Le français Total et l’algérien Sonatrach sont sur le pont de plusieurs projets au Sahel. Les deux groupes pétrol iers se jouent des coudes pour avoir le plus de projets, au Mal i et au Niger, apprend-on auprès d’un ancien cadre de Sonatrach.En fait, les découvertes récentes de richesses minières, dans le bassin de Taoudéni, large de 1,5 million de kilomètres carrés, partagé entre le Mali, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger, provoquent un vif intérêt pour cette région, naguère sans importance.
En effet, les dernières informations rapportées par des médias, et attribuées à Jean François Arrighi de Casanova, directeur Afrique du Nord de Total, font état d’immenses découvertes gazières freinant la progression du puits vers la zone pétrolière, en Mauritanie.
Ceci a poussé quelques responsables de Total et leurs partenaires chinois à céder à l’euphorie en parlant d’«importantes découvertes et d’un nouvel Eldorado», malgré la consigne de prudence.
LA STRATÉGIE DE SONATRACH RESTE «FLOUE» PUISQUE LE MASTODONTE NATIONAL S’EFFORCE DE RETARDER SES FORAGES, ALORS QUE TOTAL A DÉJÀ PROCÉDÉ AUX SIENS DANS LE BASSIN DE TAOUDÉNI
Désormais, le groupe français Total a mis les bouchées doubles et a déjà entamé la deuxième phase de forage, alors que Sonatrach a sollicité a contrario les ministères des Mines malien et nigérien de proroger respectivement les premières phases des contrats d’exploration! En extrapolant, la stratégie de Sonatrach reste «floue» puisque le mastodonte national s’efforce de retarder ses forages, alors que Total a déjà procédé aux siens dans le bassin de Taoudéni.
D’après notre interlocuteur, les responsables de Sonatrach attendent les résultats des forages de Total pour avoir une idée claire sur le potentiel des bassins. «Bien qu’elle n’ait aucun problème financier, elle tente de gagner du temps dans l’attente des résultats du côté mauritanien du bassin de Taoudeni où elle a des participations sur les TA7 et TA8 aux côtés de Total et Qatar Petroleum», note-t-il.
A travers sa filiale internationale Sipex, Sonatrach a obtenu récemment l’approbation du ministère des Mines nigérien pour rentrer dans la deuxième période de son contrat d’exploration, à savoir procéder à des forages expérimentaux.
Pour rappel, la Sipex est présente au Niger depuis 2005, plus précisément au périmètre de Kafra, situé à la frontière algéronigérienne. Sipex a également obtenu fin 2009 une prolongation d’un an de la première période d’exploration, arguant d’une situation politique difficile dans le pays. Aussi, Sonatrach va devoir forer seulement deux puits durant les quatre prochaines années, ajoute la même source.
De son côté, Total a lancé récemment un deuxième forage après les résultats encourageants du premier puits creusé durant l’exercice 2009/2010. Au Mali, la situation de Sonatrach est presque la même. Sipex qui y est présente depuis 2007 et opère dans le bloc 20 a acquis aussi une prolongation de deux ans, émanant du ministère malien des Mines, pour la première phase d’exploration qui prendra fin en 2013.
D’après notre source, ce report va permettre à la société algérienne de prendre son temps pour le forage. «Dans le droit minier malien, la première période d’exploration, durant laquelle l’opérateur doit effectuer un forage, est de quatre ans», a-t-on également appris.
Or, Sonatrach, à travers sa filiale Sipex ne voulait pas forer cette année et il sera difficile de justifier ce report par une instabilité politique. D’après notre observateur, il était également «périlleux» pour Bamako de refuser la demande de prorogation de Sonatrach.
On apprendra aussi que le consortium entre Sipex et l’italien ENI n’opère plus que dans le bloc 4 au sud du bloc 20, après avoir rendu à l’Etat malien les blocs 1-2-9 et avoir fusionné les blocs 2 et 4. Les deux sociétés négocient aussi actuellement pour repousser leur obligation de forage. In fine, il ne faut pas oublier les problèmes géopolitiques et sécuritaires de la région qui sont utilisés à mauvais ou à bon escient pour appuyer les influences des forces présentes dans la région.
Benachour Med