Le solaire : Une part insignifiante dans le bouquet énergétique national

Le solaire : Une part insignifiante dans le bouquet énergétique national
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Depuis la préhistoire, l’Homme a eu toujours besoin de l’énergie ; d’abord pour se réchauffer, par les rayons du soleil, par le feu créé naturellement par la foudre, par la lave des volcans, pour survivre face aux hivers rigoureux. Ensuite à l’aide des techniques naturelles et préhistoriques que l’Homme primitif a inventé pour faire face à ses besoins naturels : chasser, pécher, manger, boire, construire, dormir, casser, couper, allumer un feu, soulever, se déplacer, etc.

Il n’y a pas si longtemps, au 19èmesiècle, les principales rues des grandes villes étaient éclairées par des lampadaires à torche. Par la suite, le charbon constituait la principale ressource d’énergie pour faire fonctionner les usines, les centrales électriques, les transports terrestres et maritimes, le chauffage domestique et industriel.Cette ressource conventionnelle, lourde, contraignante, couteuse et difficile à extraire, s’est épuisée au fil du temps.

De nos jours, pour alimenter toutes les grandes villes et les agglomérations, et répondre aux besoins en énergie électrique, l’Homme utilise les différentes techniques modernes basées sur l’utilisation des énergies fossiles (pétrole, gaz, uranium) et des énergies renouvelables, telles que le solaire, l’hydraulique, l’éolien, la biomasse et la géothermie. Ces ressources renouvelables sont obtenues suite à des conversions :

-Photovoltaïque, thermique et thermodynamique pour le rayonnement solaire.

LG Algérie

-Electromécanique de la force de l’eau

-Mécanique et électromécanique pour l’énergie

du vent.

-Par la fermentation méthanique et alcoolique ou par combustion, carbonisation et gazéification

pour la biomasse.

-Par la récupération de la chaleur pour l’énergie géothermique.

Le phénomène des gaz à effet de serre qui est à l’origine du réchauffement climatique de la planète, du essentiellement à l’utilisation des énergies fossiles, la réduction des réserves des hydrocarbures conventionnels et leurs chertés ont poussé les chercheurs de par le monde à créer ou à relancer d’autres formes de ressources d’énergie, propres et non polluantes. Et aussi à réfléchir sur la manière de réduire la production énergétique d’origine fossile,

à économiser et à maitriser la consommation d’énergie électrique et à mettre en œuvre une politique d’efficacité énergétique.

Certains pays, pour répondre à leurs besoins actuels et futurs, et aussi en raison de l’inexistence de ressources conventionnelles dans leurs territoires, ont depuis longtemps mis des moyens considérables pour la promotion de l’utilisation des énergies renouvelables, et ont mis en place des mesures incitatives de réduction de la consommation énergétique et mis en œuvre des politiques d’utilisation rationnelle et efficace de l’énergie électrique et gazière.

Le solaire, l’énergie de demain,

qu’en est-il au juste en Algérie ?

Le solaire se développe et progresse dans le monde d’année en année. Même si sa part dans le bouquet énergétique mondial reste encore relativement peu important par rapport aux énergies fossiles et aux autres sources d’énergie. A titre indicatif, le fossile représente 67,2 % de la production énergétique mondiale, suivi de l’hydraulique avec 16, 1%, du nucléaire avec 13,5 %, de l’éolien avec 1,4 %, de la biomasse avec 1,2 %, de la géothermie avec 0,3 %, des déchets non renouvelables avec 0,2 % et enfin du solaire avec 0,1 %. L’énergie solaire reçue par la terre vaut, environ, 10.000 fois la quantité totale d’énergie consommée par l’ensemble de l’humanité. En d’autres termes, capter 0,01% de cette énergie nous permettrait de nous passer du pétrole, du gaz, du charbon et de l’uranium.

ans beaucoup de pays, qui souvent ne bénéficient pas d’un ensoleillement aussi favorable qu’en Algérie, l’énergie solaire gagne en signification à une vitesse exponentielle. La croissance moyenne mondiale du marché a été de 33% au cours des dix dernières années. Produire de l’électricité avec le rayonnement solaire n’est plus une utopie mais bien une réalité avec des industries de la branche solaire en plein régime. A titre d’exemple, en Allemagne la puissance totale installée ne cesse d’augmenter et des taux de croissance à deux chiffres sont encore attendus dans ce pays, en Espagne, en Chine et dans les pays asiatiques, ainsi qu’aux Etats-Unis, dans les années à venir. Le développement technique poursuivi des composants des produits et des processus de fabrication a eu pour effet que les prix des composants des installations photovoltaïques ont fortement diminué au cours des dernières années. De nouveaux procédés de fabrication des cellules solaires et la combinaison des diverses techniques augmentent le rendement énergétique des installations modernes.

