Le sociologue français a vécu en Algérie durant les années 1950 : Une BD Doc sur les traces de Pierre Bourdieu en Algérie

Le sociologue français a vécu en Algérie durant les années 1950 : Une BD Doc sur les traces de Pierre Bourdieu en Algérie

Écrit par NAZIM BRAHIMI

Les enquêtes menées par le sociologue français Pierre Bourdieu (1930-2002) en Algérie durant les années 1950 feront l’objet d’un ouvrage en bande dessinée documentaire qui paraîtra en 2020 chez les éditions Steinkis. Le travail est réalisé par Pascal Génot, auteur-scénariste et docteur en sciences de l’information et de la communication.

L’auteur est parti ainsi sur les traces de Pierre Bourdieu qui a vécu une expérience en Algérie durant la guerre de libération. Appelé pour son service militaire, puis enseignant à l’université d’Alger, Bourdieu a mené une série d’enquêtes sociologiques et ethnologiques approfondies, considérées à l’origine d’une réinvention des sciences sociales.

Pascal Génot, au détour d’une présentation de son travail à l’IFA, a évoqué quelques facettes de Pierre Bourdieu et de l’attachement qu’il avait cultivé avec l’Algérie jusqu’à dire : «En Algérie, je me suis retrouvé moi-même». Pour le conférencier, le génie de Pierre Bourdieu était justement d’avoir compris que l’Algérie constituait un terrain fécond pour des études anthropologiques contrairement à ce que soutenaient alors des anthropologues du courant structuraliste dont le chef de file était Claude Levy Strauss. S’agissant de l’intérêt particulier qu’accordait Pierre Bourdieu à la Kabylie dans ses enquêtes, l’orateur a expliqué que cela tient davantage à sa rencontre avec Abdelmalek Sayad (1933 -1998), brillant sociologue issu de cette région et qui lui servira de guide et d’interprète dans la région dans l’accomplissement des travaux de recherche menés par l’équipe constituée autour de Pierre Bourdieu. «La rencontre avec Abdelmalek Sayad a été déterminante dans le choix porté par Bourdieu sur la Kabylie pour comprendre la société algérienne», dira le conférencier, qui a souligné l’intérêt qu’a toujours porté Pierre Bourdieu sur les clivages qui pèsent dans la définition des rapports au sein de la société.

Une référence incontournable en sciences humaines et sociales

Interrogé en marge de la présentation sur la place qu’occuperait actuellement la sociologie de Pierre Bourdieu, le conférencier dira qu’elle «reste aujourd’hui une référence incontournable en sciences humaines et sociales» en offrant «un socle de concepts et de méthodes qu’on ne peut pas ignorer». Autrement dit, la sociologie de Pierre Bourdieu constitue «une des bases importantes de la sociologie contemporaine», relevant que cette sociologie «a pris naissance en Algérie». «Le travail qu’a mené Pierre Bourdieu entre 1958 et 1960, ensuite toute l’exploitation qu’il va faire de ses travaux jusqu’aux années 1990, part vraiment de ce qu’il a pu étudier, observer, recueillir comme entretiens, statistiques, de la société algérienne, du tournant de la fin des années 1950 et début des années 1960», a-t-il noté. Selon Pascal Génot, l’Algérie «constituait l’environnement et le terreau où va commencer à émerger ce qui, plus tard, retravaillé et approfondi, donnera la sociologie de Pierre Bourdieu», d’où la conclusion selon laquelle «le germe de sa pensée se situe en Algérie».

Les grilles de lectures privilégiées par Pierre Bourdieu peuvent-elles être utiles pour comprendre les mutations actuelles de la société algérienne ? Pour Pascal Génot, là où Pierre Bourdieu peut être d’un apport pour la recherche sociologique, ce n’est pas seulement en termes de grille de lecture. C’est plutôt en termes de pistes de travail. «Il est intéressant de se plonger dans ce que Bourdieu et Sayad peuvent décrire sur la société algérienne d’il y a plus d’un demi-siècle pour interroger la société actuelle. Cela ne veut pas dire qu’on va trouver les mêmes choses. Mais cela va donner des pistes et des indices de recherche plus que des grilles de lecture qu’on va appliquer de manière rigide», avise-t-il.

