Longtemps tenue loin des projecteurs, l’école intéresse de nouveau les Algériens. Autrement que par les grèves qui la traversent. Benghebrit y est pour beaucoup.
Que se passe-t-il au sein de l’Ecole algérienne? Pourquoi le niveau des élèves baisse de plus en plus? Pourquoi les élèves et les enseignants sont de moins en moins motivés? Pourquoi les enseignants, malgré l’amélioration certes relative mais réelle de leur situation socioprofessionnelle, recourent souvent à la grève sans tenir compte des intérêts des élèves?
Pourquoi les réformes du système éducatif, celle portant sur la mise en place de l’école fondamentale et celle préconisée par la commission Benzaghou, n’ont-elles pas pu faire sortir l’Ecole algérienne de sa torpeur? Qu’est-ce que l’arabisation, introduite au forceps par ailleurs, a-t-elle apporté en termes de performance à l’Ecole algérienne?
Quelle est la place des valeurs typiquement algériennes dans notre système éducatif? La généralisation et la consécration du caractère obligatoire de l’enseignement de tamazight sont-elles appelées à attendre davantage? Quelle est la place des valeurs universelles relatives aux respect des droits humains dans notre système éducatif? Quel est le rôle à assigner à l’école pour qu’elle puisse intervenir de façon positive dans l’entreprise de développement national et de renforcement de la cohésion et de la conscience nationales?

Autant de questions qui sont, aujourd’hui, au coeur de la problématique de la réforme du système éducatif, qui se posent avec acuité, notamment depuis l’installation de Madame Benghebrit à la tête de l’Education nationale. En effet, depuis que Nouria Benghebrit est à la tête du ministère de l’Education nationale, ces questions sont constamment posées. Il ne se passe pas une seule semaine sans que la sphère éducative ne fasse la «Une» de la presse nationale.
Le malaise qui traverse l’Ecole algérienne est si profond, qu’il finit toujours par déborder l’enceinte des écoles, pour envahir la société.
Aujourd’hui, l’environnement social est en parfaite connexion avec l’école à tel point que l’on ne sait plus qui influence l’autre. Les vieux débats d’ordre idéologique sur «le rôle de l’école» et son «aptitude ou non à véhiculer un projet de société», font rage dans les milieux universitaires, politiques et médiatiques. L’école peut-elle changer la société? La dégradation de l’école n’est-elle pas due à la dégradation de l’environnement social? La décadence de la société n’est-elle pas causée par la faillite de l’école?
La ministre de l’Education nationale, de par sa formation universitaire dans le domaine, est très sensible à ces débats et y fait souvent écho dans ses discours. Assez souvent, en effet, elle parle de «crise de l’école», «de la nécessité de réformer le système éducatif», «du rôle de l’école», «de l’importance des langues étrangères», «de l’ouverture de l’Ecole algérienne sur le monde», etc. Les débats sans cesse ressassés, l’intérêt de plus en plus grandissant que portent les Algériens à l’école est ainsi un des plus grand exploits de Nouria Benghebrit. Pour les résultats de sa politique, l’heure n’est décidément pas aux bilans.
Jusque-là, l’Ecole algérienne patauge toujours dans une «impasse structurelle». Mais l’espoir est toujours permis et il est d’autant plus grand que la ministre de l’Education dit «préparer un deuxième 1er Novembre dans le secteur de l’Education nationale». Alors, Nouria Benghebrit réussira-t-elle sa «révolution»?