Décidément, nos élèves ont eu droit à une année scolaire pas comme les autres, cette année. Le spectre d’une année blanche n’est pas à écarter.
Depuis la reprise des chemins des classes, en septembre dernier, les mouvements de protestation des professionnels de l’éducation sont cycliques.
Pour aujourd’hui même, les adjoints de l’éducation se joignent aux enseignants. Ils comptent organiser un sit-in devant le ministère de l’Éducation nationale.
Une décision prise après que le département de Benbouzid ait fait la sourde oreille quant à une véritable prise en charge de leurs revendications. En effet, depuis le début de l’année scolaire et les débrayages successifs, les personnels de l’éducation dénoncent le mutisme de la tutelle.
Dans sa politique de fuite en avant, le ministère de l’Éducation nationale a qualifié d’injustifiées les menaces de grève brandies par certains Syndicats d’enseignants dans une lettre ouverte à la communauté éducative rendue publique, hier.
« Au moment où les pouvoirs publics sont en voie de finaliser le dossier du régime indemnitaire du secteur de l’Éducation nationale, certains Syndicats d’enseignants brandissent encore et de manière systématique des menaces de grève », est-il écrit dans cette lettre.
Le ministère qui s’est interrogé sur les motivations de cette attitude, a rappelé que le gouvernement «s’est engagé, par un communiqué rendu public le 15 novembre 2009, à répondre favorablement aux revendications de revalorisation des salaires avec un effet rétroactif applicable à partir de janvier 2008».
Lorsque l’on considère que le ministère de l’Éducation nationale est le premier secteur, à avoir élaboré, en associant l’ensemble des partenaires socioprofessionnels, un projet de régime indemnitaire allant dans le sens de l’amélioration de la condition salariale des enseignants, l’on ne peut que s’interroger sur les véritables motifs de ces menaces », est-il souligné.
Dans cette lettre, le ministère a aussi rappelé que le dossier du régime indemnitaire a fait l’objet d’une prise en charge, sans délai, par la tutelle, ajoutant qu’il a été mené à un rythme soutenu dans le cadre du groupe de travail mixte (ministère-syndicats) mis en place le 17 novembre 2009.
Des propositions ont ensuite été soumises à la commission ad hoc, installée par le gouvernement, dès le mois de décembre 2009, a indiqué le document, affirmant que «ce travail est actuellement dans sa phase finale» et que «les décisions du gouvernement seront annoncées prochainement».
«L’effet rétroactif concernera toutes les primes et indemnités y compris l’indemnité d’expérience professionnelle et pédagogique (IEPP) et l’indemnité d’amélioration des performances pédagogiques (IAPP), depuis janvier 2008 », a-t-on rappelé.
Pour le ministère, même si ce dossier a été déjà finalisé au sein du groupe de travail ministère-syndicats, «il est de l’intérêt des enseignants d’accorder aux pouvoirs publics le temps nécessaire d’une décision devant s’insérer dans le processus global de valorisation des salaires de l’ensemble des agents de la Fonction publique».
Le ministère a estimé que «brandir des menaces de grève, accentuer la pression, en tenant de provoquer des décisions hâtives pour le secteur de l’Éducation et qui ne pourraient qu’être déconnectées du processus global engagé par le gouvernement, desservira inévitablement la cause des enseignants».
La lettre du ministère a rappelé, par ailleurs, les dégâts occasionnés par la grève de 3 semaines lancée le 8 novembre 2009, ayant affecté le programme pédagogique, notamment celui des classes d’examen, jugeant que ces retards ne sont pas encore rattrapés que le spectre d’une nouvelle grève est de nouveau agité.
De plus, face à la décision des pouvoirs publics d’augmenter les salaires des enseignants, actuellement au stade des dernières retouches, rien ne peut justifier le recours à une grève supplémentaire qui aura pour conséquence une diminution irrémédiable des capacités des élèves à faire face aux examens annoncés, a-t-on relevé.
Le ministère a constaté avec regret qu’un secteur aussi stratégique que celui de l’Éducation, nécessitant d’être à l’abri de toute perturbation et protégé par tous les acteurs de la société en vue d’assurer sa stabilité, soit continuellement contraint à faire face de manière récurrente à des actions aussi extrêmes que les grèves.
Il a estimé, également, que ce recours systématique aux grèves vient non seulement contrarier les efforts d’amélioration continue des performances de notre système éducatif mais contribue, également, à saper et annihiler les efforts quotidiens consentis par la majorité des enseignants.
Le ministère a rappelé que durant les périodes de perturbation, il a toujours privilégié le dialogue et la concertation avec ses partenaires socioprofessionnels, ajoutant que « dans un souci d’apaisement, il a souvent fait preuve de magnanimité en annulant ses propres mesures coercitives, prévues par la réglementation, à l’égard des grévistes, comme les retraits sur salaire, les mesures disciplinaires, les retraits de plaintes auprès de la justice.
Il est donc grand temps, pour les enseignants, d’évaluer les avancées passées et à venir, en matière d’augmentation de salaire, mais également de mesurer les effets de la survenue d’un mouvement de grève, de trop, tout à fait injustifié et aux conséquences incalculables aussi bien pour les élèves et leurs parents que la famille éducative, dans son ensemble», a-t-on conclu.
Farid Houali