En Algérie bien que les conditions géographiques, climatiques et météorologiques soient très favorables, l’énergie solaire n’a pas encore percé et ce marché demeure encore presque vierge.

Les trois formes de l’énergie solaire : le solaire

photovoltaïque, le solaire thermique et le solaire thermodynamique :

Le solaire photovoltaïque transforme directement le rayonnement du soleil en électricité grâce à des panneaux solaires. Dans la pratique, une cellule photovoltaïque reçoit la lumière solaire et la transforme en électricité par le biais d’un semi-conducteur, le plus souvent du silicium.

Plusieurs cellules constituent un module photovoltaïque produisant un courant continu, stocké dans des batteries, ensuite transformé en courant alternatif par un onduleur. Les modules peuvent être utilisés dans des petites installations ou de grandes centrales. Le solaire thermique est le captage du rayonnement du soleil qui le transforme en chaleur; des capteurs thermiques chauffent la maison ou l’eau chaude sanitaire.

La chaleur émise par le soleil peut être utilisée directement. Il s’agit de dispositifs opérant à basse température (moins de 100 °C) pour les usages de l’habitat, du secteur tertiaire et de l’industrie. C’est aujourd’hui la part prépondérante du solaire dans le monde. On utilise des capteurs thermiques, destinés à absorber la chaleur solaire et à la restituer à un fluide caloporteur qui circule vers les lieux d’utilisation. Différents types de capteurs vont des plus simples pour les usages domestiques aux plus sophistiqués pour les installations industrielles.

Le solaire thermodynamique à concentration: La chaleur collectée à partir du rayonnement solaire peut également être utilisée pour fabriquer de l’électricité à une échelle industrielle. On a alors recours à de vastes centrales au sol, appelées centrales thermodynamiques .

Elles sont dotées de dispositifs de miroirs qui concentrent les rayons solaires et les convertissent en chaleur à très haute température. Cette chaleur est transformée en énergie mécanique puis en électricité, selon un

processus identique à celui des centrales thermiques et nucléaires.

Potentiel solaire en Algérie

Notre pays possède un des gisements solaires des plus élevés au monde, de part sa position géographique et dispose de plus de 2500 heures d’ensoleillement en moyenne par an sur une très grande partie de son territoire. La durée d’ensoleillement sur la quasi-totalité du territoire national dépasse les 2500 heures annuellement et peut atteindre les 3900 heures (Hauts plateaux et Sahara). L’énergie reçue quotidiennement sur une surface horizontale de 1 m2 est de l’ordre de 5 KWh sur la majeure partie du territoire national, soit prés de 1700KWh/m2/an au Nord et 2263 kWh/m2/an au Sud du pays.

Pour toutes ces raisons citées ci-dessus, l’impact social avec la sédentarisation et la diminution de l’exode rural et la création de milliers d’emplois directes et indirectes, ainsi que celui sur l’écologie avec une forte diminution de la pollution, font que le recours à l’énergie solaire soit la solution la plus évidente et la plus rationnelle.

D’ailleurs les autorités politiques l’avaient déjà compris dans les premières années 2000 en promulguant la «Loi n° 04-09 du 14.08.2004 Relative à la promotion des énergies renouvelables dans le cadre du développement durable ».

Mais pourquoi ces mêmes autorités n’ont pas appliqué cette loi et n’ont pas investi dans les énergies renouvelables et notamment le solaire ?

