Le social et l’informel comme cheval de bataille à Annaba: La contestation de retour

Le social et l’informel comme cheval de bataille à Annaba: La contestation de retour

Incompréhensible retour des mouvements de contestation, notamment en cette période de précampagne électorale.

Après une longue accalmie, la contestation citoyenne reprend de plus belle à Annaba. Situation qualifiée à plus d’un égard, d’incompréhensible au vu des résultats réalisés dans plusieurs secteurs, dont l’habitat et le commerce informel entre autres. Deux maux qui ont longtemps terni l’image d’Annaba, de par une anarchie alimentant des intérêts mercantilistes.

La détermination des pouvoirs locaux quant à l’éradication des habitations précaires et illicites, ainsi que l’élimination du commerce informel a porté ses fruits en un temps record. Depuis sept mois, la wilaya d’Annaba a enregistré plus de huit opérations d’attributions de logements sociaux, touchant plusieurs communes: El Bouni, El Hadjar, Sidi Amar et le chef-lieu de la commune d’Annaba entre autres. Avec la mise en place de commissions chargées du filtrage des dossiers des demandeurs de logements, quelque 4000 unités ont été délivrées à leurs ayants droit, véritable record que vient d’établir Annaba. En témoigne le nouveau pôle urbain d’El Kalitoussa dans la daïra de Berrahal, où plus de 1 900 bénéficiaires ont banni la précarité des anciennes habitations. Mieux encore, la nouvelle ville de Draâ Erriche, dans la même daïra s’apprête à accueillir en mars prochain 6 000 demandeurs.

Outre cela, les autorités locales sont parvenues à éliminer le commerce informel dans cette wilaya, où l’enracinement remonte à des années durant. La création d’espaces de commerce à travers le territoire de la commune d’Annaba, Oued Fourcha, Souk Ellil et celui de l’Olympia, a permis à ses habitants de retrouver l’usage des trottoirs, mais surtout la régression de la criminalité. Ces acquis pour Annaba et ses habitants font aujourd’hui et depuis quelque temps un cheval de bataille pour des zones d’ombres électorales. A chaque échéance électorale, la déstabilisation est le fait marquant de la société, ce qui n’est un secret pour personne.

Sinon, comment expliquer le retour de contestation des demandeurs de logements, après toutes les assurances du wali, et encore celles des commerçants de la rue Ibn Khaldoun (Gambetta). Ces derniers, qui avaient plusieurs fois observé des mouvements de contestation pour dénoncer le commerce informel. Depuis 2010, les commerçants de la rue Ibn Khaldoun (ex-Gambetta) – la plus commerçante de la wilaya d’Annaba – ont observé plusieurs protestations contre le squat des trottoirs des rues et ruelles servant d’espace d’étalage à des vendeurs occasionnels ainsi que les problèmes d’encombrement, d’insécurité auxquels sont exposés les piétons et les consommateurs des produits «made in China». Ces mêmes commerçants qui avaient des années durant dénoncé la prolifération des pratiques commerciales illicites prévoyant leur faillite protestent aujourd’hui contre la fermeture de la rue Gambetta, pour ne pas dire son assainissement.

Pour cause, l’interdiction de l’accès des camions de livraison et le stationnement de leurs véhicules personnels. Sordide excuse, quand on sait que ces commerçants sont eux-mêmes la première source du commerce informel. «Jamais aucun camion de livraison n’a été empêché de faire son travail», nous dira un ancien commerçant. Avant d’ajouter: «Chacun d’entre eux se livre lui-même. Ils transportent leurs marchandises soit dans leurs propres camions, soit dans leurs voitures personnelles.» Il est à noter que cela fait neuf mois que plusieurs centaines de policiers ont pris possession des trottoirs de la rue commerçante, pour dissuader toute tentative de placer une quelconque marchandise, même celles des magasins eux-mêmes. Car ces derniers avaient l’habitude d’étaler leurs produits devant leurs magasins, squattant tous autant que les vendeurs informels les trottoirs.

Ces espaces sont abandonnés en fin de journée avec des tonnes de sachets et de cartons que ces commerçants sans scrupule aucun jettent sur les trottoirs. Ainsi, pour écouler eux-mêmes illicitement leurs produits, sous couvert de l’informel des jeunes qui travaillent pour le compte de ces commerçants, ces derniers sont prêts à s’allier avec le diable. Ce revers de leur part, n’est autre qu’une manipulation orchestrée par les zones d’ombre activant dans les coulisses électorales, à la faveur de quelques partis politiques. Selon certaines révélations faites par quelques commerçants, sous couvert de l’anonymat, il s’agirait d’un «takhlat électoral».

«J’ai reçu deux individus il y a une semaine, me demandant de protester contre la fermeture de la rue Gambetta». «Selon les deux hommes, il est illégal de fermer une rue commerçante comme Gambetta» devait dire notre interlocuteur. Des propos repris par un autre commerçant qui a précisé que ses visiteurs lui ont promis que «si leur parti remporte les élections, il oeuvrera à la libération du commerce, notamment en cette période de crise».

Un fait non étrange pour la wilaya d’Annaba où certains partis politiques sont connus pour leur manipulation. Situation expliquant ouvertement l’incompréhensible retour des mouvements de contestation à Annaba, notamment en cette période de précampagne électorale.