S’agissant de la genèse de l’idée de cette BD Documentaire, Pascal Génot a raconté à Reporters les péripéties d’un tel projet. «En fait j’ai découvert l’Algérie en plusieurs étapes. Au départ (2005-2008) j’ai coécrit une BD qui est un polar urbain appelé «Sans pitié» qui se situe principalement à Marseille, mais dont le fond de l’histoire remonte à la guerre d’Algérie», témoigne-t-i, ajoutant vouloir venir en Algérie «pour faire des repérages visuels, mais à peine sortie de la décennie noire, ce n’«était pas si facile de venir en Algérie». Puis parallèlement à son activité de scénariste, M. Génot a soutenu une thèse en sciences de la communication qui porte sur le rapport entre patrimoines culturels et identité. Ensuite, il sera invité par les organisateurs du Festival du film amazigh en 2011 à donner une conférence à Azzefoun (Tizi Ouzou) où il rencontre des gens qui l’ont mis en contact avec ceux du Festival international de la BD d’Alger. A partir de là commença une relation de collaboration entre lui et le FIBDA. Et c’est à partir de ce fond relationnel que nait un désir de raconter quelques choses à propos de l’Algérie sans savoir quoi raconter au juste. «Un jour, alors que je feuilletais des brochures, il y a un hommage à Mouloud Feraoun, édité par le festival du film amazigh. Dans cet hommage, il y a une photo de Feraoun avec Bourdieu prise en 1959 dans une école à Salembier (El Madania actuellement). Et je me suis poser la question de savoir que fait Bourdieu à Alger en pleine guerre d’Algérie (1954-1962). Et je me suis vite dit que c’est ce que je vais raconter», témoigne-t-il. Le projet d’une BD documentaire sur Pierre Bourdieu et ses travaux en Algérie était né à cet instant-là. Ce roman graphique documentaire, intitulé «Bourdieu, une enquête algérienne» et dont les dessins sont assurés par Olivier Thomas, est soutenu par l’Institut français d’Algérie, l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), le Festival international de la Bande Dessinée d’Alger et l’association FilmFabrik.

FESPACO 2019

La 26e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision –FESPACO de Ouagadougou (Burkina Faso), qui coïncide avec le 50e anniversaire de ce rendez-vous cinématographique, est prévue du 23 février au 2 mars 2019. Le critique de cinéma, professeur des universités et producteur, Ahmed Bedjaoui, présidera le jury long-métrage Fiction.

M. Bedjaoui l’a notamment annoncé mardi soir sur sa page facebook, rappelant que les organisateurs ont tenu une conférence de presse, le mardi 15 janvier à Paris au siège de l’UNESCO, pour annoncer les grandes lignes de cette édition. Côté compétition, «Jusqu’à la fin des temps» de Yasmina Chouikh sera en compétition avec 22 autres longs-métrages en provenance de 16 pays.

Festival du film latino-américain d’Alger

Pour la deuxième année consécutive, l’Institut Cervantes d’Alger, en collaboration avec les ambassades d’Argentine, du Brésil, du Chili, de Colombie, de Cuba, du Mexique, du Pérou et du Venezuela, organise le Festival du film latino-américain d’Alger, et ce, du 31 janvier au 31 mars 2019, à raison d’une projection tous les jeudis à 18h. Tous les films seront projetés, en version originale sous-titrés en français, à l’auditorium de l’Institut Cervantes d’Alger (9, rue Khelifa Boukhalfa, Alger).

Au programme : le film colombien «Mamá» (jeudi 31 janvier), le film argentin «El secreto de sus ojos» (jeudi 7 février), « le long-métrage brésilien «Durval discos» (jeudi 14 février), la production chilienne «Dawson isla 10» (jeudi 21 février), le film cubain «Contigo pan y cebolla» (jeudi 28 février), le long-métrage mexicain «Post tenebras lux» (jeudi 7 mars), le film péruvien «El Acuarelista» (jeudi 14 mars), et le film vénézuélien «Diario de bucaramanga» (jeudi 21 mars). Entrée libre.

Appel à candidature : Prix Mohammed-Dib

Le Conseil du prix Mohammed Dib lance un appel à candidatures en vue de l’obtention du prix littéraire Mohammed Dib 2020. Cette session récompensera un recueil de nouvelles ou un roman pour chacune des trois versions proposées à concours : arabophone, amazighophone et francophone. Les dossiers de candidatures accompagnés des œuvres en version PDF, ainsi que la couverture du roman (scannée), doivent être adressés au plus tard le 7 janvier 2020, avant 20h, à : contact@lagrandemaisondedib.com. Deux exemplaires de la même œuvre en version papier, devront également être déposés ou envoyés au plus tard le 7 janvier 2020, à : Association culturelle La Grande Maison. EL Mechouar- BP 364. Tlemcen 13000 (tous les jours sauf le vendredi et le samedi, de 14h30 à 17h30), sous pli recommandé, le cachet de la poste faisant foi. Le Conseil du prix Mohammed Dib procèdera à l’évaluation des œuvres «en privilégiant la valeur littéraire et esthétique et la contribution au rayonnement des Lettres algériennes». Toute œuvre présentée doit être publiée, pour la première fois, auprès d’une maison d’édition algérienne reconnue ; être éditée entre le 01 octobre 2018 et le 5 janvier 2020.

Le dossier de candidature doit comporter : une demande de participation manuscrite signée et scannée ; une fiche signalétique détaillée de l’auteur (nom, prénom, date et lieu de naissance- adresse mail, téléphone et adresse permanente + un CV), un descriptif d’une page de l’œuvre proposée à concours, et une photo du (de la) candidat(e). Plus d’infos sur : www.lagrandemaisondedib.com.