Plus d’une décennie après, mise à part le solaire photovoltaïque, utilisé à titre individuel dans certaines localités isolées du sud du pays, les grandes centrales solaires industrielles thermiques et thermodynamiques n’existent toujours pas en nombre sur le territoire algérien. Et pourtant, le gisement solaire

en Algérie est l’un des plus importants au monde. Encore marginale dans le bouquet énergétique national, l’énergie solaire regroupant le photovoltaïque, le thermique et le thermodynamique, apparaît comme une énergie majeure de l’avenir. Inépuisable, universelle, flexible, elle se développe partout dans le monde à un rythme exponentiel.

Le Sud algérien, principale charnière du développement des énergies renouvelables

Avec son immense potentiel solaire, le Sud algérien constitue la principale charnière du programme national de développement des énergies renouvelables sur lequel l’Algérie mise pour diversifier son mix énergétique. Avec un ensoleillement annuel moyen évalué à 2.000 heures et un territoire composé à 86% de désert saharien, la puissance solaire de l’Algérie est estimée à environ 2.650 KWh/m²/an dans le sud, ce qui correspond à une capacité électrique huit fois supérieure aux réserves de gaz naturel du pays, et au plus grand champ solaire du monde. Selon des estimations du ministère de l’Energie, la projection d’installation des sites de production de l’énergie « verte » a été, récemment, revue à la hausse puisque l’Algérie table désormais sur une production de 25.000 MW d’origine renouvelable. L’Algérie est en mesure de mener à terme ce projet d’envergure pour produire d’ici à 2030 plus d’un tiers des besoins du pays en électricité à partir de sources renouvelables. Le gouvernement est décidé à diversifier le bouquet énergétique du pays en optant pour l’énergie solaire malgré ses coûts très élevés, actuellement, qui oscillent entre 10 à 12 DA le kilowattheure contre 2,5 DA kWh pour l’électricité produite à partir du gaz. Il y a lieu de souligner que l’Algérie s’est déjà dotée de sa première centrale hybride (gaz-solaire) à Hassi R’mel (avec une capacité de 150 MW, dont 120 MW à partir du gaz et 30 MW

par le solaire thermodynamique) mise en service en 2011 ainsi qu’un parc éolien de 10 MW à Adrar opérationnel depuis juillet 2014. Ces deux installations font partie d’une soixantaine d’autres projets à réaliser d’ici 2030 pour un investissement de près de 120 milliards de dollars, dont 60 milliards consentis par les pouvoirs publics.

Développement considérable du Solaire dans le Monde :

Les principaux producteurs d’énergie à partir de la ressource solaire sont la Chine, les USA, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, l’Autriche et la Grèce. La Chine est largement en tête des pays producteurs de chaleur d’origine solaire ; plus de 200 millions de Chinois disposent déjà d’un chauffe-eau solaire. La capacité de chauffage d’eau solaire de la Chine atteindrait ainsi l’équivalent de 40 centrales nucléaires. Aux Etats-Unis, les capteurs solaires sont essentiellement destinés au chauffage de l’eau des piscines, à la ventilation des bâtiments commerciaux et industriels, au chauffage par air et aux applications spécifiques du secteur agricole. Les déserts de Californie connaissent depuis peu une véritable ruée vers « l’or thermique » et de nombreux grands projets de centrales solaires y fleurissent. L’ESTIF (European Solar Thermal Industry federation) prévoit un développement considérable du secteur dans les années à venir, en particulier sur le pourtour méditerranéen. Le marché européen est très diversifié, le solaire thermique y est utilisé pour l’eau chaude, le chauffage, la climatisation et le refroidissement. La fédération des industriels européens du solaire thermique, estime que le parc solaire thermique atteindra une puissance installée de 320 000 MW à l’horizon 2020, soit une surface équivalente de 450 millions de m². Cette puissance devrait couvrir les besoins en eau chaude sanitaire et en chauffage de plus de 50 millions de foyers européens.

