Le syndicat dénonce le désinvestissement et recourt à la grève El-hadjar : à qui profite le chaos ?

Le syndicat dénonce le désinvestissement et recourt à la grève El-hadjar : à qui profite le chaos ?

Au refus de l’employeur de concrétiser son engagement d’augmenter les salaires s’ajoute une politique de désinvestissement à l’origine de la suppression, par milliers, de postes de travail. Situation qui, affirment les syndicalistes, justifie la grève générale prévue le 28 mai.

Dans une conférence de presse conjointe animée par Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat d’entreprise, et M. Bourraï, président du comite de participations, les deux principaux représentants des travailleurs d’ArcelorMittal ont réaffirmé, hier, que le complexe sidérurgique d’El-Hadjar sera paralysé à 100 % le 28 mai, à partir de 5 heures.



«La grève est notre seul recours devant le mépris d’ArcelorMittal qui refuse toute augmentation salariale, malgré ses engagements faits par écrits et dont nous détenons des copies», a déclaré Smaïn Kouadria, et de poursuivre : «Tous les acquis que nous avons obtenus par le passé ont été arrachés de haute lutte.

On ne nous a fait aucun cadeau.» Pour M. Bourraï, président du CP, «ce n’est pas l’argent qui manque chez ArcelorMittal. D’ailleurs, ce dernier a cessé tout investissement en 2006 au niveau du complexe sidérurgique, et c’est pour cette raison que les installations industrielles sont devenues obsolètes entraînant ainsi une baisse de la production, qu’il veut faire endosser aux travailleurs».

Plus grave, Kouadria accuse ArcelorMittal de profiter des largesses de l’Etat, mais sans jamais donner de contrepartie : «A chaque fois qu’ils ont besoin de la partie algérienne, ils ont monté des dossiers pour obtenir encore moins cher que le reste du monde en matière de gaz, d’électricité, d’eau, de transport ferroviaire et de ferraille.

Mais quand la partie algérienne leur demande de prendre en considération la création d’emplois, ils rechignent à exécuter correctement leurs obligations en matière de contrat de longue durée et de respect des délais de paiements.

Les contractants autres que ceux de leurs filiales n’ont jamais obtenu des contrat d’une durée supérieure à 3 mois au grand maximum, alors pour leurs affiliés, les contrats étaient annuels et même pluriannuels.» Dans leur intervention à la presse, les syndicalistes accusent ArcelorMittal d’avoir détruit des milliers d’emplois sans jamais procéder à leur remplacement.

«Les départs en retraite anticipée se sont multipliés sans jamais songer un instant aux remplacements. Des 18 000 postes de travail initiaux, il n’en demeure plus que 5 600, et encore moins entre 2 000 et 3 000 seulement, n’eut été la vigilance du partenaire social.» Du côté de la production de l’acier, les syndicalistes regrettent le partenariat avec ArcelorMittal : «Ce n’est pas nous qui avons fait venir Ispat.

Ce choix a été décidé par les pouvoirs publics.» Et d’ajouter : «Avant le début du partenariat, l’usine sidérurgique d’El-Hadjar figurait parmi les 3 ou 4 grandes usines d’Afrique, avec celle notamment d’Afrique du Sud et d’Egypte, et était surtout la plus intégrée de toute vu ses nombreuses activités implantées.

C’était, en Afrique, la seule usine assurant l’intégralité du processus de fabrication allant de la cokerie agglomération-haut fourneaux vers les aciéries et ensuite les laminoirs. En 1987, cette même usine avait produit 1,6 million de tonnes d’acier liquide.

Depuis l’arrivée du partenaire, la production a tourné aux alentours d’un million de tonnes et une seule année à 1,2 million de tonnes, mais avec un petit subterfuge : l’ajout massif de pellets au haut fourneau.» Pis, dans leurs révélations, ils affirment : «Depuis ces dernières années, la situation a encore empiré puisque la production atteint difficilement les 700 000 tonnes.

L’Algérie qui était presque le leader africain en termes de production se retrouve 10 ans plus tard dans la queue du peloton. Pour comparaison, notre voisin marocain qui n’avait aucune production d’acier liquide en 2001 va atteindre maintenant une production de 3 millions de tonnes.»

Côté situation financière, ArcelorMittal n’a subi aucun contrôle financier de la part des pouvoirs publics, pourtant détenteurs de 30 % des actions du complexe sidérurgique.

Plus scandaleux encore, selon les syndicalistes, «à l’approche d’octobre 2011 qui portera sur la reconduction ou la fin du partenariat avec ArcelorMittal, aucun bilan moral et financier n’est établi. Pourtant, la convention de partenariat qu’avait signée Ispat, devenu par la suite ArcelorMittal, stipulait clairement que 6 mois avant la fin de la convention, une situation générale financière et matérielle devait se faire».

Nabil Chaoui