Le fromage traditionnel algérien Takemarit — également appelé Kemarya — a été choisi par le site culinaire international TasteAtlas, en figurant dans la liste des meilleurs fromages de chèvre au monde. Une distinction qui honore non seulement la richesse du patrimoine gastronomique algérien, mais place aussi l’Algérie comme la seule nation arabe et africaine représentée dans ce classement prestigieux.
Originaire des régions du sud algérien, notamment des wilayas de Ghardaia et Naama, le Takemarit est un fromage blanc doux à base de lait de chèvre, préparé de manière artisanale par les femmes selon des méthodes transmises de génération en génération.
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Sa particularité réside dans le fait qu’il ne contient pas de sel, possède une texture molle et est généralement mélangé avec de leben, ce qui lui donne un gout délicat et rafraichissant.
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Un fromage de tradition et de célébration
Bien plus qu’un simple produit laitier, le Takemarit occupe une place symbolique dans les traditions locales. Il est réservé aux grandes occasions : fêtes religieuses, mariages, naissance ou cérémonies familiales. Il est également un signe d’hospitalité, souvent offert aux invités avec du thé à la menthe et des cacahuètes — mais jamais avec du pain, selon la coutume.
Cette reconnaissance par TasteAtlas valorise donc le savoir-faire ancestral et l’authenticité du terroir algérien, à une époque où les produits locaux cherchent à se démarquer sur la scène internationale.
Une tradition qui s’adapte à la modernité
Face à la demande croissante pour ce fromage emblématique, certaines laiteries du sud algérien ont commencé à produire le Takemarit selon des procédés semi-industriels, tout en respectant la recette d’origine.
On le retrouve désormais dans les marchés traditionnels du sud, mais aussi dans certaines grandes surfaces du nord du pays, contribuant ainsi à sa démocratisation.
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Ce classement est donc un hommage aux femmes artisanes, véritables gardiennes d’un savoir-faire culinaire unique, et un encouragement pour la préservation et la promotion des produits du patrimoine algérien.

Le fromage Takemarit
Un riche patrimoine fromager en quête de reconnaissance
Bien que le Takemarit brille aujourd’hui sur la scène internationale, il n’est en réalité que l’un des nombreux joyaux d’un patrimoine fromager algérien aussi vaste que méconnu. Ancrée dans les traditions pastorales et domestiques, la fabrication de fromages en Algérie puise dans des savoir-faire séculaires, transmis de génération en génération, souvent au sein des familles rurales.
Le J’ben
Parmi les plus répandus au nord du pays, on retrouve le J’ben, un fromage doux obtenu à partir de lait de vache, de brebis ou de chèvre. Il est coagulé à l’aide d’enzymes naturelles extraites de plantes comme le figuier ou le cardon.
Selon les régions, ce fromage peut être consommé frais, salé, ou agrémenté d’épices et d’herbes aromatiques. Lorsqu’il est chauffé pour éviter sa détérioration, il donne naissance à un autre produit laitier populaire appelé Klila, fromage sec au goût acidulé.
Le Bouhezza
Autre fleuron du patrimoine laitier : le Bouhezza (ou Malh Dhouab), fabriqué dans les Aurès et jusqu’à Tébessa. Ce fromage, à la saveur intense, est affiné dans une chekoua – une outre de chèvre – pendant plusieurs semaines. On le mélange souvent avec du piment rouge pour rehausser son goût.
En Kabylie, les amateurs de produits traditionnels connaissent bien l’Ighounane, un fromage à base de colostrum chauffé et légèrement salé, ainsi que l’Aghoughlou, dont la coagulation repose sur la sève du figuier. Le Takammert, originaire du Hoggar, est quant à lui préparé par les Touaregs à partir de lait coagulé avec un morceau de caillette, avant un séchage lent au soleil.
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Dans d’autres régions, on découvre des préparations plus singulières, comme le Imadhghass, mélange de Klila fraîche et de lait cru, ou encore l’Ibakhbakhène, un produit unique obtenu en immergeant un mélange d’orge concassée (frik) et de l’ben dans un puits pendant plusieurs jours.
Tous ces fromages de terroir témoignent d’un potentiel gastronomique et culturel considérable. Pourtant, leur développement reste freiné par le manque de soutien institutionnel, l’absence de reconnaissance officielle et les difficultés liées à la transformation artisanale.
Un travail de valorisation, incluant l’étude des caractéristiques microbiologiques et nutritionnelles, ainsi qu’une labellisation adaptée, serait une étape clé pour faire rayonner ces produits au-delà des frontières locales.