La consommation nationale d’énergie en constante augmentation

La demande énergétique en Algérie s’est accélérée et va peser lourdement sur les arbitrages à venir; Selon le bilan énergétique national de l’année 2013, publié par le Ministère de l’énergie, la consommation nationale d’énergie est passée de 50,6 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) en 2012 à 53,3 Mtep en 2013. Elle représente 36 % de la production nationale; cette consommation d’énergie est répartie en 35% de gaz naturel, suivi par les produits pétroliers avec 30% et l’électricité avec un taux de 28%. Cela veut dire que le volume dédié à l’exportation évalué à 64% de la production nationale ne cesse de diminuer devant l’augmentation de la consommation intérieure nationale. Les pouvoirs publics doivent donc trouver un mécanisme tendant à faire réduire la consommation intérieure, à utiliser d’autres formes d’énergie et notamment les énergies renouvelables, et enfin appliquer une politique d’économie d’énergie et d’efficacité énergétique au niveau national. A cet effet, l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar a déclaré : « En prenant en compte le niveau des réserves probables et possibles, si rien n’est fait en termes d’exploration et en termes d’efficacité énergétique d’ici 2019-2022, l’Algérie pourrait ne plus honorer ses engagements à l’export à partir de 2030» .

Le décalage horaire universel peut s’avérer un instrument potentiel et fructueux en matière d’économie et de maitrise d’énergie, et de non émission de gaz à effet de serre en Algérie. Actuellement réglé à GMT+1, l’horaire universel pourrait être porté conventionnellement à GMT+2, du mois de mars au mois d’octobre, soit huit mois dans l’année. Toutes les périodes de forte demande d’énergie électrique seront décalées et réduites en temps. La « Pointe industrielle » estivale aurait lieu entre 13h00 et 15h00, et le pic de la « Pointe lumière » serait entre 23h00 et minuit, période ou commence la baisse de charge avec l’extinction de l’éclairage des foyers et l’arrêt des activités ménagères, et notamment lors des périodes de canicule des mois de juillet et d’aout. Ce décalage horaire équivaudrait à une économie d’énergie appréciable, significative et d’une quantité exponentielle dans le temps. L’énergie non consommée par les éclairages publique et domestique, à l’aube et au coucher du soleil, ajouté à la réduction de la durée nocturne de veille, représentent un gain énergétique relativement important sur l’ensemble du pays, donc une production d’électricité quantitative en moins sur le réseau électrique national. Cette opération entrainerait également une économie conséquente sur le carburant non utilisé par les centrales électriques et une réduction importante d’émission de gaz à effet de serre (GES) en Algérie. A titre indicatif, on estime que l’action du décalage horaire en France permet significativement de diminuer la consommation annuelle énergétique. Les économies réalisées chaque année sont estimées à 250.000 TEP (tonnes équivalent pétrole), soit une énergie électrique annuelle de 2.700.000 MWH (Mégawatheure), et une économie de 1.750.000 barils de pétrole.

Il est important de rappeler que le décalage horaire est appliqué par un grand nombre de pays depuis les années 1970. L’Allemagne et l’Angleterre sont les premiers pays à instaurer ce changement d’horaire en 1916. Mais c’est en 1784 que Benjamin Franklin a évoqué pour la première fois la possibilité de décaler les horaires afin d’économiser l’énergie. A cette époque, c’était une opération d’économie de bougies et de torches à huile. Si l’heure d’été a été maintenue jusqu’à nos jours en Europe et un peu partout dans le monde, c’est que les pays qui l’appliquent en tirent un bénéfice et une rentabilité économique conséquents en matière d’économie

d’énergie.

Le CDER appelle à la levée des obstacles

Le démarrage et la promotion de l’exploitation des énergies renouvelables peinent à prendre la route, preuve en est ce communiqué rendu public, en ce début du mois de février 2015, par le Centre de Développement des Energies Renouvelables (CDER) qui appelle les pouvoirs publics à lever les contraintes empêchant les entreprises du secteur public et privé de s’impliquer davantage dans la réalisation du programme national de développement de ces énergies. Le CDER souligne que «Les barrières d’ordre administratif ou celles liées au code des marchés publics doivent être levées afin de donner la priorité aux entreprises nationales, publiques et privées, dans la passation des marchés de réalisation des nombreux projets du renouvelable». Exprimant son regret de voir «des marchés octroyés aux sociétés multinationales», le CDER relève que des panneaux solaires photovoltaïques, fabriqués en Algérie, avec une capacité de production dépassant les 50 MW/an et une certification de leur qualité par des organismes internationaux, ne trouvent malheureusement pas preneur. Et de faire remarquer qu’il n’est pas économiquement viable pour des entreprises de taille assez importante de soumissionner pour des petits projets d’installation de kits solaires de quelques kilowatts pour écouler leurs produits, alors qu’elles devraient installer des centrales de capacité à l’échelle industrielle. Selon le CDER, la réalisation des nombreuses centrales de plusieurs mégawatts prévues dans le cadre du programme du gouvernement devrait permettre l’émergence d’une forte industrie du renouvelable en Algérie.

