La pêche aux voix devient une mission qui relève (presque) de l’impossible
Les partis politiques n’ont, en tout et pour tout, que neuf jours pour prêcher leurs idées avant la fin de la récréation.
J-12 du rendez-vous du 10 mai. La campagne entame sa dernière ligne droite. Un tournant décisif pour les partis en compétition. Ces derniers n’ont, en tout et pour tout, que neuf jours (la fin de la campagne est prévue le 6 mai) pour prêcher leurs idées avant la fin de la récréation. Ce temps suffira-t-il pour convaincre? Les observateurs de la scène politique sont pour le moins sceptiques. S’appuyant sur le bilan chétif de deux semaines de campagne, ils estiment que la pêche aux voix devient une mission qui relève (presque) de l’impossible. Les observateurs politiques sont unanimes à estimer que le peuple est fâché avec la politique. Le constat s’impose de lui-même. Depuis le début de la campagne, les signes de ce désintérêt se sont multipliés. Panneaux saccagés, affiches déchirées, candidats chahutés, salles clairsemées, sont autant d’éléments qui renseignent sur la température ambiante qui marque l’opinion publique. Pourtant, la scène politique ne manque pas d’animation. Des dizaines de meetings sont tenus quotidiennement à travers les quatre coins du pays. Des leaders politiques se sont même impliqués sur le terrain pour donner du poids à la campagne et lutter contre l’abstention. Rien ne leur a échappé. Ils ont misé sur tout. Mettant l’accent sur l’importance du vote, les partis considèrent le 10 mai comme un événement décisif, historique, «révolutionnaire» qui consacre, selon d’aucuns, le changement et pour d’autres la continuité. Bien avant la campagne, les partis ont redoublé leurs appels à un vote massif qui (re)mettrait le pays sur les rails. Ce n’est pas tout. Les partis font des promesses leur fonds de commerce. Logement, emploi, développement, amélioration du système éducatif et de santé, les engagements tombent en cascade. Or, malgré ce forcing, les citoyens sont loin d’être branchés. Bien au contraire, ces derniers restent insensibles à ce discours racoleur. «Ce sont des mensonges», «ils ne cherchent que leurs intérêts», «le peuple n’a rien à gratter de ce vote», «la politique n’est pas pour nous», commentent les uns et les autres devant les panneaux des affiches.
Des commentaires qui donnent un avant-goût du taux de participation au scrutin du 10 mai. Les partis en compétition redoutent vivement le spectre de l’abstention. Le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, a estimé jeudi que le taux de participation ne dépassera pas les 19%. Alors qu’il est pleinement impliqué dans la campagne anti-abstention, le patron du FNA semble perdre l’espoir quant à un improbable redressement d’ici le jour du vote. Le parti Ahd 54 craint également un faible taux de participation. Le spectre de l’urne vide hante aussi sérieusement le gouvernement. Une semaine après le début de la campagne, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales a fait part de ses appréhensions. «La vraie menace, c’est l’abstention», avait-il affirmé lors de son passage samedi dernier à la Chaîne I de la Radio nationale. Alors que son département avait multiplié des recettes anti-abstention bien avant l’heure, le ministre se retrouve impuissant devant ce phénomène. «On ne peut pas obliger les gens à aller voter. Le gouvernement a fourni toutes les garanties pour la transparence des élections législatives, allant jusqu’à prévoir pour la première fois des sanctions sévères contre les agents qui enfreindraient les règles», a-t-il affirmé. Devant cette campagne morose et la faible mobilisation des citoyens, le gouvernement est sur le qui-vive. Le chef de l’Etat a déployé toute son équipe pour sensibiliser davantage les citoyens sur l’importance du vote. «Toutes les réunions du gouvernement ont été suspendues jusqu’à la fin du scrutin», indique une source proche de l’Exécutif.
Les ministres qui ne sont pas candidats vont venir à la rescousse des partis pour tenter de sauvegarder le score du 10 mai. En tout cas, pour les partis cette dernière semaine s’annonce difficile. Ces derniers n’ont pour seul choix que de faire dans la démonstration de force pour tenter de pêcher les voix des indécis.