Mettre fin à l’hégémonie égyptienne
Le sommet des chefs d’Etat de la Ligue arabe, qui va s’ouvrir samedi prochain à Tripoli, abordera un chantier important lié à la réforme de l’institution arabe.
Plusieurs pays, dont l’Algérie, ont proposé une réforme institutionnelle de cette ligue avec la création d’un secrétariat tournant pour mettre fin au monopole égyptien qui dure depuis plus de 30 ans.
Il faut dire qu’à ce niveau, les choses se gâtent.

D’un côté, la diplomatie algérienne a réussi à mobiliser certains pays, à l’instar du Qatar, de la Libye, de la Jordanie et de la Palestine, pour unifier leur position contre le diktat égyptien sur les affaires de la ligue ; de l’autre, des pays, notamment ceux du golfe Persique, préfèrent soutenir dans les coulisses Le Caire. Une guerre de tranchées qui aboutira, selon une source diplomatique arabe, à un compromis.
Pour sa part, l’Algérie plaide pour un secrétariat tournant de la ligue en laissant aux autres membres la possibilité d’élire un SG en toute liberté et transparence.
A cet effet, M. Belkhadem, représentant personnel du président de la République, avait déclaré au cours d’un entretien au journal Chourouk, en janvier dernier, que «c’est le propre de toutes les organisations régionales comme l’Union africaine ou l’Union européenne de faire tourner les postes de responsabilité. Pourquoi cela ne serait-il pas valable pour la Ligue arabe ?»
L’Algérie, qui ne fait pas cavalier seul dans cette bataille, veut obtenir des gages sur les modalités de changement du secrétariat général de la ligue.
D’autres estiment que le siège même de la ligue devrait être transféré dans une autre capitale arabe. En tout état de cause, les Arabes devront trancher.
Beaucoup de conflits à régler
Plusieurs dossiers seront examinés les 27 et 28 mars à Tripoli dans le cadre du 22e sommet des chefs d’Etat arabes.
Ainsi, la situation tendue dans plusieurs pays de la région, dont celle de la Palestine avec le nouveau redéploiement militaire israélien, le conflit soudanais, le climat de guerre civile en Irak, au Yémen et en Somalie ainsi que les tensions sur le dossier nucléaire iranien seront au programme.
Des dossiers difficiles dans un climat délétère de divisions et de querelles entre pays arabes qui ont toujours entretenu les divergences et les clivages. Aussi, l’initiative de paix arabe concernant les pourparlers directs avec Israël est une approche qui divise deux camps.
Les uns favorables, comme les pays du Golfe et l’Egypte, et les autres défavorables, comme c’est le cas des factions palestiniennes (Hamas) et du Hezbollah (Liban) ainsi que la Syrie. Sur la question soudanaise, il est à noter cependant que des pays arabes soutiennent à l’unanimité Omar El-Bachir et font face à des pressions occidentales pour lâcher un Président dont un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui l’été dernier.
Dans le chapitre de la guerre civile en Irak, le positionnement sera difficile, surtout après la récente victoire d’El-Maliki. Il en est de même pour la Somalie et le Yémen où les Arabes vont plaider unanimement d’abord pour l’arrêt des hostilités entre rebelles et leur gouvernement et la pacification ensuite.
Fayçal Abdelghani