Les Égyptiens se sont rendus hier aux urnes, pour le deuxième jour de l’élection présidentielle qui a débuté lundi.
Les Égyptiens se sont rendus hier aux urnes, pour le deuxième jour de l’élection présidentielle qui a débuté lundi. Ce scrutin est perçu comme un vote sans suspense, selon les médias et les observateurs. Le taux de participation étant très faible, le scrutin a été prolongé d’une journée. L’ex-chef de l’armée, Abdel Fattah al-Sissi est donné en fait comme vainqueur d’une présidentielle considérée comme un symbole du retour de l’Égypte à l’époque Moubarak, avec seulement d’autres visages à la tête du pays.
Abdel Fattah al-Sissi, qui a assuré l’intérim pendant onze mois, après avoir destitué Mohamed Morsi, le président élu et chef du Mouvement des Frères musulmans, toujours en détention après avoir été accusé d’être derrière plusieurs affaires liées au terrorisme. En attendant les résultats finaux qui seront rendus publics le 5 juin, l’homme qui a chassé les islamistes du pouvoir et qui mène une «lutte implacable» contre leur mouvement à travers le pays pour éviter le chaos, est assuré de sa victoire devant le seul candidat, issu de la gauche, Hamdine Sabahi.
La présidentielle a été boycottée par des mouvements laïcs, mais surtout par les Frères musulmans, classés organisation terroriste par le gouvernement, en raison des violences meurtrières qui ont suivi la destitution de M. Morsi. Pour les partisans du mouvement islamiste, Mohamed Morsi est le «seul Président légitime», selon les affiches placardées dans les villes et quartiers considérés comme le fief des Frères musulmans. Pour assurer un meilleur déroulement du scrutin, un impressionnant dispositif sécuritaire de 250 000 membres des forces de police et de l’armée a été mis en place.
Si les résultats du vote sont connus d’avance, comme prédisent commentateurs et observateurs de la scène politique égyptienne, reste le taux de participation qui demeure le seul indicateur de l’adhésion des Égyptiens à ce scrutin. Lundi soir, de nombreux commentateurs et journalistes dénonçaient sur les télévisions une faible participation, tandis que mardi les bureaux de plusieurs quartiers du Caire étaient déserts, a rapporté l’AFP. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur a toutefois assuré que «les estimations des services de sécurité font état de 16 millions de votants lundi», soit près du tiers des 53 millions d’inscrits.
Pour rappel, Al-Sissi qui a pris les rênes depuis le 3 juillet 2013, a organisé en janvier 2014 un référendum sur la Constitution qui s’est transformé en plébiscite. Le taux de participation à ce référendum était en fait supérieur à celui du scrutin constitutionnel sous Morsi, dont les partisans considèrent que le leader de la gauche et principal rival de l’ex-militaire comme un faire-valoir.
Depuis la prise du pouvoir par Al-Sissi plus de 1 400 personnes sont mortes à travers plusieurs villes égyptiennes, parmi elles des militants des Frères musulmans, dont certains auraient pris les armes et mené des attaques terroristes contre les services de sécurité, et des étrangers. Plus 15 000 autres personnes ont été, par ailleurs, arrêtées et des centaines ont été condamnées à mort, lors de procès qualifiés d’«expéditifs» et dénoncés par les ONG internationales.
L. M./Agences