Le secrétaire général solde ses comptes avec ses composants «Le FLN est au coeur d’un complot»

Le secrétaire général solde ses comptes avec ses composants «Le FLN est au coeur d’un complot»

D’abord, l’orateur soulignera que «le FLN n’est guère surpris par ces réformes, puisqu’il en est le précurseur».

Belkhadem s’est lancé dans un exercice périlleux, celui d’utiliser le 1er Novembre à des fins politiques.



Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, n’a pas ménagé, hier, ses opposants et détracteurs dans un discours prononcé à la Coupole du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, Alger.

Il a soldé ses comptes avec les redresseurs, ceux qui appellent à remiser le FLN au musée de l’histoire et ceux qui accusent le parti de vouloir saper les réformes politiques. Venu célébrer le 57e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération, M. Belkhadem s’est, en fin de compte, lancé dans un exercice périlleux, celui d’utiliser le 1er Novembre pour dénigrer ses détracteurs. Il commencera par répondre à ceux qui soupçonnent et accusent le FLN de saborder les réformes politiques, tentant même de s’attribuer la paternité des mêmes réformes.

D’abord, l’orateur soulignera que «le FLN n’est guère surpris par ces réformes, puisqu’il en est le précurseur». Il cite le vieil appel de son parti à la révision de la Constitution ainsi qu’à l’implication des femmes dans les Assemblées élues.

Quid donc de la suppression des articles 67 et 93 de la loi électorale. Quid de la révision à la baisse du quota des femmes dans les Assemblées élues. En tout état de cause, M. Belkhadem a indiqué que son parti soutient sans conditions les réformes engagées par le chef de l’Etat. L’orateur décoche ensuite une flèche dans le dos des redresseurs. Pour lui, les animateurs du mouvement de redressement cherchent seulement à se positionner à l’intérieur du parti. M. Belkhadem minimise la portée de leurs actions, affirmant que ces conflits ne sont pas à même de constituer une crise au sein du parti ou de nature à toucher à ses fondements.

Tentant l’accalmie, l’ex-président de l’APN a indiqué que le FLN ne fermera ses portes à aucun militant «pourvu que le militantisme se fasse loin de la rue et des salons».

Mais son appel désespéré a-t-il la chance de trouver une oreille attentive maintenant que le feu a pris? Ainsi, le soupçon des redresseurs selon lequel la direction du FLN a convoqué cette conférence dans la perspective d’instrumentaliser le 1er Novembre pour leur répondre, s’est confirmé. Plus offensif, le représentant personnel du Chef de l’Etat, s’en est pris violemment à ceux qui veulent remiser le FLN dans le musé de l’histoire. Il les accuse de vouloir affaiblir son parti à l’occasion des prochaines échéances électorales. Mieux, M. Belkhadem se demande si ces derniers ne cherchent-ils pas à prendre la place du FLN une fois celui-ci au musée?

M. Belkhadem ne s’est pas encombré de formules pour défendre sa formation, devenue indéfendable. Pour lui, le FLN est dans l’oeil du cyclone et au coeur d’un complot. «Pourquoi cette demande ne concerne pas un autre parti?», s’est-il interrogé, soulignant que tout ce qui s’applique aux autres partis s’applique aussi à son parti. Dit-il vrai? Puis l’orateur se lance dans l’explication. Il estime que cette tentative d’isoler l’ex-parti unique de la scène politique rappelle celle de 1988 au lendemain des événements du 5 Octobre.

A l’époque, analyse Belkhadem, les démocrates ont échoué dans leur mission. Il soupçonne que le même objectif est confié aujourd’hui au courant nationaliste. Imprécis. Mais l’orateur ignore-t-il ou feint-il d’ignorer que la demande concerne le sigle FLN et non les personnes qui le dirigent?

Aussi agaçant que cela puisse paraître, le secrétaire général du FLN a indiqué que la campagne menée contre le FLN répond au même plan fomenté par le passé contre l’Algérie. L’Algérie se réduit-elle à un appareil politique ou M. Belkhadem veut-il accuser ceux qui s’opposent à son parti de s’opposer également à l’Algérie? Belkhadem le laisse entendre en martelant que «le FLN est le pilier de la scène politique nationale». «Pourquoi cette peur du FLN, obstrue-t-il la démocratie?», s’interroge-t-il encore.

Par ailleurs, le SG du FLN a réitéré, dans son discours, son appel à la repentance de la France pour ses crimes en Algérie durant la période coloniale.

Cela côté discours. Du côté de l’organisation, des questions se posent. Vers10h30, la Coupole du

5-Juillet était pleine à craquer. Des centaines de citoyens étaient restés à l’extérieur de la salle, faute de place. Des centaines de bus, ayant transporté des citoyens de toutes les wilayas du pays, étaient stationnés dans les parkings du complexe. Plus de 12.000 citoyens se sont déplacés, selon les estimations des présents. Pour drainer cette foule, les organisateurs ont misé fort. D’abord, ils ont choisi un week-end. Ça donne à comprendre pourquoi c’est le 29 octobre que le FLN a choisi pour célébrer le…1er Novembre. Les organisations de la société civile notamment estudiantine, ou les organisations croupions, ont été mises à contribution.

Une bonne partie des présents est composée, selon les observateurs, de curieux profitant de l’occasion pour découvrir cette salle qu’ils n’ont l’habitude de voir que sur les écrans de l’Entv. Des moyens considérables ont été, en outre, mobilisés pour réussir la conférence. Mais, en fin de compte, l’échec est cuisant. Paradoxalement, à l’intérieur de la salle, aucun portrait de Belkhadem n’est brandi par les citoyens présents. Que des portraits du chef de l’Etat. Pire, à peine le discours de Belkhadem entamé que la salle commençait à se vider. Il ne restait que quelques centaines de citoyens à la fin du discours. Selon une source, les citoyens qui se sont déplacés ont été très déçus. La cause? On leur a fait croire, selon toujours la même source, que c’est le chef de l’Etat qui présidera la cérémonie. Preuve en est, ce sont les portraits de Bouteflika qui sont brandis. Les redresseurs du FLN ont prédit ce scénario selon lequel les vrais militants ne seront pas présents car ils en ont ras-le-bol de la direction actuelle. Le FLN a-t-il encore une raison d’exister?