Le système de paiement moderne n’est utilisé qu’à 10% de Ses capacités,Les Algériens préfèrent le cash

Le système de paiement moderne n’est utilisé qu’à 10% de Ses capacités,Les Algériens préfèrent le cash

Le gouverneur de la Banque d’Algérie a souligné, jeudi, la préférence des Algériens pour la monnaie fiduciaire, alors que, depuis 2006, l’Algérie a modernisé totalement son système de paiement.

“Adossée au redressement soutenu du prix du baril du pétrole en 2010, voire même l’accélération au 4e trimestre, la situation de la balance des paiements extérieurs de l’Algérie s’est consolidée au 2e semestre de l’année passée”, a indiqué, jeudi, le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, lors d’une communication sur les principales évolutions monétaires et financières pour les six derniers mois de 2010. Cette performance est matérialisée par un excédent appréciable du compte courant extérieur de plus de 6 milliards de dollars aussi bien au 1er semestre qu’au 2e semestre de l’année 2010, alors qu’au 1er semestre de 2009, il a été enregistré par un important déficit de 2,47 milliards de dollars. En moyenne annuelle, le prix du baril de pétrole a évolué autour de 80,15 dollars en 2010 contre 62,26 dollars l’année précédente.

Le gouverneur de la Banque d’Algérie évoque “une relative stabilisation des importations des biens et services, comme élément nouveau en 2009 et 2010”. La balance commerciale a enregistré un excédent de 18,8 milliards de dollars contre 7,7 milliards en 2009, résultant principalement de la forte augmentation des exportations des hydrocarbures. En volume, les exportations d’hydrocarbures ont connu une légère baisse de 1,7%. En valeur, elles sont estimées à 56,12 milliards de dollars, contre 44,4 milliards de dollars en 2009. Les exportations, hors hydrocarbures, elles aussi, ont progressé en 2010, pour atteindre 1,7 milliard de dollars. Elles étaient de 0,67 milliard en 2009. “Mais il est clair, il faut répéter et souligner que les exportations hors hydrocarbures restent structurellement faibles et ne contribuent pas à la compétitivité externe, notamment en période de chocs externes”, a précisé le gouverneur. Concernant les importations de biens, elles avaient reculé au 2e semestre de l’année 2009, suite aux mesures de prudence prises pour faire face aux effets de la crise économique mondiale. Elles ont légèrement progressé en 2010 (autour de 19,33 milliards de dollars au 1er semestre et 19,05 au 2e semestre). Les importations de biens d’équipement et de demi-produits représentent plus de 60% de la structure des importations qui ont totalisé 38,38 milliards de dollars en 2010, explique M. Laksaci. L’année 2010 s’est caractérisée aussi par un amenuisement du déficit des services, avec un effet de balancier entre un recul des importations des services liés aux travaux publics et bâtiment et une progression des importations des services techniques (aux entreprises). En matière de revenus des facteurs, le gouverneur parle de contraction des sorties. Les transferts des revenus des investissements directs étrangers vers l’extérieur ont baissé de près d’un milliard de dollars. Concernant les transferts courants, ils se sont stabilisés à hauteur de 2,63 milliards de dollars en 2010. “Le rapatriement des pensions et retraites représente la plus grande part de ces transferts”, explique M. Laksaci.

Quant au niveau des réserves de changes de l’Algérie, il représentait à la fin 2010 plus de trois années d’importation de biens et de services (38,75 mois), alors que la dette extérieure totale s’est stabilisée et ne représente plus que 3,5% du produit intérieur brut estimé pour 2010. Le gouverneur de la Banque d’Algérie n’a pas, cependant, fourni de chiffres concernant les deux indicateurs. “Ces deux principaux paramètres confirme la solidité de la position financière extérieure nette de l’Algérie et témoigne aussi de sa résilience face à d’éventuels chocs externes”, estime le gouverneur de la Banque d’Algérie. Sur un autre plan, la Banque d’Algérie poursuit la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar à son niveau d’équilibre de moyen terme, affirme M. Laksaci, ajoutant que ce taux de change s’est apprécié de 2,64% en 2010. Concernant les crédits accordés par les banques à la clientèle entreprises et ménages, selon le gouverneur, ils ont augmenté de 15,6% en 2010. Les crédits alloués pour les entreprises privées ont évolué de 16,2% en 2010, légèrement en dessous de l’évolution des crédits attribués aux entreprises publiques (18,4%). Les crédits hypothécaires aux ménages ont, eux aussi, progressé de 13%. Ces indicateurs placent l’Algérie “dans le groupe de pays émergents à croissance rapide du crédit”, relève M. Laksaci. Cependant, précise-t-il, le ratio crédit à l’économie par rapport au produit intérieur brut reste faible. Le gouverneur de la Banque d’Algérie a souligné la préférence des Algériens pour la monnaie fiduciaire, alors que, depuis 2006, l’Algérie a modernisé totalement son système de paiement.

Ce système de paiement moderne n’est malheureusement utilisé qu’à 10% de ses capacités. M. Laksaci affirme que le taux d’inflation (mesuré par l’ONS) a reculé à 3,9% en 2010, alors qu’il était de 5,7% en 2009 et 4,8% en 2008, un taux largement inférieur à la moyenne constatée dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (6,9%). Le gouverneur de la Banque d’Algérie indique que l’évolution de la masse monétaire globale n’explique qu’à hauteur de 60% l’inflation. L’inflation importée a contribué pour environ 20% à l’augmentation du niveau général des prix en Algérie, soulignant que les cours mondiaux des produits agricoles de base, notamment les céréales, la poudre de lait entier et les oléagineux, ont subi de fortes hausses respectivement.

Meziane Rabhi