Le rythme de vie va changer 30 jours durant, Les Algériens en mode Ramadhan

Le rythme de vie va changer 30 jours durant, Les Algériens en mode Ramadhan

C’est parti pour les trente jours les plus particuliers de l’année. Une période durant laquelle le rythme de vie est chamboulé. Les horaires de travail sont modifiés, la vie nocturne s’anime et les habitudes culinaires sont particulières.

Le premier jour du Ramadhan donne le la de ce que seront les quatre prochaines semaines. Progressivement, le rythme de vie et les habitudes vont radicalement changer.

La Fonction publique a déjà rendu publics les horaires qui seront applicables dès aujourd’hui. Les fonctionnaires commenceront le travail à 9 heures au lieu de 8 heures et quitter ont leurs lieux de travail à 16 heures. Il s’agit là des horaires officiels parce que la réalité est tout autre : les fonctionnaires ont pris l’habitude de prendre tout leur temps pour arriver au travail et mettent un point d’honneur à le quitter bien avant l’horaire fixé.

Chacun y va de son argument : le matin, c’est la faute aux transports en commun ou aux embouteillages et en fin de journée, l’appel des courses devient irrésistible. Les marchés deviennent en effet pendant ce mois une grande attraction. Dès les premières heures, ils sont pris d’assaut par des jeûneurs qui ont toujours quelque chose à acheter.

LG Algérie

C’est à ce rythme que vivront beaucoup d’Algériens pour qui Ramadhan rime avec chamboulement des habitudes alimentaires. La tradition veut que les plats traditionnels soient mis à l’honneur, ce qui oblige les ménages à faire un effort supplémentaire. Les bourses sont en effet mises à rude épreuve d’autant que les commerçants ont pris la mauvaise habitude de faire de ce mois celui de la saignée en augmentant de manière ostentatoire mais surtout injustifiée les prix des produits les plus prisés.

Les longues journées sont ainsi meublées par les courses mais également par les longues plages de repos en fin de journée puisque les soirées sont tout aussi longues. Elles sont surtout exceptionnellement animées. Si les villes algériennes sont quasiment mortes toute l’année, elles s’animent le temps d’un mois. Pas habitués à la vie nocturne, les Algériens se réconcilient momentanément avec et occupent les rues et les grands espaces.

A peine quelques heures après le f’tour, les rues connaissent un déferlement humain exceptionnel. Les routes fluides en journée deviennent très encombrées le soir. Entre les amateurs d’événements culturels, les amoureux du shopping et ceux qui veulent profiter de la mer en soirée, les rues sont bondées. Un rythme qui sera ainsi soutenu un mois durant avant que la vie nocturne ne redevienne quasi inexistante une fois le Ramadhan terminé.

N. I.

TRENTE JOURS QUI COÛTENT

Le Ramadhan commence aujourd’hui. Trente jours durant lesquels, la bourse des Algériens sera fortement sollicitée, parfois abusivement, souvent inutilement, où l’activité économique fonctionnera davantage au ralenti…

C’est un mois grevant, accablant pour le budget de la famille algérienne qui commence dès aujourd’hui. Ce mois de Ramadhan de l’année 2014 ou 1435 selon le calendrier de l’Hégire ne diffèrera pas de celui de l’année écoulée pour les ménages.

Une saignée pour la bourse

Chaque jour, la ménagère ou le chef de famille devra se rendre au marché pour remplir son couffin de légumes, fruits, viandes et autres sucreries.

Certes, des produits disponibles, de bonne qualité, qu’ils soient d’origine locale ou importée. Mais des produits dont le coût ne sera pas en général accessible, la hausse des prix relevant de la normalité. Ainsi, la ménagère devra dépenser au moins 1 000 dinars, voire le double ou le triple pour préparer le f’tour quotidien pour un certain nombre de convives. Un repas qui, sans être le festin de Babette, nécessite, selon les goûts, les traditions et le niveau de revenus, l’achat de légumes, de viandes blanches et rouges, d’ingrédients et épices diverses.

Ceci outre l’achat de pains, de composition diverse, de fruits et de limonades et jus, sans omettre les incontournables cherbettes, zlabiyas, les pâtisseries orientales, les gâteaux et les confiseries. Trente jours durant lesquels la consommation immodérée, abusive mais que la frime, la mentalité ambiante imposent cependant, la sqatta et le gaspillage seront souvent au rendez-vous. Un mois de dépenses culinaires élevées, un coût de 30 à 40 000 dinars pour une famille de six personnes et leurs hôtes étant généralement avancé. Soit des centaines de milliards de dinars pour les six millions de ménages.

La tension sera forte !

Des dépenses auxquelles s’ajoutent d’autres frais et obligations. Eté oblige, les Algériens qui ne supportent pas la chaleur et sont soucieux de leur confort et de leur quiétude et craignant l’ennui consommeront énormément d’électricité.

Des climatiseurs mis en marche tout au long de la journée, au mépris des principes de l’économie d’énergie, et de la santé, des téléviseurs allumés idem, Coupe du monde de football oblige, des micro-ordinateurs toujours en tension et connectés, des maisons dont la plupart des chambres sont continuellement éclairées… De fait, la consommation du kWh s’amplifiera durant ce mois, la tarification actuelle de l’énergie n’encourageant pas la modération. Une dépense dont le coût représente peut-être l’équivalent d’une facture trimestrielle pour un seul ménage.

Et les frais de transport

Autres frais, les transports. Audelà de leur disponibilité, et même si celle-ci s’améliore dans les grandes villes avec le lancement progressif des métropolitains et des tramways, les transports sont également contraignants.

Outre les dépenses en carburant pour les automobilistes, les Algériens devront prévoir un budget spécial pour leurs déplacements nocturnes, qu’il s’agisse d’aller assister à des spectacles ou des concerts, se promener ou pour se rendre chez leurs proches. A ces frais de transport, assez élevés même si des réductions sont parfois consenties, s’ajoutent ceux liés à ces activités culturelles et autres.

Penser à l’Aïd El-Fitr

Fortement sollicitée durant ces trente jours, réputés ceux de la piété et de la patience, la bourse des Algériens devra saigner pour d’autres dépenses tout aussi incontournables. Les citoyens devront en effet penser à la fête de l’Aïd-El-Fitr et à son rituel, la préparation des gâteaux et la réception des proches et des non proches.

Mais aussi les parents devront penser à l’achat de nouveaux vêtements pour les enfants, soit l’équivalent d’un salaire pour une fratrie de deux à trois enfants. Certes, plusieurs parents ont déjà acheté du neuf pour leur progéniture. Cependant, la plupart des ménages attendront la dernière semaine de Ramadhan pour s’y décider. Ceci sans prendre en compte les dépenses durant le mois d’août, période de vacances pour certains et de préparation de la rentrée scolaire.

Ah, l’économie de Ramadhan !

Ainsi, l’économie du ménage algérien sera soumise à rude épreuve durant ce mois particulier. Mais c’est l’économie nationale qui fonctionne déjà au ralenti et qui le sera davantage durant cette période.

Certaines administrations sembleront désertes, des chantiers tourneront au ralenti, des agents, des fonctionnaires mais aussi des commerçants auront tendance à hiberner, à afficher de l’agressivité, à mal communiquer. Assez faible depuis des années, la productivité nationale baissera davantage, même s’il sera assez difficile de l’évaluer, en l’absence d’outils fiables et nonobstant les enquêtes de l’Office national des statistiques (ONS) et autres centres de recherches et d’études socioéconomiques. Ce sont, en fait, 30 jours de déperditions, de retards, de pertes économiques qui s’annoncent.

C. B.