Le temps des débats est arrivé !

Le temps des débats est arrivé !
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Les rues d’Alger ont vécu, hier, un bras de fer. Celui de la contestation face à la répression. Une impressionnante marche des étudiants contre un tout aussi impressionnant dispositif des forces de l’ordre. Bravant les multiples barrages policiers, les étudiants protestataires ont réussi là où toutes les autres corporations frondeuses ont calé. Ils ont marché dans la capitale, sur plusieurs kilomètres, de la place de la Grande-Poste à la présidence de la République. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers – cent mille pour certains.

Un coup de force réussi. Un autre coup de force a été orchestré par les forces anti-émeute. Elles ont d’abord laissé faire, canalisé, bloqué puis chargé les manifestants. Résultat de la confrontation : plusieurs dizaines de blessés côté étudiants et moins d’une dizaine dans les rangs de la police. Les deux camps, étudiants et autorités, ont exhibé leurs muscles. Mais la tension était-elle pour autant tombée ? Non, les étudiants ont réoccupé la place de la Grande-Poste et promettent de récidiver. Alors, c’est quoi la prochaine étape ?

La marche à suivre est pourtant tellement évidente. Il suffirait d’ouvrir un dialogue sérieux entre les belligérants au lieu d’opposer systématiquement la matraque à ce genre de manifestations. Qu’aurait-il coûté aux autorités de permettre à ces étudiants de transmettre d’un message de revendications à la présidence de la République ? Et que font le ministère de l’Enseignement supérieur et ses relais pour faire ce pour quoi ils sont rémunérés, à savoir de la pédagogie et la prise en charge de l’avenir de cette tranche

sociale ? Les leaders de demain. Or, des étudiantes et étudiants de grandes écoles, adolescents encore pour la grande majorité, qui ne demandent qu’à être rassurés sur leur avenir, sont traités comme des agitateurs. Il ne manquait que les bombes lacrymogènes pour que la mani- festation vire à l’émeute. Le matraquage policier n’a fait qu’exacerber leur colère.

Pour absorber et canaliser cette énergie, dangereuse et jusqu’au-boutiste, les pouvoirs publics sont dans l’obligation d’ouvrir un débat qu’ils auraient pu amorcer depuis des mois. Un dialogue sérieux, objectif et franc. Et non pas un semblant d’écoute. Un vrai échange d’adultes et entre adultes. Se murer dans le silence attise la suspicion. L’autisme est souvent pris pour de la démence. Et quand une voix n’est pas entendue, son porteur devient violent. Alors, trêve d’exhibitionnisme. Le temps de la raison a sonné. Ouvrons les débats !

S. A.