Le salarié paie plus d’impôts que le boucher

Le salarié paie plus d’impôts que le boucher
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Impôt en Algérie | Si depuis hier, le calme, qui reste toutefois précaire, semble prendre le dessus, la spéculation ou l’économie de «bazar» a de beaux jours devant elle. Les pertes causées par l’informel sont beaucoup plus importantes comparativement aux dégâts résultant d’une émeute de 5 jours. Tout le monde s’accorde à dire, y compris la Centrale syndicale à travers son récent communiqué, que «le plus grand danger est la spéculation et la situation de monopole».

Alors qu’on a occulté la véritable lame de fond à l’origine des émeutes sanglantes des 5 derniers jours, force est de constater que la stabilité sociale est menacée par une excroissance commerciale qui ne cesse de s’épanouir en Algérie. Il s’agit de l’activité non déclarée ou informelle, «occasionnant des ravages énormes à l’économie nationale», selon plusieurs experts.

«Les opérateurs de l’informel ne déclarent ni leurs activités ni encore moins leurs salariés, qui restent donc sans couverture sociale», selon le chargé de l’administration et des finances à l’Ugta, Salah Djenouhat. Cela d’une part, de l’autre, ajoute-t-il, «ils affaiblissent la capacité financière des caisses d’assurance sociale en les mettant en danger». Dès lors, le réseau de solidarité nationale constitué par ces caisses, estime-t-il encore «se trouve mis en danger et en situation délicate».

«Ces derniers saignent et bloquent l’économie nationale». Aucune mesure concrète n’a été prise par les pouvoirs publics pour venir à bout de ce phénomène même si selon Djenouhat, «le travail au noir est dénoncé par l’Ugta dans les différentes tripartites». Ceci dit, le nombre des opérateurs activant au noir va crescendo. En citant une étude réalisée par un expert, l’invité de la radio, indique qu’«on parle actuellement d’environ un million d’opérateurs qui ne déclarent pas leurs activités et leurs salariés».

Selon d’autres sources, leur nombre dépasse «les 1,2, voire 1,5 million».

Ainsi, le préjudice qui se chiffre à des centaines de milliards de dinars, prévient-il «porte atteinte aux différentes caisses sociales comme la Cnas et la Caisse nationale des retraites (CNR)» lesquelles, selon ce syndicaliste «constituent un élément très important dans la solidarité nationale en finançant les hôpitaux en particulier et le système de santé en général». «Il faudrait que l’Etat prenne des mesures fortes pour juguler le travail au noir, tels l’allègement des contraintes administratives et la réduction fiscale et d’autres charges en faveur des entreprises économiques». Il est clair qu’il ne s’agit pas de solutionner une affaire de sucre et d’huile mais de l’économie nationale qu’il faut développer et relancer.

L‘Etat doit aussi, «renforcer le contrôle, réguler le marché, et obliger les opérateurs à déclarer leurs salariés», a-t-il souligné. Pis encore, le salarié est ruiné par l’IRG et laminé par un pouvoir d’achat en dégradation perpétuelle. «Il est anormal, dans un pays comme l’Algérie, qu’un travailleur paie des impôts plus élevés que ceux d’un boulanger ou un boucher», a-t-il estimé.

Paradoxalement, souligne-t-il, «le salarié paie un montant élevé à travers l’impôt sur le revenu global, l’ IRG qui est très important». Ce point relatif à l’IRG, qui devait figurer en priorité sur la liste des actions du gouvernement, «n’est pas encore à l’ordre du jour des discussions», selon Djenouhat. Les dernières augmentations de salaire profitent aux hauts cadres administratifs dont le salaire est indexé sur le Snmg et non aux simples salariés. Dans ce contexte, Salah Djenouhat, a annoncé au micro de la radio «le cap de 70% dans la finalisation des statuts particuliers».

«Ce sont surtout les régimes indemnitaires qui demeurent en discussions, quelques statuts qui ont accusé du retard tels que ceux de la santé et des médias, sont en en voie de finalisation. Le retard est dû à un problème de cohésion et de calcul concernant, notamment les régimes indemnitaires», a-t-il indiqué. Et d’ajouter: «Il y a entre 47 et 48 statuts finalisés».

Dans une étude établie par l’Ugta sur le budget des ménages, le Snmg a été déterminé à hauteur de 25.000 DA, il y a trois ans. «Une autre étude récente sur le budget de survie d’une famille de 5 personnes, tourne autour de 29.500 DA, voire au-dessus de 30.000 DA», a été remise aux pouvoirs publics. Par ailleurs, «la tripartite sera tenue probablement au cours de ce premier trimestre», selon Djenouhat.