Le Sénégal invité d’honneur d’un Salon dédié aux nouveaux talents : Sila 2019, jeunes plumes et escale à Dakar

Le Sénégal invité d’honneur d’un Salon dédié aux nouveaux talents : Sila 2019, jeunes plumes et escale à Dakar

Evénement littéraire très attendu, programmé du 31 octobre au 9 novembre prochain à la Safex, la 24e édition du Salon international du livre d’Alger (Sila), portant cette année au rang d’invité d’honneur la litterature et la culture sénégalaises, a été présentée, hier matin, par son nouveau commissaire, Mohamed Iguerb.

Le responsable, au-delà des «traditionnels» chiffres sur la participation ou sur les livres «écartés», insiste longuement sur les dimensions qui constitueront le cœur du rendez-vous, avec en tête « la jeunesse », les nouvelles générations d’écrivains auxquels il compte consacrer l’essentiel du programme. Mais également la dimension africaine de l’Algérie ainsi que la place du « continent noir » dans l’histoire du monde. D

ans des moments, précise-t-on, « où l’Algérie se repense », où « le savoir et la pensée, de même que les lettres (…) contribuent de manière profonde et utile à enrichir les débats et les démarches ». La 24e édition du Salon du livre d’Alger verra la participation de 34 pays, avec un total de 1 030 éditeurs et exposants dont «298 nationaux et 323 issus des pays arabes », dira le commissaire. Il ajoutera que ce sera ainsi près de 183 000 titres qui seront proposés aux lecteurs. Il souligne également que le comité de lecture a écarté cette année 56 titres «essentiellement à caractère religieux» et « contrevenant aux règlements du Salon », précise-t-il. Quant au programme, accordant cette année une attention particulière aux « jeunes », qu’ils soient auteurs ou visiteurs, étant donné, explique-t-on, que « 80% des personnes viennent en famille », l’intégralité du pavillon Ahaggar sera ainsi consacré au livre et à la littérature de jeunesse.

90% du programme littéraire dédié à la jeunesse

Mohamed Iguerb précise ainsi, à propos de cette dimension de l’édition 2019, que «l’une de nos priorités cette année est de promouvoir les jeunes plumes et la majeure partie du programme culturel, qui est généralement vue comme élitiste, sera cette année plus ouverte au jeune public, avec des rencontres animées par de jeunes auteurs et des thématiques qui s’adressent à la jeunesse (…) J’estime qu’ils méritent encore plus, 90% du programme dédié à la littérature donnera cette place centrale à la jeunesse ».

Détaillant par ailleurs une partie du programme qui sera proposé au public, un programme « pas encore finalisé », et auquel il conviendra d’ajouter les initiatives des éditeurs, notamment l’Enag, l’Anep ou encore le HCA… Plusieurs rendez-vous ont néanmoins été annoncés, hier, avec entre autres, lors de la journée d’ouverture, une « Escale littéraire à Dakar » mettant en scène Hamidou Sall, Khallil Diallo, Rahmatou Seek Samb et Abdoulaye Racine Senghor. Des auteurs et intellectuels qui partageront avec les visiteurs un aperçu de la richesse culturelle sénégalaise. Une rencontre entre éditeurs algériens et sénégalais est également prévue à la fin du Salon. La même journée verra également la venue à Alger de l’écrivain Jordano-Palestinien Ibrahim Nasrallah, notamment lauréat en 2018 du « Arab Booker Prize ».

La commémoration du 1er Novembre devant, quant à elle, être naturellement consacrée à l’Histoire avec entre autres une très attendue rencontre dédiée aux soldats algériens mobilisés durant la Première Guerre mondiale avec, notamment la participation du politologue et spécialiste de l’histoire de la colonisation, Olivier Le Cours Grandmaison.

Au menu des animations culturelles de l’édition 2019 du Sila, citons également une rencontre dédiée au parcours et à l’engagement contre le colonialisme d’Elaine Mokhtefi, ou encore des conférences abordant les passerelles entre la littérature et le théâtre, la situation de la bande dessinée…

Cette programmation, apparaissant déjà comme étant relativement riche, les organisateurs précisent néanmoins qu’elle a été mise en place « malgré la persistance des contraintes budgétaires », l’enveloppe globale de cette édition du Sila ne dépassant pas les « 55 millions de dinars » alors qu’il s’élevait à 60 millions de dinars en 2018.

Promouvoir les ventes

Le Salon du livre d’Alger, qui reste « le rendez-vous incontournable » pour tout professionnel du livre, à tel point qu’il est devenu synonyme, ces dernières années, de « rentrée littéraire algérienne ». L’enjeu est ainsi de promouvoir les ventes du livre à travers une série de mesures visant à « réduire les prix » au bénéfice du grand public.

Le commissaire nous explique à ce titre que « L’Etat a exempté le Salon de toutes les taxes», l’objectif étant de faire en sorte que les prix des livres restent accessibles au plus grand nombre. Ceci d’autant plus qu’il est demandé aux éditeurs de consentir des remises durant les derniers jours du Salon. «Ces deux points concourent à ce que les Algériens puissent acquérir davantage d’ouvrages, dont des nouveautés. Il est d’ailleurs imposé aux exposants de proposer un quota de nouveaux titres », espère ainsi le responsable du Sila 2019.

Cependant, il restera cette année encore difficile, voire même impossible, de chiffrer l’état réel de ses ventes, Mohamed Iguerb nous précisant que «les éditeurs algériens ne sont pas tenus de donner leurs chiffres d’affaires. Néanmoins, les ventes des exposants étrangers sont mesurables dès lors qu’un contingent financier est arrêté (…) Mais ce qui est sûr, c’est que l’intérêt commercial et le fort intérêt du public algérien pour les livres sont des facteurs principaux qui

expliquent l’attrait des exposants au Sila. Il reste le moment incontournable pour les éditeurs ».

Nadir Kadi