ALGER- Le tabac, un produit qui se vend dans les magasins sans aucune précaution, est responsable du quart des décès par cancer, a indiqué le spécialiste en médecine préventive et épidémiologique, également président de l’Observatoire du Tabac en Afrique francophone, Pr Hamdi Cherif Mokhtar.
« Le tabac est le seul produit de consommation qu’on achète comme le pain et qui tue. Il est responsable du quart des décès par cancer, du 1/5éme des décès par maladies cardiaques, de 85 % des décès par la broncho pneumopathie chronique obstructive. C’est le facteur de risque du tiers du cancer au niveau mondial », a souligné Pr Cherif Mokhtar dans un entretien à l’APS, en s’appuyant sur les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Il a précisé qu’il faut savoir que ces répercussions du tabac sur la santé des individus, sont pratiquement les mêmes en Algérie.
Tout en précisant que l’épidémie croissante du tabagisme en Algérie constitue une menace importante pour la santé publique, avec des répercussions socio-économiques importantes, il a indiqué que « le tabac est la première cause de morbidité et de mortalité évitable, et pourtant la cause essentielle des principales maladies chroniques non transmissibles : le cancer, les maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires et le diabète ».
Selon ce spécialiste en médecine préventive, l’Algérie compte aujourd’hui environ 5 millions de fumeurs. La majorité des personnes commencent l’usage du tabac avant l’âge de 18 ans, cible potentielle de l’industrie du tabac.
Par ailleurs, M. Hamdi attire l’attention sur les méfaits du tabagisme passif qui contribue, explique-t-il, de plus en plus à la charge de morbidité et de mortalité liée aux maladies cardio-vasculaires, aux cancers, et aux maladies respiratoires.
Il a estimé que la lutte contre le tabagisme n’a pas eu d’impact sur la prévalence, et l’incidence des maladies qui y sont liées, à cause de l’ »absence ou l’insuffisance » d’une véritable implication multisectorielle et d’une adhésion plus large de la société civile.
Sur le terrain on ne voit pas encore l’application de la législation existante, en conformité avec la Convention cadre de Lutte Contre le Tabac.
Ce n’est qu’à partir de 2014, que le dispositif de la lutte antitabac s’est enrichi par la mise en place d’un comité intersectoriel dont la mission est d’impliquer tous les secteurs à mettre en oeuvre les mesures contenues dans le Plan cancer 2015-2019 et dans le Programme National de lutte contre les facteurs de risque des maladies chroniques non transmissibles.
Cette démarche s’est appuyé sur la législation nationale en matière de lutte contre le tabac, et de l’outil juridique international ratifié par l’Algérie à savoir la Convention cadre de Lutte Contre le Tabac de l’OMS.
Les mesures du Plan cancer et du Plan MNTC, doivent être intégrées, et converties sur le terrain par la mise en place de plans de wilayas avec des objectifs précis, une répartition des taches multisectorielle et un suivi et évaluation permanente et rigoureuse.
« On n’a pas le droit de rester passif devant un produit de consommation qui tue. Avec tout cet arsenal législatif, stratégique et opérationnel dont on dispose, on doit impérativement normaliser les maladies chroniques non transmissibles et dénormaliser le tabac », a-t-il plaidé.