Selon des sources judiciaires, le secrétaire général du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques (MPRH), Boudamous Fateh, a été inculpé pour abus d’autorité et placé sous contrôle judiciaire par le magistrat instructeur près le tribunal de Annaba.
Cette mesure qui touche également le directeur de la pêche, M. Allam, a été prise mardi en fin de journée à l’issue d’une confrontation entre toutes les parties concernées par l’affaire des thoniers turcs en infraction dans les eaux territoriales et arraisonnés au large de Annaba par les gardes-côtes, le 13 juin dernier (El Watan du 15 juin 2009).
Le juge a convoqué également deux autres cadres du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, l’armateur algérien de connivence avec les armateurs turcs convoqués eux aussi.
Les bateaux turcs, deux remorqueurs et un bateau ravitailleur, étaient censés venir prendre livraison d’une pêche faite par des thoniers algériens. En fait, les Turcs, venus avec du thon pêché illégalement, avec leurs comparses algériens simulent un échange en mer pour obtenir un document de traçabilité qui leur permet de débarquer leur marchandise en toute légalité. Or, il se trouve que nos thoniers ne sont pas en mesure de pêcher les quantités déclarées.
Cette prise des gardes-côtes cache en fait un immense trafic interlope qui dure depuis plusieurs années. En fait, depuis que l’Algérie dispose d’un quota national qu’elle ne peut pas pêcher par ses moyens nationaux.
Des milliers de tonnes de thon rouge ont été ainsi pillés au nom de l’Algérie alors qu’en réalité elles érigeaient des fortunes personnelles.
Dans cette affaire, les Turcs accusent les inculpés de leur avoir donné des autorisations et garanti leur protection, ce que réfutent bien entendu les concernés qui se renvoient la balle quant aux faveurs accordées à certaines sociétés-écran de pêche qui ont bénéficié d’une part dans le quota de thon national.
Toujours dans cette affaire, un point de vue de la défense a relevé un vide juridique pour qualifier les infractions et déplorer l’audition d’autres parties comme la marine marchande, les garde-côtes et les douanes. A la demande des Turcs et de leur ambassadeur qui a pris la peine de venir s’informer à la source sur les tenants et les aboutissants de cette affaire, une caution de 67 milliards de centimes a été fixée pour récupérer les bateaux, mais ils ne pourront être libérés qu’après la qualification de l’infraction : contrebande ou infraction à la réglementation des pêches. Le ministère de la Pêche, pour sa part, du moins avant l’affaire de Annaba, a toujours expliqué, lorsque la question lui était posée, par la mise sur le marché national d’une partie du quota national alloué par l’ICCAT. Mais qui a vu un seul kilo de thon frais chez nos poissonniers ? Même le thon en conserve est importé !