Le système universitaire suscite la controverse en Algérie

Le système universitaire suscite la controverse en Algérie

Les étudiants algériens ont organisé un sit-in de deux jours la semaine dernière devant le siège du ministère de l’Enseignement supérieur à Alger pour demander que les autorités ne bradent pas la valeur de leurs diplômes dans le cadre d’un nouveau système.

Ce sit-in, qui s’est terminé jeudi 17 février, demandait la valorisation du diplôme d’ingénieur en lui accordant le même statut que le master 2, permettant aux titulaires d’entamer des études de doctorat. Les étudiants ont également fait part de leur inquiétude de voir la nouvelle structure LMD (licence, maîtrise, doctorat) dévaloriser leurs diplômes.

« L’instauration du LMD a de fait relégué au second plan les diplômes préparés dans le cadre de l’ancien système, où le magistère n’était pas équivalent au master 2 pour prétendre au doctorat », a expliqué Samira Bekhiri, étudiante à l’Institut de sociologie de l’Université d’Alger.

Son camarade Abdenour a expliqué à Magharebia que les diplômes des grandes écoles dans des spécialités comme les formations d’ingénieurs ont été de fait déqualifiés, car ils ne correspondant pas au master 2.

« A terme, le marché de l’emploi n’aura d’yeux que pour les sortants du LMD. C’est ce que nous voulons éviter en demandant à créer des équivalences », a-t-il expliqué.

Le ministère de l’Enseignement supérieur préfère utiliser le terme de « correspondance », car les équivalences ne se font que pour les diplômes obtenus à l’étranger. Il prépare une réglementation qui régira les correspondances entre l’ancien système universitaire et le nouveau système LMD, selon le responsable des communications, Nourredine Kheraifia.

« Cette approche est inscrite comme action prioritaire », a-t-il souligné.

Il a dit regretter le fait que les étudiants mélangent le nouveau système et le nouveau LMD, et a affirmé que la loi introduisant ce nouveau système « indique clairement la durée de la formation ». Il a tenu à rassurer les étudiants sur le fait que le diplôme d’ingénieur d’Etat « existe et continuera d’exister ».

« Aujourd’hui, il faut que l’on réponde clairement à nos revendications légitimes », a affirmé Kamel Merrad, un étudiant en sociologie.

Les étudiants avaient organisé leur action de protestation pour qu’elle coïncide avec la rencontre de jeudi entre le ministre de l’Enseignement supérieur Rachid Harraoubia, les recteurs des universités et les directeurs des collèges nationaux, de manière à mieux faire entendre leur voix.

L’appel a été entendu par le ministère, qui a invité les organisations d’étudiants autour de la table pour discuter « de toutes les préoccupations du monde universitaire ». Selon plusieurs syndicats d’étudiants, le ministre leur a déclaré que chaque étudiant est « libre d’opter pour des études dans le cadre du système classique ou du nouveau système »

Le ministre a également indiqué que le diplôme d’ingénieur d’Etat « n’a jamais été annulé » et reste « toujours en vigueur ».

De plus, Harraoubia a indiqué que les places en magistère seront à nouveau accessibles aux étudiants ayant suivi le cursus traditionnel, qu’il s’agisse des ingénieurs ou des titulaires de licence. Le ministre s’est également engagé à régler la question des formes de classification des diplômes au niveau de la fonction publique, selon les syndicats d’étudiants.

Le diplôme d’ingénieur d’Etat, délivré par les établissements d’enseignement supérieur, « est toujours en vigueur », a indiqué la Conférence nationale des chefs d’établissements universitaires, dans un communiqué publié jeudi.

Dans un communiqué publié le 17 février, le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a déploré « les derniers développements dans le secteur de l’enseignement supérieur et les dérapages gravissimes qui ont largement ébranlé l’ensemble des établissements universitaires ». Le CNES a affirmé qu’ils étaient le résultat d’une absence de véritable débat avec l’ensemble des partenaires.