carburants, un produit subventionné par l’Etat, est siphonnée par les « hallabas » (trafiquants de carburants aux frontières), qui l’acheminent vers la Tunisie et le Maroc. La différence des prix qui va de 1 à 10 offre d’alléchantes marges aux trafiquants des deux cotés des frontières Est et Ouest, pendant que le Trésor public se voit infliger un manque à gagner de 1 milliard d’euros chaque année.