Le Sida continue à tuer en Algérie, car la maladie se fait dépister tardivement dans les Centres de dépistage, a déclaré jeudi à Alger, le chef de services des maladies infectieuses à l’hôpital El-Kettar d’Alger, le Professeur Abdelwahab Dif.
Le Sida qui ne tue presque plus dans les pays développés continue à causer des décès en Algérie, parce que le malade se présente aux centres de dépistage, une fois que son « immunité est au stade final » et que « les infections opportunistes se soient développées », a déploré le Pr Dif sur les ondes de Chaîne III de la radio nationale.
Rappelant que le nombre des séropositifs recensés jusqu’en décembre 2011 a été de 3280 à l’échelle nationale, le spécialiste, également président du Comité national de lutte contre le Sida, a estimé à environ 2000 cas de décès à cause du Sida, depuis la découverte de cette maladie en Algérie en 1985.
Pour le Pr Dif, c’est la partie « invisible » de la maladie qui pose le plus de soucis, étant donné que ce sont des milliers de « potentiels porteurs du virus du Sida », ne présentant « aucun signe extérieur » de la maladie qui ne savent pas qu’ils le sont et qui sont susceptibles de contaminer autrui.
Il a insisté particulièrement sur l’aspect de l’éducation et de l’information afin d’éviter que la maladie n’évolue rapidement, lorsque le malade est déjà atteint et sur celui de la prévention pour mettre les « personnes à risque » à l’abri du sida, dont la journée internationale de lutte est célébrée tous les 1er décembre.
Estimant que la prévention et la sensibilisation autour de cette maladie est « l’affaire » de plusieurs secteurs et non pas celui de la santé uniquement, le Pr Dif a expliqué que les départements de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la communication et de la justice sont particulièrement concernés par la question.
Il a également déploré que le Sida soit autant entouré de « tabous » dans notre société, ce qui représente à ses yeux un obstacle de taille pour réduire l’ampleur de la pathologie.
Le Sida est « une bataille de l’information et de l’éducation », a insisté le Professeur avant de proposer l’utilisation du préservatif par les jeunes en vue de les « protéger » des risques encourues par des relations sexuelles en dehors du mariage et / où des partenaires multiples.
Il a plaidé pour que le préservatif soit « subventionné » en vue de le mettre plus à la disposition des jeunes et des personnes pour qui le coût représente une charge financière importante, l’ »intérêt » étant, non pas « d’encourager » les relations sexuelles hors mariage, mais de réduire les risques de contamination et de propagation de la maladie.