Le tir à balles réelles autorisé en France,De quoi a peur Sarkozy?

Le tir à balles réelles autorisé en France,De quoi a peur Sarkozy?
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Est-ce une manière de gagner l’électorat de l’extrême droite?

Les forces de l’ordre en France disposeront désormais, selon un décret paru dans le Journal officiel du 1er juillet 2011, d’une arme de guerre: le fusil à répétition, pour faire face aux manifestations, jugées violentes.



Ce nouveau texte est dans le prolongement direct du dicours prononcé par le président de la République française à Grenoble. «C’est…une guerre que nous avons décidé d’engager contre les trafiquants et les délinquants. Comme nous l’avons fait en Seine-Saint-Denis, nous avons décidé de nous occuper particulièrement de certains territoires qui ont besoin d’une action ciblée pour que les conditions de l’ordre républicain y soient rétablies…», avait averti Nicolas Sarkozy le 30 juillet 2010.

«Nous subissons les conséquences de 50 années d’immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l’intégration…», a-t-il ajouté pour entretenir l’amalgame entre insécurité et immigration. Un thème sur lequel a jeté son dévolu le chef de l’Etat français pour renouveler son bail à l’Elysée en 2012. La France se prépare-t-elle à une guérilla urbaine? A moins qu’elle n’ait décidé d’anticiper une guerre civile. Les éventuelles bavures feront-elles des victimes d’origine étrangère plus particulièrement maghrébines (algériennes, tunisiennes ou marocaines)?

Statistiquement, il y a de fortes probabilités pour qu’il en soit ainsi. Surtout si l’on tient compte des quartiers ou des villes qui seront ciblés et qui sont à forte concentration d’immigrés. A quel moment, les forces chargées du maintien de l’ordre peuvent-elles faire usage de l’arme «fatale»? «Lorsque des violences ou voies de fait sont exercées contre l’ordre public ou lorsque cette dernière (force publique, Ndlr) est dans l’impossibilité de défendre autrement le terrain qu’elle occupe», indique la notice de cette décision pour le moins inattendue et qui a été étrangement passée sous silence. L’ordre public est-il à ce point menacé en France pour renforcer un arsenal répressif déjà bien fourni (grenades lacrymogènes et leurs lanceurs…) d’un matériel de guerre? L’Hexagone, qui dénonce l’utilisation de ce type d’arme pour réprimer certaines manifestations dans certains pays, serait donc disposé à en faire de même chez lui.

L’article 3 du décret qui porte la griffe du Premier ministre François Fillon stipule:

«En application du V de l’article R.431-3 du Code pénal (…) est susceptible d’etre utilisée pour le maintien de l’ordre public, à titre de riposte en cas d’ouverture de feu sur les représentants de la force publique, celle mentionnée ci-après: Fusil à répétition de précision de calibre 7,62x51mm et ses munitions.» Le patron de l’Exécutif a chargé son ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l’Immigration, Claude Guéant, ainsi que son ministre de la Défense, Gérard Longuet, de l’exécution de ce nouveau texte.

Le feu vert pour un passage à l’acte est donc donné et comme l’a souhaité Nicolas Sarkozy, le tour de vis qu’il a déjà imprimé à sa politique de l’immigration, est suivi d’une décision autrement plus radicale en matière de politique sécuritaire. Sans doute pour désigner l’immigré comme bouc émissaire. Suciter la peur de l’autre, de l’étranger, et se poser en gardien du temple. Quitte à donner uniquement l’impression de jouer au sherif ou au cow-boy. Brandir sa Winchester fait peur mais cela rassure aussi. Tout dépend, bien sûr, de quel côté on se trouve. Il est peut-être temps pour Nicolas Sarkozy de démontrer l’efficacité du savoir-faire français en matière de sécurité que proposait l’ex-ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, à la police tunisienne, la veille de la chute du président Ben Ali.

Pour éviter les bavures. En prenant une telle décision, le chef de l’Etat français craint-il que le vent des révoltes arabes ne souffle sur l’Hexagone et que la place de la Bastille ne ressemble à la place Tahrir? Le syndrome a déjà atteint Tel-Aviv…