Que faut-il faire pour se préparer au monde de demain ?

On doit dès à présent aller vers une transition énergétique qui nous conduira au développement durable. Le modèle énergétique nous commande plusieurs actions ; d’abord agir contre le gaspillage dans toutes ses formes et l’obligation d’être économe. Le plus grand gisement d’énergie est celui des économies d’énergie. Le gaspillage d’énergie, du fait d’une climatisation excessive et d’un éclairage inutile, est à l’origine d’une consommation d’électricité jamais égalée en Algérie.

L’Etat doit procéder à mettre en œuvre un modèle énergétique qui fait appel à toutes les énergies disponibles ; à côté des énergies fossiles, pétrole et gaz naturel, les énergies renouvelables représentent moins de 1% du bilan électrique national. Une transition énergétique bien élaborée permettra d’aller vers le développement durable en mettant en place un mix énergétique, un bouquet énergétique où chaque énergie sera développée rationnellement. Le développement des immenses richesses du Sahara va pouvoir alléger et équilibrer la demande intérieure sans cesse croissante du secteur énergétique ; Le Sahara est un écosystème unique ou il y a une vie, il y a une flore, il y a des habitants.

La plus grande richesse au Sahara c’est l’eau, source de vie. Nous sommes à la latitude de la Californie qui est un véritable jardin ou de Marrakech, un autre jardin dans le désert, et il ne tient qu’à nous d’en faire de même. La formation des hommes et des femmes est aussi un aspect important dans la concrétisation du développement durable et de l’efficacité énergétique; Il nous faut commencer à l’école pour former l’éco-citoyen de demain. Nous devons former des milliers d’ingénieurs, de techniciens, d’architectes, de sociologues autour d’un défi, celui de permettre à l’Algérie de se développer et de ne pas rester à la traine dans le domaine des énergies renouvelables. La stratégie pour un développement durable devrait concerner tous les Algériens, sociétés civiles, universitaires et partis politiques .

le Professeur d’Université Salhi Essaid, Ecole Nationale Polytechnique d’Alger.

l Algérie Confluences: Pouvez-vous nous éclairer sur l’historique des énergies renouvelables dans le monde et en Algérie ?

Salhi Essaid : Vers l’année 1956, le besoin énergétique des fusées spatiales et les satellites en orbite a incité les chercheurs à développer les panneaux photovoltaïques « PV » même avec un faible rendement de 9%, alors qu’actuellement il est de 18% pour le silicium polycristallin, et la recherche aspire à l’augmenter. Etant donné que le besoin en panneaux PV était limité, la purification du silicium était pratiquement artisanale par des méthodes chimiques au sein de l’Industrie spatiale. En 1973 la première maison alimentée par des cellules photovoltaïques est construite à l’Université du Delaware. En 1983, la première voiture alimentée par l’énergie photovoltaïque parcourt une distance de 4 000 km en Australie. En 2001 les toits photovoltaïques ont été généralisés au Japon et en Allemagne.

Vers les années 2000, a eu lieu la ratification progressive du protocole de Kyoto par plusieurs pays. Pour rappel, ce protocole dans sa globalité a pour but de réduire les gaz à effet de serre qui se traduit par le développement de l’énergie durable. Ceci a provoqué un dynamisme mondial de l’énergie solaire qui s’est traduit également par le développement de plusieurs axes de Recherche afin de réduire le prix. Les parties technologiques essentielles les plus coûteuses sont bien la carboréduction de la silice, la purification du silicium et le dopage. A ce jour pour découper les wafer « cellule », on perd 50% du lingot de silicium. Depuis le protocole de Kyoto, le moment d’inertie de l’Algérie est très faible. A titre d’exemple à l’époque 2005-2007, les décrets étaient déjà ficelés par le gouvernement français pour les subventions et l’achat de l’électricité par l’EDF. En Italie, en Grèce, pays très ensoleillés, le photovoltaïque sur les maisons est très apparent depuis plusieurs années.

l Des statistiques montrent que les énergies renouvelables, en général, et le solaire, en particulier, se développent et progressent dans le monde, qu’en est-il en Algérie ?

