La Banque d’Algérie (BA) a décidé d’augmenter, à compter du 15 mai en cours, le taux des réserves obligatoires des banques de la place, a-t-on appris dimanche auprès cette institution.
Une nouvelle instruction du gouverneur de la BA, Mohamed Laksaci, datant du 23 avril dernier, modifiant et complétant l’instruction du 13 mai 2004 relative au régime des réserves obligatoires, porte le taux de ces réserves à 12% de l’assiette globale des réserves bancaires, précise-t-on. Ce taux a été déjà relevé à 11% en 2012 contre 6,5% depuis 2004. L’instruction, qui abroge et remplace l’instruction du 29 avril 2012, prend effet à compter du 15 mai en cours. L’augmentation du ratio des réserves obligatoires vise essentiellement l’absorption des surliquidités bancaires, a expliqué à l’APS l’expert bancaire Abderrahmane Benkhalfa. Début de l’année, la banque centrale avait rendu publique une instruction relative aux «reprises de liquidité», une procédure qui invite les banques à placer, auprès de la BA, des liquidités sous forme de dépôts rémunérés avec une durée maximale de reprise à six mois, au lieu de trois mois auparavant et un taux d’intérêt plus incitatif. «Les réserves obligatoires, tout comme les reprises de liquidité, font partie des instruments de la politique monétaire visant l’absorption des excès de liquidité et, par conséquent, la maîtrise de l’inflation», a dit l’expert. En raison d’une hausse brutale et subite de l’indice des prix à la consommation en janvier 2012, l’inflation en Algérie a connu un pic historique de 8,9% l’année précédente con-tre 4,5% seulement en 2011. Et au moment où les banques centrales européennes gèrent l’insuffisance de liquidité de ses banques, la Banque d’Algérie est en train de gérer l’excès de liquidité. «C’est bien et ce n’est pas bien», ironise M. Benkhalfa. «C’est bien dans le sens où les banques disposent d’importantes potentialités de financement, grâce à une épargne publique et privée en hausse. Ce n’est pas bien parce que ça veut dire que la capacité de la sphère réelle à absorber cet argent reste faible», a commenté ce consultant indépendant. Cela «appelle à réfléchir sur les moyens de faire augmenter la capacité des entreprises à absorber l’offre disponible par une forte demande», a-t-il ajouté. Mais selon
M. Laksaci, les crédits bancaires accordés à l’économie ont connu un «réel dynamisme» en 2012, ce qui témoigne que «l’épargne profite de plus en plus à l’investissement». Les crédits à l’économie ont augmenté de 15,3% en 2012 contre 14% en 2011, une croissance qui atteindrait même 17% en y intégrant les rachats effectués par le Trésor, selon le dernier rapport de la BA. Les crédits aux entreprises privées ont ainsi grimpé à 1 949,2 mds de DA à fin 2012 contre 1 683 mds de DA à fin 2011. La part des crédits à moyen et long terme, destinés donc à l’investissement, a augmenté à 68,6% en 2012 contre 63,4% en 2011.
Mohand Ch.