Peu importe le successeur de Soltani qui sera élu aujourd’hui à l’issue du 5e congrès du parti, mais l’enjeu est dans la ligne politique que prendra le parti de feu Nahnah, qui désormais ne sait plus à quelle «Qibla» se tourner…
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui tient depuis jeudi son 5e congrès à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, devra élire cet après-midi (aujourd’hui) le successeur de Bouguerra Soltani, président sortant qui a décidé de ne pas briguer un troisième mandat. L’élection du nouveau président du MSP, un parti qui avait mis un pied dans le pouvoir en étant une partie prenante de l’Alliance présidentielle, intervient dans un contexte particulier. D’abord, le successeur de Soltani devra tracer la ligne politique du parti à suivre pour les cinq années du prochain mandat. Sur ce point, il faut noter que le parti de feu Nahnah ne sait plus sur quel pied danser. Le MSP sous le règne de Soltani s’est rangé du côté du pouvoir en adhérant à la fameuse Alliance présidentielle formée, outre cette formation qui s’autoproclame islamiste modérée, du FLN et RND. Mais ce triumvirat a éclaté en janvier 2012 avec le retrait du MSP avec ses prises de position, qui feignait de se ranger à gauche, dans l’opposition. La volte-face de Soltani a terni l’image du parti, discrédité de toutes parts, y compris des militants et cadres du même parti. Suite à quoi, le parti a essuyé de vives critiques de la part de ses militants. Certains ont d’ailleurs claqué la porte en optant pour d’autres formations, d’autres ont fondé leurs propres formations, à l’image de Menasra Abdelmadjid qui a créé le Front du changement (FC). Le MSP s’est distingué ces dernières années par des positions plus ou moins acerbes et critiques, outre le fonctionnement de l’Alliance présidentielle, les réformes politiques engagées par le Président Bouteflika. Par conséquent, le Mouvement ne sachant plus ni de quelle direction souffle le vent ni quel chemin prendre, est à la croisée des chemins. La décision de son retrait de l’Alliance présidentielle a porté un coup dur à la stabilité du parti, divisé entre partisans et opposants à cette option. Le vice-président du MSP, Abderrezak Mokri, donné favori pour succéder à Soltani, avait fait la proposition de se retirer de l’Alliance. Mokri, l’une des personnalités les plus influentes du parti, avait montré son insatisfaction quant à la gestion des affaires de l’Etat. Ceci étant, les travaux du 5e congrès du MSP pour élire un nouveau président se sont poursuis hier à huis clos par l’examen des statuts et de la politique générale du parti. Les participants avaient auparavant adopté le règlement intérieur du congrès et élu son bureau. Le président sortant du MSP, Bouguerra Soltani, a présenté aux 1 400 congressistes son rapport moral sur la période qu’il a passée à la tête du parti (2003-2013). Concernant l’élection du président du Mouvement, ses vice-présidents et membres du conseil de la choura, le président de l’instance nationale, chargée de l’organisation du congrès, Nâamane Laouar, a précisé que l’opération aura lieu samedi (aujourd’hui). Ce dernier a affirmé que «jusqu’ici personne ne s’est porté candidat officiellement». Et de souligner que «chaque délégué répondant aux critères requis pour diriger le Mouvement peut se porter candidat à ce poste». Auparavant, Soltani avait affirmé jeudi à l’ouverture des travaux du congrès que le MSP devrait élargir son champ politique et s’ouvrir aux compétences nationales pour accueillir davantage de jeunes, de femmes et d’étudiants, appelant le Mouvement à se restructurer pour s’adapter à la conjoncture. Notons enfin que le président sortant, Soltani, a déclaré lundi dernier que son retrait de la présidence du parti ne signifie pas sa «retraite» politique. «Mon retrait de la vie politique n’est pas à l’ordre du jour. J’ai encore un rôle politique à jouer…», a-t-il affirmé en réponse à une question relative à sa candidature ou non à la présidentielle de 2014. Interrogé sur ce rôle à jouer et sur sa candidature à la présidentielle, Soltani a expliqué qu’il ne pouvait s’exprimer sur sa candidature avant que la Constitution ne soit révisée. Tout va se savoir dans les prochains jours qui éclairciront les vraies ambitions de Soltani.
Par Yazid Madi