Vers les années 1980, les entreprises d’électricité et les gouvernements de la plupart des pays développés ont offert des subventions et des réductions pour encourager les propriétaires à investir dans l’énergie solaire à leur maison, alors qu’en Algérie ce n’est qu’en 2014 qu’un décret est apparu pour que sonelgaz puisse acheter l’excès d’énergie éolienne et photovoltaïque issue des particuliers. Cependant, pour ce qui est de l’installation du photovoltaïque assez coûteuse, il n’est pas prévu encore de subvention. Donc, les citoyens n’ont pas d’engouement pour installer cette énergie intermittente de 2000 heures par an de soleil correspondant à 83 jours. Pour les sites isolés sans une batterie, vous n’avez pas d’électricité pendant la nuit et les journées nuageuses. Pour ceux qui sont alimentés par le réseau Sonelgaz, cette énergie solaire reste complémentaire, et le surplus serait acheté par cette entreprise publique. En Allemagne après leur option de délaisser le nucléaire, ce pays a certes moins de soleil que l’Algérie a opté pour les 2 énergies intermittentes aussi bien pour l’éolien individuel et pour les centrales éoliennes. Le photovoltaïque présente une maturité scientifique insuffisante et plusieurs axes de recherche sont en cours pour améliorer et rentabiliser cette technologie. Sans oublier que l’énergie hydraulique est très développée dans toute l’Europe, alors qu’en Algérie, elle est complètement abandonnée. Ségolène Royale Ministre française actuelle de l’Ecologie est entrain de bousculer le gouvernement et l’Assemblée Nationale pour ratifier les décrets sur la transition énergétique qui englobe toutes les énergies renouvelables « Eolien, solaire, biomasse…. ».

l Pourquoi ces choix stratégiques dans la mise en œuvre du Solaire en Europe et dans le monde depuis un certain nombre d’années ?

En Europe toutes les Energies Renouvelables ont de la considération car elles sont subventionnées depuis longtemps. L’idée d’être propriétaire de sa propre énergie est ancrée dans l’esprit des citoyens. Donc, en Algérie, on revient à la pédagogie de la politique de la transition énergétique qui n’est pas encore convaincante de la part de nos gouvernants vis-à-vis du citoyen.

Le continent européen et plusieurs pays envisagent l’indépendance énergétique. Ainsi, nous vous informons que le vecteur énergétique d’hydrogène commence à prendre place qui aura bientôt un impact sur le transport et la réduction de la pollution en particulier dans les grandes villes. L’utilisation de l’hydrogène passera à l’échelle industrielle dès l’année 2020 dans la plupart des continents et l’énergie fossile ne sera plus à sa première place. Les voitures à hydrogène feront bientôt leur apparition sur les autoroutes européennes et américaines. Ainsi, dans quelques années l’encouragement de l’utilisation de véhicules propres à l’échelle mondiale serait concrétisé et une prime conséquente prendra place pour l’abandon d’un véhicule diesel au profit d’une voiture à hydrogène.

l La Loi n° 04-09, relative à la promotion des énergies renouvelables dans le cadre du développement durable, date du 14.08.2004, estimez-vous, après onze années de sa promulgation, qu’il existe des avancées dans la mise en œuvre de projets dans le solaire ?

Dans la loi N°04-09 figure théoriquement et effectivement, toutes les énergies photovoltaïque, solaire thermique, biomasse, méthanisation, éolien, géothermie, et même l’hydraulique qui a été complètement abandonnée par nos gouvernants. Il est connu que l’eau des barrages est une énergie stockée. Actuellement il existe 84 barrages de capacité de 8 milliard de m3 conçus depuis l’indépendance. Ces nouveaux ouvrages s’ajoutent aux 14 barrages hérités de l’époque coloniale. Le gouvernement a renoncé à la production de l’électricité à partir des barrages. Il a décidé de fermer à terme les centrales hydroélectriques du pays et de consacrer les barrages produisant de l’électricité à l’irrigation et à l’alimentation de la population en eau potable. Initialement, je pense qu’il y a beaucoup de manque de textes législatifs et les mécanismes de passage à la pratique sont à l’arrêt.

l La demande énergétique en Algérie s’est accélérée ces dernières années, pensez-vous que cette croissance énergétique intérieure va peser sur les arbitrages à venir du gouvernement ?

