La devise a le vent en poupe actuellement, se distinguant par des variations des cours à la hausse très importantes. En voulant tâter le pouls du marché noir du change, nous nous sommes rendus hier au niveau de «la grande place boursière» du square Port-Saïd, ce haut lieu de négoce de la devise en Algérie.
Ainsi, nous avons pu apprendre que l’euro, pour la journée d’hier, se négociait à 17 000 dinars contre 100 euros, pour ce qui est du prix de vente. Notons que le dollar américain est lui aussi très demandé sur ce marché. Aquelques jours des fêtes de fin d’année, c’est la folie des taux de change des devises sur les marchés parallèles de l’Algérois. La cause : ce sont encore les réveillonneurs. De nombreux vacanciers algériens préfèrent profiter de cette période pour se rendre en Europe.
L’activité prend de l’ampleur pour ce marché parallèle qui s’enflamme avec les affairistes qui sont, ces jours-ci, aux anges. En effet, la devise a le vent en poupe actuellement, se distinguant par des variations des cours à la hausse très importantes. En voulant tâter le pouls du marché noir du change, nous nous sommes rendus hier au niveau de «la grande place boursière » du square Port-Saïd, ce haut lieu de négoce de la devise en Algérie.
Ainsi, nous avons pu apprendre que l’euro, pour la journée d’hier, se négociait à 17 000 dinars contre 100 euros, pour ce qui est du prix de vente. Notons que le dollar américain est lui aussi très demandé sur ce marché. La masse monétaire en devises principalement s’est envolée ces derniers jours. Il est à 13 000 DA contre 100 dollars. Or, cette hausse subite est due aux importateurs qui achètent des produits de consommation en prévision des fêtes annuelles.
«Nos vacanciers préfèrent faire la fête dans les luxueux hôtels de France, d’Espagne ou d’Angleterre», confie un jeune homme. Ces fêtards ne sont pas seulement des jeunes couples, il y a également des familles entières qui se rendent dans le vieux continent pour passer les vacances d’hiver. Grâce à ces ingrédients, les prix de l’euro et du dollar ont atteint la folie.
Au plus ancien marché parallèle de devises de la capitale, les transactions se font à toute heure de la journée, sans que ces cambistes spéculateurs ne soient inquiétés ni par les autorités monétaires, ni par les services de l’ordre ni même par le Fisc. Ainsi, des millions s’échangent au vu et au su des autorités dans une ambiance plutôt bon enfant.
LES CAMBISTES «SE FROTTENT LES MAINS»
Une liasse de billets de 2 000, 1 000 et 500 DA entre les mains, les cambistes scrutent les potentiels acheteurs ou vendeurs, c’est selon. Ils n’hésitent pas à aborder, sans gêne, les automobilistes ou piétons. Approché en premier, un jeune trabendiste nous a affirmé qu’un certain frémissement du marché a été constaté depuis près d’une semaine et que les cours ont commencé à bouger et à s’animer à cause de la période des fêtes.
D’après lui, à l’instar de la période des départs en vacances, de la fin de celles des émigrés et de leur retour dans leur pays et du «Hadj», ces facteurs contribuent à doper le marché parallèle, il n’en soulignera pas moins le poids grandissant des gros clients et gros bonnets de l’importation sur le marché. «Ils peuvent faire grimper ou chuter les cours des monnaies à leur convenance », fera-t-il remarquer.
Cela dit, beaucoup de clients qui se présentent au square Port-Saïd disent que certains «opportunistes » veulent de temps en temps tirer profit en faisant monter le prix de l’euro afin de s’enrichir rapidement. Ici, le prix du billet bleu a atteint son paroxysme. Selon les vendeurs, cette flambée de l’euro a pour seule explication le manque de liquidités de cette monnaie européenne sur les marchés parallèles. Donc, à partir de cette situation, la demande a été plus importante que l’offre, et c’est ce qui est à l’origine de sa cherté.
«Le déséquilibre entre l’offre et la demande constitue le premier facteur de la hausse de la monnaie européenne. La demande est tirée vers le haut par l’approche de dates importantes», nous confie un autre. Et d’ajouter : «Dans les banques, l’allocation voyage est toujours fixée à 15 000 dinars. Une somme insuffisante pour voyager à l’étranger». Les monnayeurs évoquent aussi les difficultés rencontrées par certains détenteurs de compte en devises au niveau des banques pour retirer leur argent.
SALE TEMPS POUR LE DINAR…
Il continue de glisser contre l’euro et le dollar. En effet, le dinar plonge sur le marché informel, il continue de se déprécier face aux principales monnaies étrangères, particulièrement le dollar. Un dollar vaut 130 dinars à l’achat. C’est son plus haut niveau en glissement annuel. L’euro équivaut à 170 dinars, un niveau proche de son plus haut. Pourtant, la monnaie unique européenne continue de perdre de la valeur face au dollar.
Elle a perdu près de 11% de sa valeur depuis le début de l’année. Mais elle reste étrangement à des niveaux élevés face au dinar, confirmant une tendance à la dépréciation de la monnaie nationale. Les autres principales devises progressent également face au dinar, à l’image de la livre sterling qui cote 135,53 dinars, proche de son plus haut niveau des 52 dernières semaines (136,39 dinars). Les acteurs du marché informel invoquent les traditionnelles raisons qui poussent à une baisse du dinar en cette période de l’année.
Par ailleurs, dans une récente analyse sur la situation monétaire publiée par des médias, l’Association algérienne de développement de l’économie du marché (Adem) avait noté que «la dévaluation du dinar répond à un artifice lié au camouflage du déficit budgétaire». L’étude de cette association relève qu’«il faut surtout préciser les mécanismes de cotation du dinar par rapport notamment au cours du dollar et de l’euro (…).
Actuellement, il existe un écart important entre le cours du dinar sur le marché parallèle soit près de 40%». Les spéculateurs semblent réussir ces derniers mois à imposer leur diktat sur le marché informel de devises, profitant au maximum du laxisme des autorités monétaires, en particulier la Banque d’Algérie. Des millions en devises échappent actuellement au Trésor public.
M. B.