Depuis la promulgation de la loi 04-09 à ce jour le constat est nul, les prévisions énergétiques de 2030 pour l’Algérie sont très ambitieuses, et l’avenir nous le dira. L’Etat veut combler le déficit énergétique en particulier par de nombreuses centrales photovoltaïques qui nécessitent des kilomètres carrées de surface, avec un prix plus élevée que l’éolien. Ces mégaprojets de photovoltaïque solaire présenteront une autre gaffe dépensière pour l’Algérie dont les conséquences graves seraient mis à découvert à travers les différents coûts d’installation, les coûts de l’exploitation avec les nombreux arrêts des centrales photovoltaïques dûs à la maintenance, sachant bien que la durée de fonctionnement ne dépasse pas en moyenne 2000 heures par an correspondant à seulement 83 jours sur les 365 jours de l’année. Malheureusement, la publicité du savoir-faire et de l’autosatisfaction dans les réseaux d’information ne cesse de s’amplifier pour vanter les décisions laborieuses du gouvernement. Nous préconisons pour le moment de laisser le photovoltaïque aux particuliers ayant déjà le réseau sonelgaz et pour les sites isolés. Par contre oui pour les centrales éoliennes, oui pour les centrales de valorisation des déchets et oui pour les centrales thermiques solaires dites thermodynamiques. Mais de grâce laissons de côté les centrales photovoltaïques. Concernant le gaz de Schiste , je préfère ne pas faire de commentaires, car il y en a eu suffisamment pour conclure un NON pour des raisons de manque de maturation scientifique de la technologie, l’incidence environnementale prouvée et la rentabilité n’est pas

assurée.

l Certains pays dans le monde et même nos voisins, le Maroc et la Tunisie, investissent dans le solaire thermodynamique à concentration, qu’en est-il de l’Algérie ?

Il n’y a qu’une seule centrale thermodynamique hybride en Algérie et se trouve à Hassi-Rmel où une publicité de grande ampleur a été faite il y a quelques années. Ses performances à ce jour ne sont pas connues, sachant bien qu’aux USA, ces technologies sont très développées. Ce sont des systèmes de production d’énergie qui permettent de concentrer l’énergie solaire à l’aide de miroirs en un point précis atteignant une température de vapeur considérable. Une production électrique est alors possible via, entre autres, des turbines à vapeur. L’irrégularité propre de l’énergie solaire peut être contournée, soit en stockant de la chaleur avec un réservoir de fluide chaud soit en hybridant les concentrateurs solaires avec une centrale thermique classique au gaz en utilisant la chaudière, et la chaleur solaire nourrit la même turbine à vapeur. Effectivement c’est une technologie intéressante qu’il faut programmer au sud algérien sous réserve que cette centrale soit en moyenne à 70% solaire et 30% gaz.

l Dans une de vos contributions dans un quotidien national, vous préconisez un mix énergétique « Solaire-Eolien ; quel est l’intérêt de cette technique ?

On sait que les deux énergies sont intermittentes, donc chacune d’elle seule n’arrivera jamais à satisfaire les besoins 24 sur 24h. Ainsi, il est recommandé de mixer les deux du fait statistiquement, le vent existe beaucoup plus la nuit que le jour et donne une vitesse du vent beaucoup plus en hiver qu’en été. On retrouve également une vitesse de vent importante sur les hauteurs. Cependant, seul un cas particulier peut se présenter où l’énergie serait à zéro, c’est lorsque des périodes anticycloniques ont lieu la nuit. Ce sont deux technologies complémentaires qui réduisent fortement l’intermittence et permettent surtout dans les sites isolés avec de fortes probabilités de bénéficier de l’énergie en permanence .

Par Rachid Moussaoui